En Belgique, lancement de la troisième édition de l’opération Jeunes critiques. Ouvert aux jeunes de quatorze à vingt-deux ans, ce concours d’écriture de critiques dramatiques leur permet de se familiariser avec le monde du théâtre tout en partageant leurs réactions et leurs émotions face aux spectacles qu’ils découvrent. Encadrés par des animateurs et des critiques professionnels, les participants progressent dans leur argumentation et affinent leur perception des œuvres théâtrales contemporaines.
Jeunes critiques est organisé par Promotion Théâtre, en partenariat avec la revue Indications et la Province du Brabant wallon. Tous les participants reçoivent des prix qui leur permettent de prolonger leur rencontre avec le théâtre.
J'estime cette initiative extrêmement précieuse, un réelle avancée par rapport à l'offre culturelle que je recevais au temps -tès lointain- de ma jeunesse en école. Vos avis sont les bienvenus.
Concours Jeunes Critiques
Réponses
Par sensibilité propre et pudeur sûrement, je ne m'immisce que très rarement dans les forums de discussions, mais je tiens, Cher Robert Paul à vous répondre :
Mon débat sur votre question serait stérile et finirait par aboutir à un autre question d'éthique: à quand une vraie réforme en matière de pédagogie ?
Très cordialement
Hamlet splendidement interprété devant un public varié par Philippe Avron qui vient de nous quitter. la représentation a été très perturbée par un groupe de lycéens , peut-être forcés à y assister, je ne sais .
Philippe Avron a interrompu la pièce pour leur expliquer le travail des comédiens , mais ça n'a pas suffi. il a fallu que quelques spectateurs (dont votre servante) usent de leur autorité pour les persuader de sortir.
Il me semble qu'initiés plus tôt à ce qu'est le théâtre, ces jeunes auraient sans doute mieux apprécié et surtout respecté.le spectacle et les spectateurs.
Et puis apprendre à critiquer intelligemment est certes éminemment utile, et il faut saluer cette initiative, mais à côté et non en opposition rapprocher autant qu'on peut les jeunes de la création . J'aime l'expérience que raconte Carl du Toit et qui me rappelle des souvenirs d'expériences analogues .Ne pas croire que parce qu'un jeune éprouve des difficultés à lire ou écrire par exemple, c'est un "irrécupérable".Mais ne pas "angéliser" non plus.
Je ne crois pas non plus que le jeunes nous dépassent. Ils savent des choses que nous ne savons pas et réciproquement, aucune génération n'a le savoir universel et ce qui nous est légué par le passé risque de redevenir bigrement important. .Par exemple j'ai appris à me servir d'un traitement de texte avec des élèves en grande difficulté, ils m'aiguillaient en informatique, et moi j'étais là pour l'expression, la grammaire, le vocabulaire, aider à trouver le mot juste. c'était un partage sans démagogie.Et comme je suis une mauvaise élève et que je tape trop vite, je fais plus de fautes que certains d'eux !
On ne s'exerce jamais assez et jamais assez tôt ... formation de 0 à 99ans et plus : je suis pour!!!! Et ce dans tous les domaines possibles .
Très belle occasion de palier au laxisme ambiant , au travail bâclé, aux" à peu près."... et à toutes les médiocrités ..
Il y a un début à tout , certes , autant qu'il soit offert de la meilleure qualité possible .
S’infiltrer dans une pièce théâtrale par un esprit critique est une expérience marquante dans la vie d’une personne, et aussi un moyen d’enrichissement pour la personne en question, et aussi pour la société, dans le présent, et surtout dans le futur.
Donner à nos jeunes la possibilité d'associer "écriture", "réflexion" et "argumentation" ne peut être qu'une expérience enrichissante et épanouissante pour eux. Car si ils savent très bien s'exprimer en général, il leur devient plus compliqué de coller des mots, d'adapter une argumentation à leur raisonnement. Non seulement (et dans un grand nombre de cas) l'école et le foyer familial ne sont pas toujours propices à une liberté de réflexion et d'expression personnelle (à l'école, on impose un savoir, à la maison on applique le savoir), mais, à part entre eux, les jeunes ne trouvent pas beaucoup d'occasions pour développer et donner leur avis librement.
