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                  Bien Chers tous,

              J'espère que vous avez fait figure de privilégiés, en cette veillée et journée de célébration de la Noël : j'entends, que vous avez pour chacun d'entre-vous, amis "d'Arts et Lettres", pu jouir de chaleur humaine, tandis que tant de personnes inconsolables de leur sort, sont hélas, demeurées dans un isolement terrible...

              À celles là, je dédie cette pensée de Christian Bobin :

             "L'amour est le miracle d'être un jour entendu jusque dans nos silences, et d'entendre en retour avec la même délicatesse : la vie à l'état pur, aussi fine que l'air qui soutient les ailes des libellules et se réjouit de leur danse."

             (Citation issue du recueil "Ressusciter".)

             De mon côté, faute d'avoir pu participer à une animation artistique bénévole escomptée, dans le dessein d’apporter une once de rêve et de lumière, je me suis retranchée sur une tâche purement utilitaire me laissant fort marrie, étant donné que je n’ai pu que constater au coeur de ma région,  le manque de fédération autour d'un projet de solidarité, dont pourtant la presse locale se gausse...

              Hélas, trois fois hélas, serons- nous toujours condamnés à assister impuissants à une notable indifférence, à tant d'innocence sacrifiée, pendant que d'autres "Frères humains" se livrent aux agapes orgiaques et débauche de festins impudiques sans fin, ni faim, rivalisant à qui mieux mieux sur le menu ...indigeste composant le repas de Noël, dont ils mettront plus d'une dizaine de jours à s'en remettre ?

               N'est-ce pas, Mesdames, membres bénévoles d'une certaine antenne  que je ne nommerais pas, engagées dans vos bonnes œuvres caritatives à l'année, et incapables d'accorder de votre précieux temps, soit quelques heures seulement, lorsqu'il s'agit d'organiser "une table ouverte" en faveur des plus démunis ?

               Combien ont répondu à l'appel afin de préparer potage et gâteaux en l'honneur de cette nuit étoilée du 24 Décembre, plus préoccupées, semble t’il, à farcir à dindes, oies et chapons gras, à concocter moult mets sophistiqués de leur menu personnel ?

               Et bien, je vous laisse deviner... Un véritable fiasco, guère encourageant pour former une chaine  fraternelle !!! Au sein de cette structure, nous fûmes recensées aisément, puisque au matin, nous pûmes nous compter en demi-douzaine de volontaires, pour achever notre « mission » eau début de l’après-midi… en trio ! Vous avouerez qu’en guise d’élan, on peut mieux faire, non ?

               Et si nous nous remémorions, ne serait-ce que pour un instant, que la misère est plus que jamais intemporelle, qu’elle se déguise  tant en hôte de nos campagnes que de nos cités, semblablement à une malheureuse priant Notre-Dame durant la nuit du Réveillon :

 

Seigneur Jésus, je pense à vous !
Ça m’ prend comm’ ça, gn’y a pas d’offense !
J’ suis mort’ de foid, j’ me quiens pus d’bout,
ce soir encor... j’ai pas eu d’ chance

Ce soir, pardi ! c’est Réveillon :
On n’ voit passer qu’ des rigoleurs ;
j’ gueul’rais « au feu » ou « au voleur »,
qu’ personne il y f’rait attention.

Et vous aussi, Vierge Marie,
Sainte-Vierge, Mère de Dieu,
qui pourriez croir’ que j’ vous oublie,
ayez pitié du haut des cieux.

J’ suis là, Saint’-Vierge, à mon coin d’ rue
où d’pis l’apéro, j’ bats la semelle ;
j’ suis qu’eune ordur’, qu’eun’ fill’ perdue,
c’est la Charlotte qu’on m’appelle.

Sûr qu’avant d’ vous causer preumière,
eun’ femm’ qu’ est pus bas que l’ ruisseau
devrait conobrer ses prières,
mais y m’en r’vient qu’ des p’tits morceaux.

Vierge Marie... pleine de grâce...
j’ suis fauchée à mort, vous savez ;
mes pognets, c’est pus qu’eun’ crevasse
et me v’là ce soir su’ l’ pavé.

Si j’entrais m’ chauffer à l’église,
on m’ foutrait dehors, c’est couru ;
ça s’ voit trop que j’ suis fill’ soumise...
(oh ! mand’ pardon, j’ viens d’ dir’ « foutu. »)

T’nez, z’yeutez, c’est la Saint-Poivrot ;
tout flamb’, tout chahut’, tout reluit...
les restaurants et les bistrots
y z’ont la permission d’ la nuit.

