On a parlé de démocratisation, on croit y être parvenu en livrant l'art en spectacle. Les "installations" hollywoodiennes, tonitruantes et scintillantes de néon sont plus belles que nos jours tristes, dédiés à la réflexion et au labeur. Maudit soit l'artiste qui prétend consacrer du temps et du recueillement à la recherche et à l'élaboration de son oeuvre. Sachons courir à l'effet facile, sachons produire sans modestie des phénomènes stroboscopiques à partir d'une culture résiduelle.
Don't think: it's only entertainment
Ne pensez pas: c'est uniquement du divertissement ...
Réponses
Il faut savoir ce que veut dire le mot "art". J'ai une formation très classique acquise dans une Académie des Beaux Arts dans le temps (lointains, apparemment) où on apprenait à dessiner, les techniques de peinture, de sculpture, on apprenait à disséquer les œuvres des grands maîtres; bref, on apprenait à "faire", avant de pouvoir "créer". De nos jours jours, on s'émerveille si facilement, on crie à la création, on la congratule, la félicite... sans se préoccuper du savoir : une création qui devient un "concept" et l'on met en avant des "installations" laides et qui ne doivent porter que le "sublime message". Je suis plutôt triste pour tous les artistes actuels qui privilégient le travail, le culte du "beau", un message peut-être mais si ce message est porté par une belle œuvre, le message sera plus fort : j'en reste persuadée, n'en déplaise à certains...
Artistiquement vôtre.
Josiane
...sans oublier au programme de Las Vegas : du vin et des pieux. C'est aussi une forme d'installation !
Dominique et Olivier
(Domivier et Olinique)
Ah ! Robert !
Du pain et des jeux...
Non seulement il y a de cela mais de plus, l'accès aux livres nouveaux reste difficile pour ceux qui créent et s'instruisent à l'abri des regards, sur le cable des funambules! Quant à une certaine minorité qui perce à grands coups de médias et de révélateurs artificiels, souvent elle désole son public au bout de quelques oeuvres vite essoufflées. Je pense à certains auteurs côtés à la bourse académique belge mais que je ne citerai pas.
D'autre part, j'ai remarqué que certains auteurs (ou prétendus artistes!) confondent le nombre d'oeuvres vendues avec leur qualité.Le chiffre d'affaire avec la reconnaissance. Arrivera-t-on à dire que: sans chiffre d'affaire l'artiste "inexiste"?
La démocratisation se fait par la propagande mais les marginaux de la littérature hors classe, hors écoles, hors écuries promotionnelles restent sur les trottoirs. Heureusement que le net et votre site en particulier leur ouvre les portes du savoir et la possibilité GRATUITEde se faire connaître.
Mais quitte à ramer dans mes années d'ombre, je continue à tendre vers l'impossible étoile avec l'honnêteté , la conscience et la sincérité de l'artisan !.
La démocratisation de l'art suppose que l'on sache ce qu'on entend par démocratiser.
L'art de la démocratisation précède la démocratisation de l'art.
D'abord, le respect des autres, de tous les autres (demos = le peuple, en grec). Ils ont peut-être plus à nous apprendre qu'eux de nous. Il n'y a pas de définition monolithique de l'art. Tout ce que créons, avons créé et créerons doit être remis dans son contexte. De plus, personne n'est propriétaire de l'art. Quelle outrecuidance que de vouloir apporter au peuple (!) ce que nous considérons être l'art! Nous, on sait, lui ne sait rien : on va donc lui apprendre, l'amener à penser comme nous, à adopter les mêmes références que nous qui sommes les "civilisés". Ca s'appelle la colonisation, ça ! Non? Et si ce mot vous choque, vous serez au moins d'accord avec cet adage qui dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
Mais que faire alors? Peut-être simplement être soi dans son rapport aux autres. L'art est bien plus en nous que dans les musées. Une belle amitié peut un jour amener à partager un spectacle et même (pourquoi pas?) la visite d'un musée...
A ce sujet, il serait intéressant de lire le livre de Jean Clair "L'hiver de la culture" (Flammarion) un réquisitoire brillant sur la "décrépitude" de l'art.
