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administrateur théâtres

 

Quand le jeune oiseau devient cygne noir…

 

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« Nora, femme-enfant grisée par les hauteurs de la hiérarchie sociale où son mari sera bientôt perché, transportée par la joie qu’un trop plein d’argent lui procure, croit dur comme fer à l’héroïsme de cet homme qu’elle met au centre du storytelling de la vie « délicieuse » qu’inlassablement elle se fabrique. Et quand son petit échafaudage d’idéaux creux (et pourtant si modernes) s’écroule, elle ne semble avoir d’autre choix que de quitter cette maison de poupée qui l’a trahie. »

 

Une éblouissante première au théâtre Claude Volter hier soir. L’interprétation presque surjouée de la femme-infantilisée, agace royalement : les sautillements, la voix perchée, le rire de casserole, la cervelle d’oiseau - de l’étourneau à la bécasse.  Bien que, derrière cette façade, il y ait le mensonge salvateur et un amour considérable (inconsidéré ?)  pour le père et le mari de ce personnage  surféminisé...

 

Quand on était  adolescentes, on adorait « Une maison de poupée » d’Henrik Ibsen, pourquoi ?  Par soif d’idéal,  par le souffle romantisme de la liberté enfin découverte, pour le courage de Nora de savoir se détacher du confort matériel et  vouloir devenir un être humain à part entière et pas simplement une épouse-poupée et une mère-poupée, dans la maison de poupée avec des enfants-poupées.  Rien n’a changé pour notre amour de la pièce norvégienne, si ce n’est que l’on n’en mesurait peut-être pas  suffisamment toute l’urgence dans notre jeunesse.  Grâce aux mouvements féministes et aux progrès scientifiques,  la société a su évoluer… ici, dans le monde occidental, finalement, un monde presque minoritaire. Ainsi, tout n’est pas gagné, ainsi, cette pièce scandaleuse tant  décriée en 1880, garde son actualité dans la profondeur des esprits et dans les clichés véhiculés par la société. Que vaut une femme, face à l’ordre établi, à la loi essentiellement masculine, au soit- disant « code de l’honneur »,  au culte du pouvoir, de l’argent et des religions, ou face à la Morale Incontestée? 

 

Et donc, la deuxième partie de la pièce, lorsque la femme enfin se révolte, fait plaisir à voir et à entendre. Tout-à-coup la voix  de la comédienne sonne juste!

 

La mise en scène est d’une facture résolument moderne, tout en transparence, et décor blanc d’innocence. Mais, les vies de « housewives » n’existent pas qu’en Outre-Atlantique! Jeunes filles, précipitez-vous pour voir ce spectacle!  Le rêve de suprématie  masculine, malgré l’égalité des droits a encore de beaux jours,   à en juger par le plaisir du comédien de mari, Bernard d'Oultremont , à jouer son rôle avec délices et perfection. Jean-Philippe Altenloh n'a rien à lui envier, son jeu est parfait! Faut-il qu’un homme soit quitté pour qu’il découvre enfin son humanité ? C’est le miracle secrètement espéré de Nora, où d’étranger insupportable, l’homme se muterait enfin en généreux compagnon de mariage avec qui « on se sent bien ». Fidélité des signes…  Le public, parfois compassé dans  ce théâtre d’avant-garde - il  y a quarante ans déjà - n’a pas pu s’empêcher d’applaudir avec respect la très belle distribution des comédiens, les personnages secondaires étant aussi bien campés que l’héroïne de la pièce.

 

Avec : Stéphanie Moriau, Bernard d'Oultremont,

Jean-Philippe Altenloh, Michel de Warzée et Laure Tourneur

 

adapté par Jacques De Decker

 

http://www.comedievolter.be/index.php?page=infos-pratiques

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    Interview de Michel Wright
    Metteur en scène à la Comédie Volter

     extrait:

    ...Cela veut-il dire que vous avez fait le choix d'une mise en scène classique ?

     

    Non. Je ne veux pas faire du théâtre musée. Ce ne sera pas une mise en scène classique dans la mesure où la pièce n'est pas montée comme si elle se déroulait à fin du 19ème siècle. Je ne vais pas non plus montrer des gsm mais je mets en scène des personnages que nous pourrions être ou que nous pourrions croiser. Car je crois qu'une des forces du théâtre est de renvoyer à la société sa propre image et de dénoncer les travers de la société. Le décor de Yann Bittner sera au diapason. Il montrera une maison dont les murs sont transparents et qui permettront de voir ce qui se déroule dans les différentes pièces de la maison et à l'extérieur. Les costumes seront choisis pour leur intemporalité.

     

    Quelle actrice avez-vous choisie pour interpréter Nora et quels ont été les motifs de votre sélection ?


    Pour jouer ce rôle, il faut une actrice très expérimentée et polymorphe car ce personnage est une chenille qui devient un papillon. Il faut être capable de jouer l'un et l'autre. Stéphanie Moriau était l'actrice idéale. C'est un rôle extrêmement compliqué. D'ailleurs un des plus long du répertoire théâtral. Le personnage de Nora reste en scène du début jusqu'à la fin.

     

    Le personnage de Nora va en effet subir une transfiguration. Il y a un moment où tout bascule dans la pièce. La version de la pièce avec Audrey Toutou a buté sur cet obstacle. Comment pensez-vous qu'il faut traiter cette difficulté ?

     

    En faisant confiance à l'auteur. Plutôt qu'un basculement, Ibsen donne des paliers vers une descente aux enfers. Chacun de ces paliers est nécessaire pour donner une nouvelle dimension au personnage. L'auteur a fait un travail dramaturgique extraordinaire. Il y a quelque chose d'hitchcokien dans la mécanique qu'il met en place.

     http://www.lesnouvelles.be/vielocale/culture/michelwright.html

     

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