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administrateur théâtres

12272878490?profile=original« Ca c’est bien. Questionnez. Questionnez toujours ! »

 Contrastes : Le temps s’est arrêté à 5h 35,  à la mort de la  femme du vieux professeur Mashkan (Alexandre von Sivers). L’horloge de la bibliothèque rococo a de singuliers traits communs avec celle du bâtiment central du plus célèbre des camps de la mort. Les barbelés et les bruits d’univers concentrationnaire  surgissant régulièrement sur la toile de fond du décor sont une sorte de mise en abîme, si l’on peut dire. La dignité du vieux professeur et sa passion retrouvée en présence d’un unique élève cache mal sa pauvreté pécuniaire et un passé indicible.

 Voyage initiatique dans le temps : Stephen Hoffman,  (Jean-François Brion), un  jeune américain adulé est envoyé par son père en Autriche pour surmonter un  blocage soudain  et inexplicable dans sa  brillante carrière de pianiste prodige. Une condition : qu’il fasse œuvre de mémoire  en allant visiter Dachau. Mais arrivé à Vienne, il va devoir affronter un  professeur inattendu et grognon aux propos souvent  antisémites. Dès son entrée en scène le jeune pianiste triple A est arrogant, agressif  et agité par une nervosité fébrile. Il est clair qu’il ne veut pas repartir à zéro par le chant…. C’est un affront à son talent ! Les leçons démarrent tant bien que mal… 

12272878894?profile=originalCe qui  fait la beauté du spectacle n’est pas seulement le décor de l’équipe bien rôdée de Marc Cocozza, un décor aussi soigné que celui d’une antique boîte à biscuits, c’est la superposition extraordinaire de niveaux d’écoute qui rendent l’œuvre universelle et en font une leçon de vie et une leçon de mémoire.  Et quelle polysémie dans cette complexité symphonique ! S’opposent sur le plateau l’allemand et le français,  l’ancienne Europe et les Etats-Unis avant-gardistes, la  réflexion et l’émotion, la jeunesse et la maturité, le maître et l’élève, le père et le  fils, le piano ou le chant et la poésie, la dépression et l’exaltation,  le devoir de  mémoire et le pardon… et la liste n’est pas close!   Plusieurs thèmes bouleversants forment l’armature de la pièce: la controverse de l’élection de  Waldheim élu président de la République d'Autriche 8 juillet 1986,  le déni général du passé nazi de l’Autriche. La transmission et  le devoir de mémoire. Mais aussi le pouvoir de rédemption de l’amitié et de l’art,  l’importance de de l’appartenance à une culture donnée, allemande en l’occurrence, Heinrich Heine. Tout ceci est traversé par  l’utilisation de la dérision et de l’humour comme protection, voici un savoureux festival d’humour juif.   

Ce n’est pas fini.  Le cycle de chansons de Schumann : Dichterliebe constitue  autant de volets …bénéfiques  à l’articulation de la pièce. Des paroles de désir et de volupté se greffent sur la mélancolie de la musique : de la beauté pure, à en croire le profeseur de musique ! Ces volets  illustrent à la perfection la  belle phrase de Bertold Brecht: « La qualité d’un homme se révèle à travers ce qu’il pleure et la manière dont il le pleure » Le langage universel de Liszt, Beethoven, et des variations Goldberg de l’Aria de Bach seront également de la partie… Détail intéressant : en fin de tableau, tandis que Mashkan joue un morceau, une version enregistrée survient, parfaitement alignée sur la musique jouée, jusqu’à ce qu’elle soit interrompue par le premier accord  qui ouvre la  nouvelle scène, comme par magie ! Un procédé  où lumières, musique et comédiens sont  orchestrés à la seconde près... Travail millimétré ! 

Ceci  nous mène évidemment à parler du travail  gigantesque du metteur en scène,  Jean-Claude Idée. In illo tempore, il nous a dit avoir reçu des mains de Jean Piat la traduction de la pièce « Old Wicked songs » à l’affiche de Broadway plus de 200 fois en 1996… Une des œuvres de  Jon Marans, auteur New-Yorkais. Le titre se réfère à la dernière chanson du cycle de Schumann « « Die alten, bösen Lieder ».  Jean-Claude Idée  laissa fermenter le projet pendant dix ans. Il est en effet très malaisé de monter un tel spectacle qui, sans être une comédie musicale, marie le verbe, le roi des instruments de musique,  et le chant sur scène. Le tout en traduction française avec des passages en allemand. C’est finalement l’adaptation très fluide de  Thomas Joussier de 2010 qui a été retenue pour la qualité de la version française. Mais surtout, Jean-Claude Idée  a  fini par trouver  en Alexandre von Sivers et en Jean-François Brion, les  deux fabuleux interprètes qu’il attendait.

Ceux  qui savent mettre des sentiments  à la fois sur un clavier, des mots et des paroles. Des comédiens qui savent d’instinct trouver la gestuelle adéquate quand les mots se dérobent et que l’indicible apparaît.

Du 19 au 29 mars 2013 Rencontre avec les artistes : le 28/3 Au Théâtre Jean Vilar

0800/25 325

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=501

 Une production de l'Atelier Théâtre Jean Vilar et du Festival Royal de Théâtre de Spa.

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