Ainsi, le théâtre, est l'endroit idéal pour développer le sens critique du langage et de l'esprit, surtout lorsque un encadrement professionnel aide et guide "les acteurs" vers un résultat, et propose un "cadre" qui laisse la liberté individuelle s'épanouir.
Le théâtre est pour le jeune adolescent en quête de personnalité, une source de thérapie non négligeable.
De toute façon, que ce soit à travers l'écriture,le théâtre, l'art en général, développer le sens critique des jeunes est essentiel pour les armer contre toute dictature intellectuelle et psychologique.
C'est vrai que ce n'est pas évident pour tous les jeunes, qu'il faut déjà pouvoir trouver les mots justes, et certains jeunes n'ont qu'un vocabulaire restreint, mais ils ont d'autres manières aussi de s'exprimer que par l'écrit.
Le théâtre est un reflet des grandes questions de l'homme, qu'il soit traditionnel ou contemporain.
Personnellement, j'ai pu apprendre à développer mon esprit critique à la maison, par l'éducation reçue et aussi à l'école, durant mes études secondaires, où notre professeur de langues anciennes nous emmenait voir des tas de spectacles (théâtre, opéra, concerts) et l'on en discutait ensemble ensuite en classe, le lendemain. J'ai eu la grande chance d'assister aux ballets de Maurice Béjart, et de découvrir des spectacles de qualité, en groupe. C'était un professeur qui nous concoctait une véritable animation culturelle, je l'en remercie encore aujourd'hui.
Nous avions aussi invité une jeune troupe de théâtre à l'école, pour deux soirées et l'on avait préparé le sujet des semaines avant. Nous avons pu discuter avec le metteur en scène, les comédiens, cela nous a plongés dans l'envers du décor, si je puis dire. Rien de tel que ces expériences diverses, pour faire grandir notre esprit critique.
Aujourd'hui aussi les Académies de Musique, de Beaux-Arts, d'arts plastiques permettent à un public diversifié de découvrir l'art, l'art dramatique, ils peuvent s'impliquer eux-mêmes dans des projets menés par un professeur de théâtre, dont c'est le métier.
Les jeunes ont besoin de pouvoir se dire, s'exprimer et apprendre à le faire, face à ce qui les préoccupe et les questionne, et c'est un travail de longue haleine, comme toute oeuvre éducative.
ils ont besoin qu'on les écoute et leur fasse confiance, qu'on les valorise. IIs ont beaucoup de talents, parfois cachés, à nous faire découvrir. C'est un cheminement. Nous sommes tous, à notre manière, en relation avec des jeunes et pouvons oeuvrer dans ce sens.
Il est important de garder cet esprit critique, de l'affiner, à tout âge: j'ai aussi veillé à ce que mes enfants y parviennent. Nous les avons emmenées au théâtre, depuis petites, résultat, ma fille aînée joue du théâtre en amateur dans une troupe à Bruxelles. Elle a été mordue, comme on dit.
Bonne soirée à vous tous! Pascale
Carl du Toit a dit :
Ici à Huy, il y avait (car il n'y a plus cette année) la même démarche pour le théâtre jeune public.
La ligue des familles prenait cette initiative en charge en invitant les enfants des familles à venir voir les pièces proposées et donner leur avis.
Heureusement car c'est du théâtre pour jeunes et ce sont les adultes qui jugent et commande les pièces.
Par contre les troupes "pour enfants" ne sont pas toujours commodes!
Une de mes amies c'est vue de quitter la salle car sa fille à demandé à sa maman : "elle fait quoi la madame?"...
Ici, il est question de critique littéraire, et plus précisément de critique théâtrale. De plus, Promotion Théâtre est organisé par une revue et la Province du Brabant wallon. Ce n'est pas une critique (!), c'est un fait. Bien sûr, on peut me rétorquer que j'opère une analyse "de gauche", voire néo-marxiste, si j'écris : des petits rupins encadrés par des pros, vont aborder le théâtre contemporain et seront capables de passer un concours (aïe) d'écriture (ouïe) de critiques dramatiques (patatras).
J'exagère un peu, j'en conviens mais je ne pense pas que cette initiative puisse se dérouler partout. Ce n'est ni un reproche aux organisateurs ni une vision pessimiste des jeunes.
