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   VERONICA BARCELLONA : VARIATIONS SUR UNE DEMARCHE EMPIRIQUE

 

Du 20-03 au 10-04-13, l’ESPACE ART GALLERY (Rue lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) nous propose les œuvres de Madame VERONICA BARCELLONA, une artiste Italienne dont les œuvres, de par leur originalité et leur pertinence, ne manqueront pas de vous interpeller.

L’œuvre de VERONICA BARCELLONA résulte d’un regard sur l’absurdité du monde contemporain. « La démarche n’est pas nouvelle ! » direz-vous. En effet, elle n’est pas nouvelle. Néanmoins, par sa persistance à dénoncer, l’Art démontre qu’il est en pleine vitalité ! Si l’on se donne la peine d’apporter un regard rétrospectif, on remarquera que les œuvres les plus singulières, du moins en Histoire de l’Art, participent d’un discours dénonciateur. Que ce soit dans la peinture réaliste du 19ème siècle au regard du registre social, montrant par exemple des indigents aux pieds sales, comme dans LES BAIGNEUSES de Gustave Courbet (1853) (l’œuvre avait scandalisé la société de l’époque parce que la saleté corporelle était assimilée à la saleté morale), en passant par l’URINOIR de Duchamp, par rapport à la perception esthétique, l’œuvre d’art porte en son sein le germe de la dénonciation, parce qu’il charpente la pensée sociale. Il la rend contemporaine. Il lui apporte un signifié qui s’inscrit dans l’imaginaire, c'est-à-dire dans l’expression la plus tangible de la culture individuelle et collective.

Pour illustrer notre propos d’un exemple significatif, VERONICA BARCELLONA  refuse d’utiliser le terme de « sculpteur » ou de « peintre » afin de se définir pour utiliser celui d’ « artiste plasticienne », plus total à ses yeux pour inscrire son œuvre dans sa démarche. Elle va même jusqu’à pousser le défi en utilisant le terme d’anartiste (inconnu jusqu’à aujourd’hui) pour mettre mieux en exergue son discours créateur. Ce néologisme personnel, l’artiste le déploie jusqu’à la perception de l’œuvre mise au monde : elle ne parle pas de « création » mais bien d’expérience. Là, elle rejoint le discours philosophique dans ce qu’il a d’ultime concernant la définition même de l’Homme, en ce sens que le terme « expérience » est, de nos jours, extrêmement galvaudé. En effet, ce terme est aujourd’hui bien souvent usité pour définir un parcours à l’intérieur duquel nous nous trouvons toujours, sans l’avoir jamais quitté.

En réalité, une « expérience » est une étape de notre vie dans laquelle nous entrons, dans laquelle nous évoluons et de laquelle nous sortons, précisément pour la raconter. Dès lors, une prise de distance critique s’avère nécessaire entre nous-mêmes et l’objet auprès duquel nous avons vécu une « expérience ». 

Autre détail d’ordre philosophique, l’artiste aborde son discours de façon « cynique », au sens grec du terme, à savoir par une emphase volontaire du propos dans le but d’en dégager son absurdité. Cette absurdité est stigmatisée par le paraître en masquant le réel par le futile, d’où une mise en scène de l’œuvre, exposée (suspendue, à proprement parler) au bout d’un fil tel un mannequin au jugement du regard social.

Elle structure ses thématiques non pas par des « séries » mais par des collections qu’elle illustre plastiquement par des exemples articulant son discours.

NE M’ACCOSTE PAS, JE PIQUE ! (sculpture sur papier de soie et résine – 120 x 52 x 25 CM)

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est une œuvre « mobile ». Un corps pendu et perclus de dards dans une attitude d’évitement humain. Cette oeuvre a ceci de paradoxal, à savoir qu’elle aborde un sujet grave tout en l’ornant d’une agressivité ludique. Car l’œuvre de VERONICA BARCELLONA est avant tout ludique ! Sa force consiste dans le fait qu’elle baigne dans une profonde joie de vivre. Le chromatisme de ses créations (de ses expériences!) le confirme. Cette sculpture fait partie de la collection : APPELLATION D’ABSURDITES CONTROLEES. On peut en savourer la qualité du millésime !

