Il se démonte en lui-même
en une infinité de pièces minutieuses
sans nombre
par jeu de pertes et d’usures
il se défait
quelques fois il s’empare de l’une des pièces
une idée au hasard
une image de petit bois sec
un claquement de pomme de pin
d’autres fois il prend des notes
noter : cette douleur s’estompe songer à envoyer
bon de commande
noter : ce bonheur semble fragile songer à renforcer
les axes aux entournures
noter : cette envie de pleurer
d’aimer
de boire
d’oublier
de mourir
de vivre seul
il prend soin néanmoins de ne point mélanger
l’ordre de remontage
hélas cette pièce est usée elle aussi
trop usée
qui de quoi de quand où ça allez savoir
il sort de son hangar d’argile
aux autres il demande de l’aide
un plan pour repartir
mais c’est partout le même bordel on lui répond
il s’assoit
il cherche ses coudes
ses genoux
il cherche ses mains pour prendre sa tête
qui traîne
quelque part à côté du cœur tout démonté
il pleure sans larme
il pense à la tristesse de la vie qui l’attend
là-haut dans la pénombre de ses yeux baissés
égarés
quelque part.
texte extrait de "tu n'es pas encore prêt pour ton jour de chance en enfer" - Le Veilleur Editions - 2000 - épuisé -
Commentaires
Bonjour Dominique.
Très touchant, en effet.
Pleurer sans larme : je connais, nous connaissons tous, probablement. La vie nous apprend à "pleurer en-dedans", pour ne pas montrer sa faiblesse, paraître plus fort.
Merci de ce beau partage et bonne fin de dimanche.
Bisous, Claudine.
Très émouvant... en quelques mots, une vie disloquée... solitude et questionnement!