Tant mieux si certains élèves parviennent à rédiger ce type de texte mais pour y arriver, il faut pouvoir maîtriser une pratique plus que minimale de l'écrit. Il faut égalemnt disposer d'un vocabulaire abstrait car il n'y a pas de critique sans abstraction, sans cette capacité de retirer d'une série d'informations des idées, des jugements que l'on puisse défendre avec pertinence.
Inutile de préciser que l'idée même d'un concours ne trouve pas de place dans mes catégories mentales.
Cependant, après m'être fait l'avocat du diable, je vais aborder maintenant tout le positif qu'il est possible de retirer de ce type d'expérience. ( Pour acquérir un esprit critique le moins tendancieux possible, il faut balayer devant sa porte, essayer de ne rien se laisser passer, donc pratiquer l'auto-critique). Le fait de prendre comme support l'art dramatique est évidemment excellente. Le théâtre est un art complet : il fait appel en vrai, de façon immédiate, tant à la compréhension du sens qu'à la perception que captent...nos sens. Point n'est besoin de savoir lire pour apprécier une pièce de théâtre et cela, c'est fondamental. A condition de proposer aux jeunes des situations où ils peuvent se projeter et donc libérer leur parole, qui ne peut être que critique au sens large du terme. Mais les mots ne sont pas donnés ! Il faudra dépasser le "j'ai bien aimé" ou le "c'était con" en répondant à la question du pourquoi. Les langues vont alors se délier et, de brique et de broque peut-être, des précisions seront amenées, alimentées par la discussion menée par le pédagogue. Se posera sans doute aussi la question du comment : finalement, comment fait-on pour monter une pièce et la jouer? Et même...qui l'a écrite, quand, etc? Ces questions s'appellent les unes les autres.
Tout ceci n'est que du bon sens, dira-t-on. Descartes écrivait que "le bon sens est la chose du monde la mieux partagée". Il signifiait par là que tout le monde en était également pourvu. Il me semble qu'il se trompait mais il obligeait à réfléchir. Pour le cas qui nous occupe, la règle d'or est justement de ne pas demander l'impossible à quelqu'un, spécialement à un jeune, au risque de le briser. C'est par la réussite qu'il peut prendre confiance en lui et le théâtre, on l'a vu, peut y contribuer de façon très importante et amusante (je pense qu'il ne faut pas exclure le plaisir de la culture comme le font certains intellos vivant dans leur cénacle, coupés du monde -mais c'est aussi un autre débat-).
Et, pour en terminer, je le redis, que certains élèves soient capables de disserter par écrit comme des critiques d'art en herbe me réjouit. Mais je sais pertinemment bien, statistiquement parlant, qu'il s'agit d'une très petite minorité. Comprenons-nous bien : je ne suis pas adversaire de l'excellence. Nous en avons besoin comme de pain dans un monde global où la matière grise est notre seul "gisemant" de richesses pour envisager notre avenir. Mais, pour des raisons dont nous dicuterons peut-être plus tard, il est bon d'avoir suffisamment d'esprit critique pour respecter les autres dans ce qu'ils sont et ce qu'ils sont à même de faire pour le moment. En gardant un espoir réfléchi sur leurs possibilités de progrès individuels et sociaux par "la politique des petits pas".
Je trouve cette démarche très pertinente !
Lors de mes études secondaires , dans les années soixante, notre professeur de Français avait exigé que nous prenions un abonnement annuel aux " Jeunesses Théâtre " : pieds de plomb , pour la plupart des élèves , en début d' année académique ... mais au cours de l' année, nous a été offerte la possibilité de découvrir diverses scènes théâtrales de Bruxelles, du théâtre d' avant-garde, du classique,... joué par de jeunes talents pleins de promesses ou par des comédiens confirmés et célèbres , et surtout, ce " climat " si particulier d' une entrée en scène, d' un partage , sur le vif, entre la salle et les comédiens : ce fut une révélation, j' ai adoré cette période et en garde un précieux souvenir !
De plus, nous avions également l' obligation de choisir , parmi les pièces proposées au public dans l' abonnement de l' année , trois oeuvres qu' il nous fallait " décortiquer " commenter, critiquer, résumer et ... présenter au professeur : je reste persuadée que cette approche nous a été profitable à tous ! Belle soirée à vous ! Nicole