Je suis née le premier jour de la "première guerre ",
Mon berceau était secoué sur un vélo de fortune.
Les gens fuyaient, quittaient dans un tonnerre,
Sous des cieux rouges leur terre avec amertume ;
Des enfants couraient ébahis et sales
Derrière des matelas, des meubles de famille,
Embarqués sur des charrettes, en guenilles,
Pleurant et criant " non " à l'horreur qui s'installe.
Je suis née ce jour là pensant que c'est une " fête "
Aux couleurs arc-en-ciel et pétards qui fusent,
Je pensais déjà dans ma petite tête
Qu'ici courir, pleurer, abandonner seraient mes muses ;
Ce fut ainsi pendant quelques années,
Je grandissais les yeux éberlués,
Et puis, sortie de ce cauchemar,
J'ai rêvé à des cours d'école, des poupées, des jeux de hasard,
Une vraie robe, un morceau de vrai pain,
Un savon pour laver les mains,
N'ayant surtout pas l'idée, la moindre venue m'effleurer
Qu'en coulisses la scène s'apprêtait à être rejouée.
Une maman parmi tant d'autres. Celle-ci née le 11 janvier 1914.
Commentaires
Beaux souvenirs racontés.
Amicalement
Josette
Ce texte est magnifique de simplicité et riche en émotions... Je n'ai pas eu le temps de l'écrire alors je le fais maintenant.
Toujours un plaisir de vous lire, cher Gilbert, moi je suis toujours là.
Quelques bribes de souvenirs glanés dans les jupes d'une maman bien solide !
Merci, chère Liliane, pour votre belle sensibilité;
Amitiés,gilbert.