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administrateur théâtres

La religieuse d'après Denis Diderot ( au Jardin de ma soeur)

Ça commence toujours par une envie. Et il arrive parfois que cette envie se réalise.

L'envie de faire du théâtre tout près des gens; comme si le spectacle n'était qu'une conversation. Les grandes salles ne sont pas faites pour les conversations; et si l'on y converse, c'est derrière le cadre de scène. La rue est un endroit où cela devient possible et c'est une belle école pour tout le monde mais ce n'est pas assez convivial. Et puis c'est un autre fantasme.
Alors, quoi de plus convivial qu'un lieu clos, mi-salon, mi-café, chaleureusement décoré où l'on peut siroter son verre en assistant à un spectacle. C'est ça le café-théâtre.
Le café-théâtre "Le Jardin de ma Sœur" est né en 1994 à l'extrémité de l'ancien Grand Béguinage de Bruxelles, sur un des quais du vieux port de Bruxelles où œuvrent encore les fantômes des ouvriers dockers et où passent encore ceux des béguines en longues mantes noires.

23 novembre:



A l'angle du Quai au Bois à Brûler
et de la Rue du Grand Hospice,
à 1000 Bruxelles
(Marché au Poisson, Métro Sainte Catherine)
Tel: +32.2.217.65.82
E-mail: info@leJardindemaSoeur.b

 

La Religieuse... d'après Denis Diderot ( Pamphlet ) publié à titre posthume en 1796

 Texte: Arthème (adaptation pour le théâtre), Denis Diderot, Maggy Souris (adaptation pour le théâtre), Viviane Collet (adaptation pour le théâtre) ON STAGE Performance: Viviane Collet /  BACKSTAGE Mise en scène: Arthème, Maggy Souris

 Novembre: 9, 10, 11, 12, 16, 17, 18, 19, 23, 24, 25, 26    

  

 

« J’avais alors seize ans et demi. …il s’agissait de m’engager à prendre l’habit. …Je me plaignis avec amertume, et je versai un torrent de larmes. La supérieure était prévenue ; elle m’attendait… Elle parut avoir pitié de moi… …elle me promit de prier, de remontrer, de solliciter. Oh ! monsieur, combien ces supérieures de couvent sont artificieuses ! …Savoir se contenir est leur grand art » (Diderot 4-6). 
  

Nous avons été comblés par la conteuse, Vivianne Collet qui  nous a proposé une adaptation monologuée du roman de Diderot.  Diderot prend la défense de la novice forcée par ses parents à prononcer des vœux auxquels elle n’adhère nullement. Le ton est indigné, un premier pas vers le refus à la soumission? La voix est chaleureuse, débordante de vie alors que ce premier couvent où la jeune fille se voit enfermée de force, … est une véritable tombe où elle est enterrée vivante.

 La voix est multiple, débordante de personnages fort bien campés. Le monologue est une mise-en scène adroite de toutes les petites et grandes histoires de la jeune recluse qui voulait vivre.  La lumière, celle d’un esprit libre, se voit dans les yeux de la comédienne. La piété est dans ses mimiques car elle a cette foi spontanée  et respectueuse qui lui vient du cœur. Les quatre actes qu'on lui intime de réciter ne viennent pas d'une prière apprise par cœur, mais du fond de son âme innocente et bonne. Ce qui Diderot condamne, c’est l’institution qui vous supprime votre libre arbitre, l’obscurantisme qui mène droit aux dérives. Notre siècle a de quoi réfléchir, car de-ci, de-là traînent encore des fanatismes liberticides, des embrigadements monstrueux, des tentatives religieuses totalitaires.

Entre résignation et désespoir, elle a subi des sévices, la  mise à l’écart systématique, le  harcèlement,  les punitions corporelles, des  interrogatoires humiliants. Dans son épreuve,  la jeune sœur Sainte-Suzanne compare sa souffrance à celle du Christ et reprend courage. Elle  se rappelle les paroles de sa défunte amie, ancienne mère supérieure  parlant du couvent : « Entre toutes ces créature si innocentes et si douces, il n’en n’est presque pas une dont je ne puisse faire une bête féroce. »

Devenue bouc émissaire de toute la communauté, elle n’accusera pourtant personne du couvent où elle est si malheureuse, même pas l’hypocrite mère supérieure, cause de tous ses tourments. Elle reste pleine de dévotion et de douceur. Devant  le grand vicaire qui l’interroge : « Etes-vous nourrie ? « Je demande à l’être »  « Vous ne l’êtes donc pas ! » s’exclame le dignitaire indigné.» Elle murmure: «Je ne suis pas venue pour accuser, mais pour me défendre ! »

La conteuse échange des regards discrets  avec un  public qui lui est acquis, tant la proposition  est  à la fois, pathétique et nuancée. Il bourdonne, allergique aux prises de pouvoir, à l’hypocrisie, et à  bien plus encore.

Très bon spectacle, dans un lieu en suspension entre les époques.

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