Tout chacun n’ pens’ qu’à croustiller.
Y a plein d’ mond’ dans les rôtiss’ries,
les épic’mards, les charcut’ries,
et ça sent bon l’ boudin grillé.

Ça m’ fait gazouiller les boïaux !
Brrr ! à présent Jésus est né.
Dans les temps, quand c’est arrivé,
s’ y g’lait comme y gèle e’c’te nuit,
su’ la paill’ de vot’ écurie
v’s z’avez rien dû avoir frio,
Jésus et vous, Vierge Marie.

Bing !... on m’ bouscule avec des litres,
des pains d’ quatr’ livr’s, des assiett’s d’huîtres,
Non, r’gardez-moi tous ces salauds !

(Oh ! esscusez, Vierge Marie,
j’ crois qu’ j’ai cor dit un vilain mot !)

N’est-c’ pas que vous êt’s pas fâchée
qu’eun’ fill’ d’amour plein’ de péchés
vous caus’ ce soir à sa magnère
pour vous esspliquer ses misères ?
Dit’s-moi que vous êt’s pas fâchée !

C’est vrai que j’ai quitté d’ chez nous,
mais c’était qu’ la dèche et les coups,
la doche à crans, l’ dâb toujours saoul,
les frangin’s déjà affranchies....

(C’était h’un vrai enfer, Saint’-Vierge ;
soit dit sans ête eune effrontée,
vous-même y seriez pas restée.)

C’est vrai que j’ai plaqué l’ turbin.
Mais l’ouvrièr’ gagn’ pas son pain ;
quoi qu’a fasse, elle est mal payée,
a n’ fait mêm’ pas pour son loyer ;

à la fin, quoi, ça décourage,
on n’a pus de cœur à l’ouvrage,
ni le caractère ouvrier.

J’ dois dire encor, Vierge Marie !
que j’ai aimé sans permission
mon p’tit... « mon béguin... » un voyou,
qu’ est en c’ moment en Algérie,
rapport à ses condamnations.

(Mais quand on a trinqué tout gosse,
on a toujours besoin d’ caresses,
on se meurt d’amour tout’ sa vie :
on s’arr’fait pas que voulez-vous !)

Pourtant j’y suis encore fidèle,
malgré les aut’s qui m’ cour’nt après.
Y a l’ grand Jul’s qui veut pas m’ laisser,
faudrait qu’avec lui j’ me marie,
histoir’ comme on dit, d’ l’engraisser.
Ben, jusqu’à présent, y a rien d’ fait ;
j’ai pas voulu, Vierge Marie !

Enfin, je suis déringolée,
souvent on m’a mise à l’hosto,
et j’ m’ai tant battue et soûlée,
que j’en suis plein’ de coups d’ couteau.

Bref, je suis pus qu’eun’ salop’rie,
un vrai fumier Vierge Marie !
(Seul’ment, quoi qu’on fasse ou qu’on dise
pour essayer d’ se bien conduire,
y a quèqu’ chos’ qu’ est pus fort que vous.)

Eh ! ben, c’est pas des boniments,
j’ vous l’ jure, c’est vrai, Vierge Marie !
Malgré comm’ ça qu’ j’aye fait la vie,
j’ai pensé à vous ben souvent.

Et ce soir encor ça m’ rappelle
un temps, qui jamais n’arr’viendra,
ousque j’allais à vot’ chapelle
les mois que c’était votre fête.

J’arr’vois vot’ bell’ rob’ bleue, vot’ voile,
(mêm’ qu’il était piqué d’étoiles),
vot’ bell’ couronn’ d’or su’ la tête
et votre trésor su’ les bras.

Pour sûr que vous étiez jolie
comme eun’ reine, comme un miroir,
et c’est vrai que j’ vous r’vois ce soir
avec mes z’yeux de gosseline ;
c’est comm’ si que j’y étais... parole.

Seul’ment, c’est pus comme à l’école ;
ces pauv’s callots, ce soir, Madame,
y sont rougis et pleins de larmes.

Aussi, si vous vouliez, Saint’-Vierge,
fair’ ce soir quelque chos’ pour moi,
en vous rapp’lant de ce temps-là,
ousque j’étais pas eune impie ;
vous n’avez qu’à l’ver un p’tit doigt
et n’ pas vous occuper du reste....

