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administrateur théâtres

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Vous qui pensiez voir des violons dans la fosse jouer Lully, détrompez-vous. Si perruque d’époque il y a, et au singulier, elle deviendra pathétique et couverte de ridicule. C’est un théâtre très costumé mélangeant genres et époques. ( Création de Françoise Van Thienen). Un fauteuil et peut-être un tabouret font l’économie de tout autre accessoire. Afin de nous être plus proche ? Tant que cela plaît…et que les comédiens sont bien trempés dans la théâtralité, c’est sûrement bon ! Vous verrez des jeunes danseurs disco-techno qui s’éclatent et parodient le menuet et les danses galantes, comme s’ils étaient au Club Med (Chorégraphie de Stephanie Lowette). Cette pièce de Molière qui, la première, instilla dans notre jeunesse le rythme de la phrase, le plaisir des beaux mots et des expressions obsolètes, le sens de la comédie, l’esprit du suspense, le goût de l’humour et de la saine critique, est devenue sous la direction de Serge Demoulin… une farce moderne rock-coco.

 

 Il y aura sans doute des détracteurs, car le texte de la comédie-ballet n’a pas été gardé dans son élégance première au cours de la réécriture mais, comme la musique de Lully (adaptée par Daphné d'Heur), il  a été tordu pour le rendre plus percutantaux oreilles modernes et dénoncer ouvertement  la vanité de l’homme qui se rêve autre qu’il naît! Mais est-on vraiment à une époque de nouveaux riches prétentieux ou bien,  à une époque de nouveaux pauvres  et de démunis appelant à la raison ...qui ne serait pas toujours celle du plus fort ?  La femme a le beau rôle.  Ouf ! Cette bourgeoise bon teint à la voix de commère est une reine ignorée. Elle sait d’instinct la valeur des vraies valeurs et ne court pas après des chimères comme son naïf de mari qui s’émerveille tel une alouette, des apparences  et des trompe-coeur, et devient  victime consentante de tous les pièges et  hypocrisies du siècle.

 

images?q=tbn:ANd9GcSAf2OR-poyVfQpW22g3ClyU1XKjQx6CD3S4xWoc3PO9XcGkTNTCe qui est sûr c’est que la troupe de comédiens qui a joué dans plusieurs très beaux spectacles du Public cette année (Réal Siellez, Alexis Julémont, Maroine Amimi… ) s’amuse follement, comme à une auto-revue décalée! Et c’est vachement communicatif. Le rôle mythique du Bourgeois Gentilhomme sied à merveille à Michel Kacenelenbogen qui en fait une sorte de manifeste pour le rôle utile de l’artiste dans la société.  Lui aussi joue et s'amuse, d’une voix tantôt de bon vivant tantôt de celle de l'amoureux transi …pour sa propre image virtuelle. Quel talent de comédien ! Plus il avance dans l’intrigue, plus il se grime, à en devenir plus ridicule que les Précieuses du même nom. Les chansons ont du peps, le décor en triptyque est plein de trappes, celles de la dictature de l’argent et prend des airs de « Big Brother is watching you » !

Enluminure_300x0.jpgEt de surcroît, il est difficile de ne pas pouffer ou  de se tordre de rire carrément,  tant le comique est bien travaillé, truffé de trouvailles intelligentes et bien amenées. Si le jeu d’enfer est  un moyen pour attirer le public vers les textes classiques, on comprend la démarche, même si la nostalgie pour Jean-Baptiste Poquelin nous tire de temps à autres par  le bout du cœur. Et nous irons donc tous en enfer !  

Infos/Réservations

0800/944 44

Théâtre Le Public

Rue Braemt, 64-70

1210 Bruxelles

www.theatrelepublic.be

 

play_326_visu_le_bourgeois.jpg?width=250LE BOURGEOIS GENTILHOMME

de MOLIERE
Mise en scène : Serge Demoulin. Avec Michel Kacenelenbogen, Anne Sylvain, Babetida Sadjo, Maroine Amimi, Cédric Cerbara, Claire Beugnies, Grigory Collomb, Vincent Doms, Alexis Julémont, Agnieszka Ladomirska, Marvin Mariano, Quentin Minon et Réal Siellez.  DU 09/05/13 AU 29/06/13

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Commentaires

  • administrateur théâtres
    Critique du Soir
     

    Michel Kacenelenbogen se sent l'âme moliéresque : après le "Bourgeois gentilhomme" qu'il campe aujourd'hui dans son théâtre, il incarnera, dit-il, Arnolphe ("L'école des femmes") et Argan ("Le malade imaginaire"): trois rôles dont il peut avoir la carrure, des hommes au milieu de leur destinée, mais encore gourmands de vivre, de désirer, qui se laissent emporter et piéger par leurs rêves, leurs illusions... et par les escrocs qui les entourent. Il y a pas mal de naïveté, de vanité et d'émerveillement enfantin, bien plus que de ridicule dans le Monsieur Jourdain du patron du Public, dans ce bourgeois riche qui veut encore grimper dans l'échelle sociale, en mirage des hommes de qualité... Et pour égaler ces nobles de naissance qu'on appelle gentilhommes, il faut de la culture et des manières, savoir danser et chanter et ... paraître. En piste donc Monsieur Jourdain !
    Au fil de la pièce, le pathétique prend le pas, une sorte de folie aussi avec des sursauts de lucidité qui le laisse désemparé et cruel face à sa fille (Claire Beugnies), face à sa femme (Anne Sylvain plus aimante que mégère). Dirigé par Serge Demoulin, Kacenelenbogen signe une incarnation cohérente et sensible, qui n'avait nul besoin de ces prologue/épilogue devant le rideau et en chanson, pour enlever le masque de Jourdain.
    Face à lui, une armada virevoltante des jeunes comédiens bourrés de talents, emmenés par Réal Siellez, Alexis Julémont, Maroine Amimi... Protéiformes, ils ont un tonus d'enfer, ils se transforment en danseurs, en chanteurs, drillés par la chorégraphie de Stephanie Lowette, le coatching vocal et l'adaptation musicale de Daphné d'Heur et, surtout, par la mise en scène de Serge Demoulin. La scène explose en individualités et en choralité, elle fait sienne la structure de la comédie-ballet, avec ses intermèdes dansés et chantés qui plongent dans la musique de Lully pour la détourner en pop ou en chanson sans vraiment abandonner le XVIIè. La chorégraphie prend elle aussi appui sur la rhétorique baroque, sur ses bondissements et suspensions. Un beau travail que cette vivante appropriation d'une comédie-ballet parfois déjantée, souvent réussie entre des murs truffés de trappes et deux énormes portraits du maître des lieux qui s'admire, se scrute... et doute. La première partie de ce spectacle emporte l'adhésion, la seconde soutient un peu moins bien le rythme, notamment dans la farce turque du grand mamamouchi.

    Avec ce "Bourgeois gentilhomme" (1670), Molière et Lully répondait à la commande de Louis XIV : un "ballet turc ridicule", de quoi répondre à l'insolence d'un diplomate ottoman railleur du faste de la cour. Les turqueries devenaient à la mode. Et Molière en profitait pour croquer une fois de plus la société française qui secrètait naturellement ces types de bourgeois avides de parader à la cour. Il y épingle autant Jourdain que la noblesse vénale.

    MICHÈLE FRICHE

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