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administrateur théâtres

12273104476?profile=original12273104500?profile=original12273105671?profile=originalWAM! Magnifique sujet ! Brassens* ou Brel en aurait fait une chanson bien sympathique, Raymond Devos, en aurait fait un délire scénique, Raymond Queneau un exercice de style facétieux, Thomas Günzig un café serré palpitant.

L’idée est excellente : saisir sur le vif cinq quidam en proie au désir foudroyant  d’être ou de devenir premier.

Premier en math ? Premier né? Premier de cordée ? (Personne ne connait plus…) Jeune premier ? (Cela se fait encore?) Premier baiser? … On verra beaucoup plus torride, et pas toujours du meilleur  goût!

“Be the first to post on this Page”, lit-on souvent! On écrira donc!

Premier oui! Etre le Premier dans le rang, comme à l’école, en première  primaire, ils se bousculent pour être devant la ligne tracée au sol. On n’est nulle part, il n’y a pas de décor.  Laura Noel, Maud Bauwens, Robin Van Dyck, Camille Pistons, Abel Tesch et Gabriel Aimaer interprètent des quidams stéréotypés à outrance qui enragent ferme devant  cette ligne blanche marquant la tête d’une queue devant Rien. Le nom de la troupe c'est d’ailleurs « le théâtre Jean Rage ». (Rires).  Il ne se passera rien d’autre. Cela crie, se renverse, se pousse, gesticule, copule à qui mieux mieux. Les artistes très dynamiques endossent avec férocité la tricherie, la manipulation, la séduction mais le choix de la mise en scène ne nous semble pas très convaincante, car  l’exagération délibérée finit par nuire ou agacer.

Le maillon faible, ce n’est donc pas tant les jeunes comédiens  à qui on a demandé de surjouer,  mais le metteur en scène qui a trop donné dans la caricature et pas assez dans la justesse de ton.

Au contraire, s’il avait choisi  l’ironique «  understatement », à la manière de Beckett, ou les silences de Pinter, le texte d’Israël Horovitz n’aurait pas été si dilapidé! Et les folles stratégies des « gagnants » auraient été mieux mises en évidence. Victime du chaos et de la sauvagerie ambiante, Benoît Pauwels a sans doute perdu son cordeau, fasciné par la ligne blanche qu’il a installée pour  conduire le spectateur du bar à la salle du troisième et qu’il doit finir par faire avaler à l’un des quidams!  Sacré défi! L’oiseau rare qu’est cette pièce  culte d’Israël Horowitz... est bien ébouriffé et en avale presque sa cravate!

Dans la salle pleine à craquer, nous sommes arrivés les  derniers sur la liste d’attente et,  installés au tout premier rang, en définitive nous étions bienheureux de jouir d’une telle perspective sur le plateau. Ah qu’il est bon d’être premier! Et le public derrière nous ? Très réactif, féroce lui aussi, sans doute bien calibré sur le spectacle : une jeune assemblée friande de deuxième degré, du décalé, comme on dit!  Mais nous étions souvent les derniers à rire, trop préoccupés à  analyser les réactions autour de nous. Pour nous, la férocité, le parfois vulgaire, et le désarticulé ne font pas le bonheur. A propos, c’est de Guy Béart « le premier qui dit la vérité ! », non ?

*https://www.youtube.com/watch?v=_srFL6xXsQ0

13 représentations en Mai au :

Centre Culturel des Riches-Claires

Les Riches-Claires, situées au cœur de Bruxelles, à deux pas de la Place Saint-Géry et de la Bourse sont un centre culturel ouvert à toutes les disciplines des arts de la scène. Par leur programmation, originale et accessible, les Riches-Claires cherchent à perpétuer leur tradition de scène théâtrale privilégiant l'humour, tout en offrant un espace d’expression à la danse contemporaine, la musique et le cinéma. La grande nouveauté depuis septembre 2013, c’est l’inauguration de la deuxième salle de représentation! Cet espace fraîchement rénové permet désormais de proposer deux spectacles par soir et ainsi de considérablement augmenter le nombre de pièces présentées. Un atout majeur pour le centre culturel qui se définit comme une rampe de lancement pour les jeunes artistes tout en permettant aux compagnies confirmées de tenter de nouvelles expériences.

r. des Riches Claires, 24
1000 Bruxelles

Tél. : 02-548.25.80

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    "Les inconnus se connaissent à fond, et parce qu'ils se connaissent, ils se haissent, se méprisent, se battent pour la première place (bien entendu) qu'ils perdent et regagnent et reperdent tour à tour.On est prêt à tuer. On veut même mourir le premier si c'est le seul moyen d'arriver premier.Israël Horovitz est à la fois réaliste et sentimental.On imagine donc à quel point il peut être féroce." (Eugène Ionesco) .

  • administrateur théâtres

    « Le Premier », d’Israël Horovitz (critique de Laurent Schteiner), Aktéon Théâtre à Paris

    Une quête existentielle

     

    On ne présente plus « le Premier », la pièce culte d’Israël Horovitz, mise en scène par Léa Marie-Saint-Germain à l’Aktéon Théâtre. Cette pièce, interprétée avec brio par une troupe de jeunes comédiens issus des cours Florent, m’a enchanté par la justesse de jeu et de ton. Cette pièce originale sera présente au prochain Festival d’Avignon. Une belle consécration pour ces comédiens volontaires et dynamiques.