J’ vous d’mand’ pas des chos’s... pas honnêtes !
Fait’s seul’ment que j’ trouve et ramasse
un port’-monnaie avec galette
perdu par un d’ ces muf’s qui passent
(à moi putôt qu’au balayeur !)

Un port’-lazagn’, Vierge Marie !
gn’y aurait-y d’dans qu’un larantqué,
ça m’aid’rait pour m’aller planquer
ça m’ permettrait d’attendre à d’main
et d’ m’enfoncer dix ronds d’ boudin !

Ou alorss, si vous pouez pas
ou voulez pas, Vierge Marie...
vous allez m’ trouver ben hardie,
mais... fait’s-moi de suit’ sauter l’ pas !

Et pis... emm’nez-moi avec vous,
prenez-moi dans le Paradis
ousqu’y fait chaud, ousqu’y fait doux,
où pus jamais je f’rai la vie,

(sauf mon p’tit, dont j’ suis pas guérie,
vous pensez qu’ je n’arr’grett’rai rien
d’ Saint-Lago, d’ la Tour, des méd’cins,
des barbots et des argousins !)

Ah ! emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi
avant que la nuit soye passée
et que j’ soye encor ramassée ;
Saint’-Vierge, emm’nez-moi, j’ vous en prie ?

Je n’en peux pus de grelotter...
t’nez... allumez mes mains gercées
et mes p’tits souliers découverts ;
j’ n’ai toujours qu’ mon costume d’été
qu’ j’ai fait teindre en noir pour l’hiver.

Voui, emm’nez-moi, dit’s, emm’nez-moi.
Et comme y doit gn’y avoir du ch’min
si des fois vous vous sentiez lasse
Vierge Marie, pleine de grâce,
de porter à bras not’ Seigneur,
(un enfant, c’est lourd à la fin),

Vous me l’ repass’rez un moment,
et moi, je l’ port’rai à mon tour,
(sans le laisser tomber par terre),
comm’ je faisais chez mes parents
La p’tit’ moman dans les faubourgs
quand j’ trimballais mes petits frères.

 

La Charlotte de Jehan Rictus...

 

(se reporter également à l’interprétation de Marie Dubas :

http://youtu.be/mAM230WywT8)

12272855259?profile=originalTableau de William Bouguereau : " Petites mendiantes",  1890

 

                Tant qu’à la coutume qui consiste à marquer le « gui l’an neuf », cru 2013, je ne peux qu’y souscrire volontiers, affectionnant les traditions ponctuant notre calendrier, et vous adresse donc, mes vœux les plus florissants à l'aube de ce nouvel an porteur de nombre d'or, 13 !

               Gageons que les valeureuses "Galatées" officiant ici même en terres apolliniennes, sous le regard bienveillant, mais sans concession de notre Pygmalion à tous, Robert Paul, nous réjouissent plus que jamais par leurs créations, et ce, dans une saine émulation...

                Fasse que lyre orphique et palette de peintre s’entrecroisent avec grâce, nous offrant la respiration vitale afin de nous soustraire, le temps de visites enrichissantes et émouvantes, des contingences matérielles de l’existence, de la monotonie de notre quotidien !

                 Et que nos échanges d'êtres favorisés, soient une source perpétuelle de réflexion salutaire, sinon de jubilation :

 

"L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.

 Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant

 une image privilégiée des souffrances et des joies communes.

 Il oblige donc l’artiste à ne pas s’isoler ;

 il le soumet à la vérité la plus humble et la plus universelle. (…)

 C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ;

 ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.

 Et, s’ils ont un parti à prendre en ce monde, ce ne peut être que celui d’une société où,

 selon le grand mot de Nietzsche, ne régnera plus le juge,

 mais le créateur, qu’il soit travailleur ou intellectuel."

 

Albert Camus

 

(Discours de Suède, 1957)

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Commentaires

  • Dès que le divin Esculape m'entourera à nouveau de ses bienfaits, soit que ma matière grise aura repris un peu de couleur, après une chute du système immunitaire qui me laisse sans voix et sans une heure de plein et régénérateur sommeil, je reviens vous dire merci, amis, dont notre chère Rolande qui ne saurait écrire sans y mettre la couleur de ses nobles sentiments...

    2965957330?profile=original

    Dans cette attente, je laisse la parole à un duo de marque, expert en matière de langage évolué : Ne serait-ce pas Cyrus dit le "Prince noir" qui s'adresserait à son presque jumeau, le frérot Cyrano le Magnifique, notre mascotte et bien connu sur ce réseau, tandis qu'un troisième larron de leur fratrie féline semble parti pour une escapade lunaire ?

