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administrateur théâtres

Au théâtre Royal du Parc : Mademoiselle Julie de August Strindberg/ Mise en scène : Jasmina Douieb

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Julie: une enfant gâtée qui séduit le cocher ? Pas vraiment. Une  princesse tout de même, qui va s’enflammer au contact d’un jardinier de la Saint-Jean. Belle histoire comme celle de l’amant de Lady Chatterley ? Pas vraiment. La belle vit une histoire qui la pousse au désespoir. Malgré la victoire de l’amour sur les conventions sociales, du corps sur l’esprit, du primitif sur la pensée trop réfléchie, l’explosion des conventions et  la  quête d’amour se font ...à coups de foudre qui tue.

Le huis clos est représenté par une énorme boîte qui s’ouvre lentement. On pense à un coffret de papier à lettres fleuri et  romantique, mais là  on est dans la cuisine du château avec une Julie en tenue  de cavalière, séductrice, revendicatrice. Elle ne sait rien sur le sexe auquel elle appartient. Sa mère vengeresse, l’a empêché de devenir « femme », au nom de l’égalité entre les sexes, au nom d’une guerre implacable contre son mari,  menée à coups d’incendies. Les joutes cruelles entre les futurs amants  se déroulent dans la cuisine sous les yeux effarés de Christine la gardienne du château,  la fiancée du compère soudain  piqué d’amour pour la dame des lieux. « Je te hais autant que je t’aime. »

Fabrice Rodriguez (Jean), poignant  dans  l'Hamelin deJuan Mayorga (mise en scène Christophe Sermet) au théâtre du Rideau l’année dernière, joue avec raffinement et élégance le domestique madré. Il fustige les nantis : « Quand les maîtres se mélangent avec le commun, ils deviennent communs ». Julie : « Ce soir, laissons tomber le rang ! » Jean : « Ne descendez pas mademoiselle, tout le monde pensera que vous tombez ! » Julie : « Comme vous êtes fier !» Jean : « Parfois oui, parfois non !»   Julie : « Avez-vous jamais aimé ? « Cela doit être un malheur infini que d’être pauvre !» Il lui raconte comment tout jeune domestique, il était tombé amoureux d’une princesse de onze ans qui s’appelait Julie. Il se rendait à l’église, juste pour l'entrevoir. « C’était pour moi le signe de l’impossibilité  de  sortir du cercle où j’étais. » Après les aveux, Julie s’offre au serviteur qui rêve de s'élever et  devenir comte à son tour. L'argent peut tout acheter.

Mais le poids des conventions rattrape  bientôt la pauvrette, écrasée par la terrifiante image   de son  père qui va revenir de voyage. Elle ne peut non plus  se résoudre à suivre Jean ( Julien Sorel ?) en Italie pour recommencer une vie nouvelle et ouvrir un hôtel. « Je veux partir et je veux rester ». Le serin dans sa cage de voyage est mort au point du jour.  Je ne vous dirai pas comment. « Le soleil se lève et le troll crève ! » constate Jean.

Une atmosphère grinçante, étouffante. Anouchka Vingtier (Julie) , la mal-aimée,  tape du pied,  vitupère, s’emporte, crie. Une authetique enfant gâtée, dans tous les sens du terme. Les scènes avec la délicieuse Christine (Catherine Grosjean), la cuisinière font du bien. Il y a ce bord de scène inoubliable où elle s’adresse à sa chatte, une chatte  imaginaire  qui a encore fauté, elle est prête à mettre bas sans doute.  Après tout, c'est la Saint-Jean pour hommes et bêtes. Il est bon parfois d’être pieds sur terre.

La mise en scène est très belle.

 

 

http://www.theatreduparc.be/

Du 1er au 31 mars 2012

Avec : Anouchka Vingtier, Fabrice Rodriguez, Catherine Grosjean

 et à l’accordéon : Liborio Amico, musique de Pascal Charpentier

 

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