 

Parmi les collections présentées, ETRES PAS SI BETES est centrée sur les rapports entre humains et animaux.

LA NATURE DU SCORPION (100 x 100 cm – technique mixte et résine - 2013)

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est une étude très intéressante sur la forme. Mieux, sur son évolution. On peut comprendre cette œuvre comme une mosaïque où chaque tesselle annonce la suivante vers une progression spatiotemporelle, évoluant à l’intérieur du cadre, aboutissant à la forme achevée.

 

L’HEGEMONIE DE L’ELEPHANT (69 x 63 x 41 cm

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– technique mixte et résine) nous démontre le talent de l’artiste plasticienne en tant que sculpteur.

Ses sculptures ont ceci de particulier qu’elles demandent au regard d’évoluer autour d’elles pour en saisir chaque aspect du volume. Ses formes sont ramassées, concentrées sur l’essentiel, méthodiquement déployées et mises en exergue pour en recueillir l’essence primitive de l’animal.  Mais pour saisir tout cela il importe que le visiteur tourne autour de la pièce dans un dialogue partagé autour d’un même espace.

Avec FOLLIA CROMATICA (100 x 100 cm – technique mixte et résine – 2012)),

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nous assistons à un rapport dialectique entre « ordre » et « désordre ». Rationnel et irrationnel. Le rationnel se manifeste par la rigueur géométrique à souhait de la forme. L’irrationnel, lui est exprimé par un cadre « composé » par l’étalement dans l’espace de cette même forme.

 

INUTILICONES (80 x 80 cm - 2009)

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est une œuvre, en quelque sorte « interactive » composée d’un ensemble de cubes multicolores, à l’intérieur d’un carré tenant lieu de cadre. Chaque cube est amovible. Ce qui permet au visiteur de les interchanger à sa guise. INUTILICONES est une œuvre « cinétique » dont le but est à la fois d’embrouiller le regard du visiteur tout en lui faisant prendre conscience du danger des « applications » en Informatique, c'est-à-dire de ces petites « icônes » que l’on trouve notamment dans les ordinateurs, les gsm et les IPAD, lesquelles sont souvent payantes, dont le but est à la fois de tout savoir sur les utilisateurs pour les inciter à consommer au maximum. INUTILICONES est donc l’adéquation lexicale entre l’ « inutilité » et l’ « icône », considérées comme moyen de pression psychologique pour inciter l’individu à la consommation. L’artiste s’exprime ici dans la voie de l’engagement politique en « dépolluant » l’esprit d’une des (trop) nombreuses souillures que nous infligent le Capitalisme et la Mondialisation.  

 

VERONICA BARCELLONA a une formation en Arts Plastiques. Elle est éducatrice et travaille dans le socioculturel, notamment dans la réalisation d’ateliers créatifs à destination des jeunes.

Cette plasticienne s’est engagée dans la liberté totale pour vivre une expérience et la produire à la conscience du visiteur dans un voyage introspectif, baigné de couleurs ludiques.

Cette expérience est un segment de vie partagé entre la plasticienne et le visiteur dans lequel l’on entre pour en savourer la lucidité magique.

On ne peut en sortir que grandi, c'est-à-dire conscient de la fragilité du Monde.

François L. Speranza.  

Arts 
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N.-B.: 

Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, administrateur général d'Arts et Lettres

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Commentaires

  • Oui, toute cette beauté plastique  suggère de donner forme à l'informe poour atteindre en soi cette part d'inachevé d'une matière toujours en mouvement, que l'artiste maîtrise sans lui enlever cette autre part que lui confère notre imaginaire: ce que nous voyons de l'oeuvre; ou ce que nous en retenons ne conteste jamais le message initial, mais lui donne une expression ressentie sans limite.

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