    Tout porterait à le croire !

    Miaulesquement vôtre...

  • Chère Valériane, merci !!

    Merci pour "La Charlotte prie Notre-Dame" , les petites mendiantes auxquelles j'ajouterai volontiers "La petite fille aux allumettes": elle a accompagné toute mon enfance d'enfant de guerre où l'on ne connaissait pas les réveillons avec agapes .... Lorsque nous recevions, lors d'un goûter de pauvres, d'enfants de prisonniers de guerre, de déportés ... du chocolat chaud avec un cougnou, nous étions les plus heureux du monde !

    Vraiment désolée pour toi, mais je n'en suis guère surprise. Le "repli sur soi" est devenu la règle. Fort heureusement, il reste néanmoins des pôles préservés. Dans certains villages, l'on organise, après la Messe de Minuit, reportée à 18H. une simple collation avec vin chaud, café ou chocolat chaud, des cougnous. Ces agapes, fort simples mais cordiales, me font voyager dans le passé de mon enfance, plein d'amour et de tendresse malgré les privations. Les gens étaient solidaires, très différents de ceux décrits dans ton billet tant soi peu désabusé. Hélas !

    Dans ma jeunesse, préparation de chocolat chaud, jouets pour les Saint-Nicalas etc. ..., souvent destinés aux enfants des membres du personnel de l'organisme qui nous employait ....  en Afrique.

    Bref, jamais de Réveillons somptuaires mais toujours des repas simples en famille. Tradition qui se perpétue encore de générations en générations .... Juste après la guerre, nous nous contentions de cramiques avec chocolat chaud.... au retour de la Messe de Minuit. Pour la Nouvelle Année ? Pas de réveillon, mais des réunions de famille qui s'échelonnaient tout au long de l'année. Elles débutaient chez les grands-parents ....

    Ah oui ! j'oubliais des Fêtes de Fin d'année passées dans un lit d'hôpital .... en clinique et, par la force des choses, dans la solitude .... 

    Faut-il vraiment se lancer dans des préparations compliquées, des repas trente-six plats plus sophistiqués les uns que les autres pour se sentir heureux ?

    Chère Valériane, je vous souhaite une année chaleureuse pleine de désirs réalisés, surtout lorsqu'ils s'orientent vers les délaissés de nos Sociétés aux valeurs inversées, insensées, irrationnelles ....

    Malgré tout, Lumière et Espérance luisent toujours dans nos Ténèbres. Elles sont nos guides.

    Mille voeux pour 2013 ....

  • Merci Valériane !

    Que l'année 2013 comble vos espérances !  Amitié, Nicole

  • Mes meilleurs voeux Valériane et merci pour cette critique très justement énoncée sur le fossé qui sépare de jour en jour les démunis des nantis. A chaque course, une pièce est glissée dans l'escarcelle d'un pauvre mais qu'est-elle à côté de leur réel besoin ? Et à travers les ages, la société continue à évoluer dans cette misère sans se soucier des malheurs d'autrui.. Quelle solution ????Amitiés. Jacqueline

  •  bons voeux pour l'année 2013  !!!!!!!!!!!!!!!!

  • Ce souci de nos frères humains démunis t'honore Chère Valériane !

    Et je comprends bien ton élan à vouloir voler à leur secours.

    Les plus beaux Noëls de ma vie furent ceux vécus dans ma jeunesse à servir et animer

    le repas de Noël dans des Maisons de Retraite.... Nous étions un groupe pratiquant la méditation

    et voulant nous rendre utile.

    Parfois quand cela ne fonctionne pas comme il faut, nous avons meilleur temps d'organiser par nous-mêmes.

    Tous mes bons voeux de succès dans tes diverses entreprises

    et Joie !

  • Une très belle année 2013 chère Valériane .Merci pour ce magnifique tableau de William Bouguereau  que vous nous offrez .

    Je comprends et ressent votre déception face à l’égoïsme et l'indifférence de certaines dites "bonnes personnes "
    pour avoir vécue ce genre de situation .
    Merci aussi pour cette si touchante prière
    Amitiés

  • meilleurs voeux à vous aussi.

  • administrateur partenariats

    Merci Valériane de nous ramener sur terre un instant...

    meilleurs voeux à vous...

    Liliane

  • Très attentive à votre billet ...Que 2013 vous apporte ce que vous souhaitez.

    Merci pour vos voeux et soyons "créateurs".

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