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administrateur théâtres

12272732654?profile=original« Avoir un fil à la patte », par allusion  au jeu cruel du  hanneton attaché par un fil auquel s’amusaient les écoliers de village pendant l’été au début du siècle, veut dire  être tenu par un engagement dont on voudrait bien se libérer.

 

Dans cette pièce de Feydeau un jeune homme, Fernand de Bois d'Enghien, décide de  se marier avec un beau parti, la fille de la baronne Duverger  mais ne peut se débarrasser de son encombrante maîtresse Lucette, chanteuse de son état. L’ironie de l’histoire démontre à souhait que l’argent est  bien plus puissant que l’amour, même charnel ! 

 

 La fille de la baronne se pique de n’être point sotte, envisage le mariage avec méfiance, ne veut en faire  qu’à sa tête, et pense que le divorce est sûrement une bonne invention. Elle déclare avec justesse que la société et même les rencontres amoureuses et galantes sont implacablement régies par l’offre et la demande ! Pensée avant-gardiste, fort lucide pour une jeune oiselle toute vêtue de blanc! Le ton que la fille utilise avec sa couturière, sa façon de snober sa mère avec sa gouvernante anglaise montre à souhait qu’elle donnera à tous du fil à retordre et qu’elle promet quelque tour inattendu sous sa jarretière. 

 

S’en suivent une série de chassés croisés, de méprises, de situations coquasses tellement typiques du théâtre de Feydeau. Un fil invisible relie des personnages improbables,  tous prisonniers de l’amour ou de l’argent.  Ce qui est très savoureux c’est la caricature de ces personnages : Gontran de Chenneviette, père de l'enfant de Lucette  en nourrice quelque part, et flambeur notoire, Ignace de Fontanet, un ami à l'haleine plus qu’envahissante, Marceline, sa sœur  et sa femme de chambre obligée…   Tous magnifiquement  campés,  de la bourgeoisie à la noblesse, l’auteur les  pourfend avec un plaisir non déguisé. S’ajoute à la verve éblouissante  de Feydeau, une mise en scène d’une vivacité et d’une richesse fabuleuse, renouvelant sans cesse les surprises et le rire. Le jeu de  12 comédiens passés maîtres de l’art de la comédie satirique est celui d’une troupe qui s’amuse, comme l’aurait souhaité Molière.

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12272732869?profile=original Des phrases cinglantes émaillent ce plat de consistance, tandis que des chansons coquines très bien tournées fusent lors des changements de décor. On craque pour  le maître d’hôtel toujours toute ouïe pour découvrir  avec complaisance les frasques, les duperies et les lâchetés des uns et des autres. On craque pour le jeu hypocrite de femme prévoyante: la passionnée Lucette qui  irait  bien se laisser courtiser par Gauthier,  l’horrible clerc de notaire presque difforme, qui pathétique, pousse  la chansonnette  façon gaudriole, ou l’irascible général sud-américain Irrigua,  ex-ministre condamné à mort pour avoir perdu au baccara l'argent destiné à acheter des bateaux de guerre, et qui,  désespérément amoureux d’elle, la couvre de fleurs et bijoux  somptueux. Un personnage très tranché comme dans la commedia d’el Arte.

 

Ce fil à la patte est bien visible quand on considère que notre monde est solidement attaché qui  à l’argent, qui au pouvoir, qui  au sexe, qui à toutes ces passions stériles confondues. Quel est cet enfant cruel qui nous  tient, et nous  mène ainsi au gré de sa fantaisie,  au bout d’un fil sans que jamais nous ne puissions prendre un envol libre et gracieux ?

Le jeu en vaut le fil, et vous serez comblés par une soirée délassante et joyeuse.

 

http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=267&type=2

 

 

Mise en scène: Michel Kacenelenbogen /
Avec Muriel Cocquet, voir_comedien.gifChristelle Cornil, Isabelle Defossé, Beatrix Férauge, Thierry Janssen, Sandrine Laroche, Olivier Massart, Fred Nyssen, Guy Pion, Réal Siellez, François Sikivie et voir_comedien.gifBenoît Strulus

10 Mai 2011 >> 25 Juin 2011

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