La pièce dure 1 heure 25 «mais comptez 2 heures avec les rires», prévient le metteur en scène Olivier Leborgne. Celui qui déguise volontiers sa voix pour les publicités en radio, emprunte les chemins les plus fous pour remporter un match de la ligue d’impro et se glisse chaque matin dans la peau d’un journaliste dans Votez pour moi sur Bel-RTL s’attaque cette fois à un boulot sérieux. La mise en scène de la célèbre pièce écrite par le redoutable duo parisien Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri en 1994, Un air de famille, pour le Théâtre Jean Vilar.

«Je connaissais la pièce et le film qui ont connu un succès remarquable. J’adore l’écriture de Jaoui et Bacri. Ce sont des contemporains qui vieillissent bien. La pièce aborde des questions tellement universelles. C’est une pièce sur nos contradictions, nos angoisses, nos questions existentielles… Vingt ans après, on a tous un air de famille avec ce spectacle. Soit parce que l’un des membres de notre famille leur ressemble, soit parce qu’on se retrouve soi-même dans un de ces personnages.»

Un seul lieu pour cette pièce où les ripostes fusent à la vitesse de la lumière: le café Au Père tranquille, qui se révélera n’être pas si tranquille que ça.

«Entre les comédiens, c’est comme une bonne thérapie, ils se balancent les répliques cinglantes à la tête. La pièce est assez évidente, ça reste une comédie, il ne faut pas aller chercher de la dramaturgie où il n’y en a pas. Il faut laisser évoluer les personnages. Mais il y a du fond aussi, ce n’est pas juste de l’humour tût tût, pouet pouet…»

Roi de l’impro, Olivier Leborgne, est ici privé de son sport favori. «On ne peut laisser aucune place à l’improvisation dans cette pièce. Le rythme est soutenu, les situations tendues, ça n’arrête pas. Ca n’a l’air de rien mais c’est très précis. Les comédiens me font penser à des suricates, tout le temps sur le qui-vive, en alerte. Ils doivent se montrer très vifs. Il y a aussi quelque chose de proche du fonctionnement d’une meute de chiens, mais pas des rottweillers.»

Un touche-à-tout

Trouver le temps pour jouer son rôle de metteur en scène n’a pas été simple pour cet électron libre de la scène francophone. Mais il en a fait une priorité.

«C’est vrai que j’ai des journées bien remplies mais j’aime conserver de la diversité. Le matin en radio, l’après-midi en répète au théâtre. Pouvoir faire ce métier, c’est génial. J’adore mettre en scène, élaborer des décors, des costumes, penser aux accessoires, etc. Avec moi, rien n’est jamais acquis. Je peux changer des détails de mise en scène jusqu’au dernier moment.»

S’il n’habite pas le Brabant wallon, Olivier Leborgne n’en est pas moins un habitué de la région. On l’a vu à plusieurs reprises au Théâtre de la Valette à Ittre et au Théâtre Jean Vilar. On l’a même vu animer la Mercuriale de la gouverneure Marie-José Laloy il y a deux ans.

«Je suis très heureux quand je viens à Louvain-la-Neuve. Je me sens chez moi. Tout a commencé ici pour moi, il y a 22 ans, quand je suis entré à l’IAD (NDLR, école artistique située sur le site de l’UCL). Lors de mon examen d’entrée, deux des profs avaient un avis négatif mais Armand Delcampe a dit: “ Il faut l’accepter, il vient de Leval-Trahegnies, c’est mon village ”. Et puis tout s’est enchaîné, j’ai rencontré Patrick Ridremont la même année, il est devenu mon ami et mon complice… Au fond, vous avez raison, c’est chouette ici. Je devrais peut-être venir m’installer en Brabant wallon.»

« Un air de famille », d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, mise en scène d’Olivier Leborgne, à l’Atelier Théâtre Jean Vilar, du mardi 11 au vendredi 28 février. Réservations :0800 25 325, www.atjv.be.

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