     

    Le Premier est sans conteste l’une des œuvres les plus jouées d’Horovitz. Cette fable philosophique traite des conflits de cinq individus (quatre hommes et une femme), qui font la queue derrière une ligne blanche. « Ce qui compte avant tout est d’être le premier ! » Horovitz laisse le spectateur dans l’expectative. Mais, au fil du temps, le public se désintéresse du thème principal pour se concentrer sur cette petite communauté aux prises avec ses propres démons.

     

    On doit reconnaître tout le talent d’Israël Horovitz à tenir son public en haleine avec une simple ligne blanche et le dessein de ces individus à obtenir à tout prix ce fameux statut de premier. Au début, les personnages ne sont pas avares de ruses pour conquérir cette première place. Par exemple, une femme présente dans la queue exacerbe la libido des hommes au point de devenir l’objet de leurs convoitises. Chacune d’elles est rythmée au son enivrant de célèbres musiques de jazz ou de rock.

     

    premier-fw.jpg

     

    « Ceux qui partent à la chasse perdent naturellement leur place ! » Puis la tension monte, palpable, plus forte, et plus violente. Les règles de fair-play disparaissent jusqu’au dénouement final, où chaque personnage dispose d’un petit morceau de ligne blanche et peut ainsi revendiquer sa place de premier. Paradoxalement, cette quête n’a plus de valeur ni de sens.

     

    L’absence de scénographie sert une mise en scène alerte permettant aux spectateurs de se focaliser davantage sur le jeu des personnages. Leurs personnalités sont bien dessinées. Elles évoluent au cours de la pièce avec des intentions qui surprennent les spectateurs.

     

    Le jeu des comédiens, servi par un texte de qualité, est remarquable. Ils savent faire preuve d’un jeu plein d’énergie et de naturel. La mise en scène insuffle le dynamisme nécessaire à cette pièce, qui réclame un jeu très enlevé. Il est difficile de distinguer un comédien plus qu’un autre. Cependant, le jeu d’Aurélien Gouas (Stephen) m’a enthousiasmé par sa force et son énergie, et m’a rappelé à certains égards le jeu de Malcolm McDowell dans Orange mécanique. Cette parabole drôle et inclassable d’Israël Horovitz traduit avec précision ce besoin existentiel de certains de nos semblables de laisser une trace de peur de sombrer dans l’anonymat. 

     

    Laurent Schteiner

    Les Trois Coups

    www.lestroiscoups.com

  • administrateur théâtres

    Prems !

    Au théâtre de l’absurde, « Le Premier » ne finira pas dernier ! La pièce maîtresse de l’oeuvre foisonnante d’Horovitz, mise en scène par Benoît Pauwels, s’intéresse au problème récurrent des files d’attente. « Si vous voulez être le premier, vous n’avez qu’à être le premier ! » ou alors… argumenter, se faufiler, marchander, manipuler, agresser, tricher, négocier, voire coucher ? Une heure d’échanges intenses et variés, bien loin de la morosité d’une file d’attente.

    Rivalisant d’inventivité pour grappiller une place, cinq individus formant une queue n’ont progressivement plus qu’une idée : être le premier. Pour faire quoi ? Pour voir qui ? Pour aller où ? On ne le sait pas, l’important ne semble plus être là. Une file de cinq personnes, une seule place à l’avant, sauf si on inverse l’ordre de la queue, si on fait disparaître la file ou si on se hisse, discrètement, à la première place, stratégie choisie par l’aîné des protagoniste, le dénommé Dollan.

    L’originalité de cette fable contemporaine repose aussi sur le caractère jovial des disputes qui ne disparaît jamais même au plus fort des échanges. Ainsi lorsque Arnall voit sa femme enlacer le jeune Flemming, il ne s’énerve pas. Habitué aux infidélités de Molly, il ne s’en émeut pas, il est prévenu « pas de surprises, pas de bobos ». Une « saloperie de soirée », comme dirait Dollan, qui pourtant passionne, car dans cette file, chacun se préoccupe de l’autre, une certaine justice règne le long de la ligne blanche, l’idée est d’être le premier mais par forcément au détriment des suivants.

    Et puis, il y a les distractions apportées par Molly, la femme de Flemming, qui se donne à tout le monde, même si finalement, lucide, elle s’interroge : dans cette file, oui, bien sûr, on s’intéresse à elle, mais ailleurs, aurait-elle le même succès ?

    Chaque comédien apporte sa petite touche à cette fable absurde et drôle, qui repose sur le jeu des acteurs, les dialogues, mais aussi, sur le langage corporel. Une scène de tango, magnifique (mais un peu courte), des scènes de lutte au ralenti, un requiem de Mozart, la pièce est riche, subtile et chaleureuse. On en vient à penser qu’il vaut mieux se battre pour la première place que s’ignorer. Un conseil, hâtez-vous, la ligne blanche débute déjà dans l’escalier !

    Catherine Sokolowski

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