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Sous un soleil d'automne JGobert

Un soleil d'automne verse ses derniers rayons de lumière et inonde la terre de magie,  d’enchantement. Un hiver s'installe sur une nature où la végétation se sent mourir insensiblement et résiste encore. Un ciel pur dans un espace de beauté mêlé de couleurs flamboyantes, éclatantes, aux tons or et ocre. Un lac scintillant où les oiseaux se posent avant un long voyage.  

Non loin de là, à l’orée d’un bois, une petite demeure désertée, laissée à l'abandon par les propriétaires et qui n'intéresse plus personne. La porte est entrouverte et laisse entrer le vent. Les fenêtres ont des carreaux brisés, cassés. La toiture, en mauvais état, redoute le prochain hiver. Le bois craque, souffre et malgré cette désaffection, cette bâtisse respire encore l’odeur du passé, l’odeur du plaisir d'antan, l’odeur du bonheur.

Aux seuils de l'hiver, les esprits de la forêt en prennent possession. Ils s'installent, vont et viennent, animent cet endroit à leur façon. Cette maison solitaire est douce, tendre et recèle des trésors oubliés, effacés..

Un étrange génie y habite et se confond à la maison. Il y réside depuis toujours et a connu les derniers habitants partis. Les esprits de la forêt font bon ménage avec lui.  Il est la bonté même.

Les anciens locataires ont déménagé pour vivre en ville, dans la facilité, le confort. La vie dans la forêt était trop laborieuse, pénible pour eux. Ils ont échangé une liberté, une douceur de vivre, une sérénité d'être soi avec une nature généreuse pour un bien-être plus matériel.

Les esprits savent que la nature est rude, difficile, cruelle et que les hommes sont sots de partir et d'abandonner cette existence. Ils ont oublié l'essentiel : la magie de l'endroit.

L'hiver est arrivé rapidement avec son lot d'intempéries. La petite maison est malmenée, brimée  et souffre dans ce vent et cette pluie glaciale. Le froid ne l'épargne pas. La neige, le gel la transpercent, l’envahissent. Elle est triste d'être ainsi isolée. Les esprits de la forêt la réconfortent et l'entourent d'amour, mais la petite maison n'y parvient plus. C'est trop pénible cette année. Elle sent sa vieille charpente trop lourde pour elle.

Pourquoi ne pas appeler le génie et enfin le réveiller ?

Les esprits savent que ce n'est pas leur rôle et qu’ils n’ont pas le pouvoir de s’adresser au génie, mais c'est pour une bonne cause. Il faut aider la petite maison.

Celui-ci s’étire et enfin se réveille. Il se confond à l’environnement et en prend possession sans le moindre souffle.

La solitude rend vulnérable, précaire. Un secret bien gardé pour ne pas susciter la pitié de ceux qui clament haut et fort leur bonheur. La petite maison de la forêt souffre de solitude, d’isolement, de ce bonheur perdu dans les méandres du temps. De la routine qui a fini par tout effacer et qui a laissé partir au loin ce qui lui était si précieux. Des actes, des mots que le sens du temps a fait chavirer et tomber dans l’oubli.

Le génie, sorti de son repos, a des solutions mais il est difficile de reconquérir une foi, une confiance que l’on a laissé partir sans se battre, que l'on croyait acquise à tout jamais.

Au bord du chemin, un jeune couple que rien n'a épargné et qui cherche un endroit pour dormir, se reposer, arrive à pas lents sous la pluie. Ils sont seuls, démunis et au bord d'un gouffre que l'on nomme désespoir, misère. La vie et les hommes ne leur ont pas facilité l'existence. De promesses en mensonges, ils marchent depuis des heures sous le froid et se demandent ce qui va leur arriver.

Les esprits de la forêt les ont repérés et font en sorte de les attirer vers ce chemin abandonné. Le génie a déjà tout prévu et la petite maison, d’un coup, se relève, se réveille, scintille. C’est un cadeau du ciel que chacun prend avec joie. Le couple ne sait pas encore que dans quelques minutes, une maison va ouvrir son cœur pour les accueillir, les protéger, les aimer. Celle-ci va revivre enfin et accompagner ces gens dans une existence nouvelle, riche et pleine de beauté du cœur.

Mais le jeune couple ne cherche pas à s’installer ici, dans une vie rude. Il préfère passer son chemin. La petite maison, le génie et les esprits de la forêt sont stupéfaits de ce refus.

La tourmente a cessé. Une autre route se dessine au loin et des lumières s’allument. Une auberge chauffée attend les voyageurs sans bagages. Il reste une chambre libre. Ils seront bien le temps d’une nuit dans les bras des fées. Demain sera un autre jour avec les rêves d’un monde nouveau.

La petite maison, désespérée, se console et s’apaise. Seule au bord de la forêt, elle songe à ce qu’a été sa vie, ses bonheurs, ses jours heureux, enchantés. Le génie s’est rendormi et les esprits de la forêt s’activent. Ils préparent une grande fête aux couleurs du temps avec au centre la petite maison de la forêt.

Ce temps qui n’appartient plus aux hommes.

 

 

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