LES 39 MARCHES
de JOHN BUCHAN et ALFRED HITCHCOCK /Adaptation de Patrick Barlow. Adaptation française de Gérald Sibleyras
Ladies and gentleman, Mesdames et Messieurs ! « The 39 Steps », roman d’espionnage écrit en 1915 par John Buchan, futur vice-roi de Canada, lu en anglais simplifié par les élèves de secondaire belge depuis 1980 ( … how boring !), revu et corrigé par Sir Alfred Hitchcock himself en 1935 (... how gripping!) a déferlé sur les planches de la salle des voûtes du théâtre le Public.
Sur scène une course-poursuite échevelée, en chair en en os, en chapeaux et gabardines, en locomotive, taxi, avion, parachute, affrontant les torrents, les marais, les précipices, les moutons, le Loch Ness lui-même. Les quatre acteurs intrépides mènent un train d’enfer. Illusionniste et prestidigitateur, le quatuor fait surgir des planches et autres coffres de voyage, pas moins de 200 personnages aussi rocambolesques qu'abracadabrants.
Sans transitions, ils racontent sur un rythme haletant la poursuite du meurtrier supposé d’une jeune femme, impliquée dans une trouble affaire d’espionnage au tournant de l’année la plus noire du début du 20e siècle : 1914. Les secrets militaires de la splendide Albion seront-ils préservés?
Joséphine de Renesse vue dans « Adultères » de Woody Allen en octobre dernier au théâtre Varia est craquante de charme quels que soient les personnages qu’elle endosse : de la fille de ferme à la séduisante inconnue blonde rencontrée dans le train! Gaëtan Lejeune un excellent comédien de « Hamelin » et de « Soudain l’été dernier », caracole avec son alter ego (Marc Weiss) dans les rôles hilarants de brutes plus ou moins épaisses (police et espions de tout poil) tandis que l’imperturbable gentleman Sud –Africain à la fine moustache, Richard Hannay,(Michelangelo Marchese ), pris dans un engrenage, sillonne les routes et les dangers de la verte Angleterre à bord d’une aventure en forme de cœur.
Pour se tirer d’affaire, iI déclamera même une harangue politique en bonne et due forme! Une improvisation de discours humaniste! Why not? La guerre fait rage en Europe ! Une pluie de situations comiques, d' "understatements" bien British, de rebondissements et de citations cinématographiques s’abat sur le spectateur ébahi : décors … imaginaires, portes qui s’enfilent, paysages qui défilent sous le regard béat des moutons que le complot laisse indifférents. En êtes-vous chers spectateurs, bouche bée devant tant d’imagination scénique, tant d’énergie théâtrale qui parcourt la scène dans tous les sens ? L’intrigue est simple et efficace. James Bond avant la lettre! Damned, he's never trapped! Du théâtre d’action ? Sans nul doute, mais le plaisir - si c’est un crime - est avoué.
http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=290&type=1
DU 26/01/12 AU 31/03/12
Scénographie : Paola Castreul
Costumes : Jackye Fauconnier
Lumière : Nathalie Borlée
Concept original de Simon Corble et Nobby Dimon
Régisseur : Louis-Philippe Duquesne
Avec : Joséphine de Renesse, Gaëtan Lejeune, Michelangelo Marchese et Marc Weiss.
Mise en scène: Olivier Massart
Commentaires
LES 39 MARCHES (reprise)
de JOHN BUCHAN et ALFRED HITCHCOCK. Adaptation de Patrice BARLOW. Concept original de Simon CORBLE et Nobby DIMON. Adaptation française de Gérald SIBLEYRAS.
Mise en scène : Olivier Massart Avec : Joséphine de Renesse, Gaëtan Lejeune, Michelangelo Marchese et Marc Weiss.
DU 16/05/13 AU 29/06/13
Cette pièce vous fait voyager de Londres à Edimbourg, galoper en train, avion ou parachute, et sillonner une centaine de personnages, sans quitter la petite salle des voûtes, avec seulement quatre comédiens et quelques malles. C'est l'audacieux défi relevé par Olivier Massart, qui adapte le roman d'espionnage de John Buchan, surtout connu pour sa version cinématographique réalisée par Alfred Hitchcock. Le metteur en scène brasse tous les genres : son héros, Richard Hannay (Michelangelo Marchese, maniant le sourcil comme personne), oscille entre le flegme de James Bond et le cynisme délirant du OSS117 de Jean Dujardin. Ses poursuivants - espions ou détectives - ont plutôt la dégaine grotesque des Dupont et Dupond. Et ses femmes fatales empruntent aussi bien à Heidi qu'à Marilyn (Joséphine de Renesse, pleine de souplesse).
Ce qu'on savoure avant tout, c'est le rythme fou et l'inventivité avec laquelle avance le polar, à l'intrigue connue. Au cours d'un étrange spectacle, Richard Hannay rencontre une jeune femme qui prétend être poursuivie. Il accepte de la cacher chez lui, où on l'assassine. Craignant d'être accusé, il comprend qu'il ne pourra prouver son innocence que s'il s'implique dans une intrigue d'espionnage. Il n'a que deux indices, une phrase qu'elle lui a dite, "les 39 marches", et le nom d'un lieu en Écosse
Pour nous faire voyager à travers le Royaume-Uni, au fil de rocambolesques aventures policières et amoureuses, la pièce fait feu de tout bois : un théâtre d'ombres évoquant les courses-poursuites dans la lande écossaise, ou encore une locomotive miniature et des comédiens mimant le roulis du train pour illustrer les péripéties sur les rails. Mais aussi deux comédiens (Gaétan Lejeune et Marc Weiss) changeant inlassablement de costumes pour incarner des dizaines de personnages (laitier, vendeur de journaux, tenanciers d'auberge) et autant de décors (troupeaux de moutons, buissons d'aubépine ou crevasses rocheuses, on vous laisse imaginer comment).
Empruntant à l'humour "slapstick", ces deux comédiens mouillent leur chemise dans des numéros burlesques, l'accumulation s'avérant un tantinet saoulante : comique de répétition à grosse louche, overdose d'accent belge, jeu criard et gags faciles, ce n'est pas la partie que nous avons préférée. Nous avons tout de même largement savouré ces deux heures ultra-divertissantes, beau pied de nez à la prétendue suprématie du grand écran pour représenter les épopées et l'aventure.
CATHERINE MAKEREEL
(par W.M. - édition du 29/05/2013)
Je vous recommande l'article de Catherine Makereel dans le Mad:
http://mad.lesoir.be/scenes/35966-les-39-marches/