L'hiver de la culture, pamphlet contre "le système des beaux-arts". Au coeur de l'essai, on retrouve son obsession de la déchéance du culte de la culture puis du culturel qui aurait abouti à un art sans transcendance, uniquement voué au divertissement et à la marchandisation. Au point de remettre en question l'essence des musées, ces "abattoirs culturels" et "entrepôts de civilisations mortes" soumis à l'invasion de hordes de touristes pour " un bénéfice intellectuel et spirituel à peu près nul".
Extrait:
Entrepôts de civilisations mortes
Ennui sans fin de ces musées. Absurdité de ces tableaux alignés, par époques ou par lieux, les uns contre les autres, que personne à peu près ne sait plus lire, dont on ne sait pas pour la plupart déchiffrer le sens, moins encore trouver en eux une réponse à la souffrance et à la mort. Morosité des sculptures qui n'offrent plus, comme autrefois la statue d'un dieu ou d'un saint, la promesse d'une intercession. Dérision des formules et prétention des audaces esthétiques. Entrepôts des civilisations mortes. A quoi bon tant d'efforts, tant de science, tant d'ingéniosité pour les montrer ? Et puis désormais, la question, obsédante : pour qui et pour quoi ?
Les foules qui se pressent en ces lieux, faites de gens solitaires qu'aucune croyance commune, ni religieuse, ni sociale, ni politique, ne réunit plus guère, ont trouvé dans le culte de l'art leur dernière aventure collective. C'est pour cela qu'on les voit visiter l'un après l'autre les grands musées comme elles allaient autrefois au temple ou au Vel' d'Hiv. Elles ne s'y déplacent qu'en groupes et s'y photographient réciproquement comme pour étouffer, par l'uniformité de leur comportement et l'identité de leurs réactions, le soupçon qui les effleure parfois que, là non plus, il n'y a rien à attendre.
...
Du culte réduit à la culture, des effigies sacrées des dieux aux simulacres de l'art profane, des oeuvres d'art aux déchets des avant-gardes, nous sommes, en cinquante ans, tombés dans le "culturel" : affaires culturelles, produits culturels, activités culturelles, loisirs culturels, animateurs culturels, gestionnaires des organisations culturelles, directeurs du développement culturel et, pourquoi pas ? "médiateurs de la nouvelle culture", "passeurs de création" et même "directeurs du marketing culturel"...
Kitsch
Les musées ne ressemblent plus à rien. La silhouette du nouveau musée d'Art contemporain de Metz rappelle à la fois les Buffalo Grill qu'on voit le long des autoroutes, un chapeau chinois et la maison des Schtroumpfs. Dans l'élévation d'un nouveau musée, on retrouvera souvent, in nuce, dans son mélange de modernité fade et d'emprunts hasardeux, le kitsch qu'on verra envahir l'architecture des mégalopoles, de Las Vegas à Dubai.
Construire un musée pose à l'architecte un problème insoluble. À quoi sert un musée ? D'un temple on savait la destination. D'une école aussi (encore un peu, à vrai dire). D'un aéroport, assurément. D'un stade, absolument, et même on en redemande, par dizaines, en tout lieu. Mais d'une collection d'objets arrachés à leur lieu d'origine et disposés dans l'oubli de leur fonction? ...
A force de respecter les artistes, on ne respecte plus l'Art.
Quand une "oeuvre" est mauvaise, elle est mauvaise... ce n'est pas une question de point de vue, mais de ressenti.
Le respect de "l'artiste" peut faire énormément de mal. Si on avait remis Duschamp et son urinoir à sa place à l'époque... on n'en serait pas là.
Gil.
hanane sanoussi a dit :
Lui livrer ce genre de spectacle, c'est le mépriser, l'attirer vers le bas.
Souvenons-nous de la décadence de Rome : "Que veut le peuple?" Réponse : " Panem et circenses" = du pain et des jeux du cirque.
Tout est dit...
hanane sanoussi a dit :
hanane sanoussi a dit :