Une séparation du 15/11/2011 au 10/12/2011 à 20h30
au théâtre du Méridien
Face à vous un couple silencieux, assis sur deux chaises de bois quelconque. Noir complet.
Tout a changé. Elle est debout, en pleine lumière et a décidé de se séparer. Pronom réfléchi. Pas réciproque. Il y a partout des cloisons suspendues, serties dans des cadres sobres. Ces panneaux de papier froissé sont marqués de profondes fissures. Une mise en éternité ? Des lettres non écrites et chiffonnées, des vagues d’amour séchées, des jupons superposés, les murailles abandonnées d'une terre désertifiée, les manuscrits de l’amour mort ? Tout dépend de l’éclairage.Les gymnopédies de Satie s'arrêtent.
«Je me suis arrêtée comme un train qui s’arrête en rase campagne, seule, les mains vides, j’ai continué à pied ». « J’ai décidé de te quitter pendant l’heure disparue, au changement de l’heure d’été ». Il a reçu cette déclaration de désamour dans sa boîte aux lettres, un matin où il descendait joyeux pour relever le courrier. Et il ne s’est pas relevé. « Je t’ai quitté car nous étions devenus deux silhouettes ». Elle ne supporte pas la grisaille, l’ennui. « Peut-on être amoureux et s’ennuyer ? ». La raison pour laquelle elle l’a aimé est la même que celle pour laquelle elle l‘a quitté. Avec lui, elle marche sur un fil, juchée sur ses hauts talons, , et tout d’un coup elle a envie de quelqu’un de protecteur, qui n’est pas lui.
« C’est vers moi que tu aurais dû courir, pas au hasard, pour dissiper ta colère », plaide-t-il, alors qu’elle a pris sa décision sans lui en courant dans un parc. Le cœur de Paul est réfractaire au désamour. « Toutes tes justifications pour expliquer ton désamour sont malhonnêtes.»
Mais, incapables de couper franchement, Paul et Marie ne peuvent se retenir d’aller l’un vers l’autre. Surtout Paul qui refuse la séparation avec énergie. Ils s’échangeront à contrecœur, mais cœur à cœur, lettres, cartes postales, post-its, billets, perles du souvenir, parfums du passé avec une impatience de bon augure. On oscille entre les élans, la tendresse, les reproches, les espoirs, la solitude, les déceptions - qui sont toujours une trahison - les pleurs. Vont-ils trouver la juste distance ? Celle qui fait durer le sentiment ? Va-t-elle se faire dévorer par son bovarysme féminin ? Il lui a donné toutes ses billes. Elle les ramassera et les mettra dans un grand bocal à conserves. Est-ce assez ? Au moment fatidique, après des échanges profondément vrais et émouvants, elle n’entendra pas la pluie symbolique qui tombe sur la mer, ... à cause des doubles vitrages de son hôtel.
Cécile Vangrieken (Marie), typiquement femme de tête et l’attachant Laurent Bonnet (Paul) échangent des mots brûlants, bouleversants, dits avec honnêteté, tendresse, respect de l’autre… Deux comédiens avec qui l’ennui n’existe plus. Le spectateur est captivé et entend battre son cœur car l’attente du renouveau ne cesse de faire des pirouettes audacieuses sur le fil de l’amour. Une soirée qui fut un régal.
du 15/11/2011 au 10/12/2011 à 20h30
de: Véronique Olmi
m.e.s.: Philippe Beheydt
avec:
Laurent Bonnet
Cécile Vangrieken
© pour les photos: Benoît Mussche
Visionnez la critique de l'émission 50 degrés Nord ici (de 35'03 à 39'40)
Théâtre du Méridien 200/202 chaussée de la Hulpe 1170 Bruxelles
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