La saison 2010-2011 du Théâtre royal du Parc se termine en beauté avec La poupée Titanic . Une comédie dramatique écrite et mise en scène par Thierry Debroux, celui qui va succéder à Yves Larec à la tête de la prestigieuse institution bruxelloise dès le mois de juillet.

Thierry Debroux, le spectacle s'intitule «La poupée Titanic». Un titre mystérieux mais qui en dit beaucoup sur la pièce...En effet, ce titre établit un contraste entre d'une part la fragilité d'une poupée les gens qui ont découvert l'épave ont brusquement aperçu à 4 000 mètres de fond un visage de poupée et c'est en voyant ce reportage que l'envie d'écrire cette histoire m'est venue et d'autre part le Titanic qui, au XXe siècle, symbolisait la vitesse, les progrès scientifiques et techniques.

Le personnage principal, Maggy, qui est incarné par la magnifique Jacqueline Bir, se trouvait à 5 ans sur le paquebot. Devenue adulte, elle ne se souvient de rien. Elle est en plein déni. Sa maman qui avait un billet de première classe n'a pas été sauvée. Et on sait qu'il y a un secret lié au fait qu'elle soit restée à bord. La pièce est construite comme une sorte de thriller. Et débute lorsque Maggy va rencontrer un compositeur qui va lui permettre de craqueler cette chape de plomb qu'elle s'est construite.

En plus d'être musical, le spectacle est également composé de vidéos?Le souvenir est symbolisé par une petite fille que Maggy a rencontrée sur le paquebot. C'est une sorte de fantôme de la mémoire. On a donc fait appel à deux réalisateurs qui ont filmé une fillette dans l'eau. Lors du tournage des séquences, on se serait cru à Hollywood avec le scaphandre, la caméra professionnelle...! Mais ce dispositif vidéo se justifie du fait de cette présence fantomatique. La poupée Titanic avait déjà été jouée avec une petite fille en chair et en os sur scène. Nous avons donc créé ici une tout autre version.

Cette pièce, c'est aussi l'idée qu'on ne peut être soi qu'en acceptant son passé?Oui, il y a pas mal de bouquins qui sont d'ailleurs parus sur le sujet. Il n'est jamais bon de cacher quelque chose. Les secrets de famille finissent toujours par rejaillir un jour ou l'autre. Il vaut donc mieux affronter la réalité même si elle est douloureuse pour pouvoir s'en défaire. L'un des messages de la pièce, c'est qu'il faut pouvoir affronter ses secrets, ses traumatismes.

À cette époque, le naufrage du Titanic est devenu fort symbolique car il annonçait l'entrée dans une nouvelle ère marquée par des guerres. Ce symbole est aussi important dans la pièce?En ce moment même, nous nous trouvons sur le Titanic. Nous savons que nous allons droit dans le mur au niveau de l'écologie par exemple. En Occident, nous sommes un peu comme les passagers de première classe du Titanic. Nous continuons à consommer de plus en plus, à détériorer la planète. Nous fonçons vers une sorte d'iceberg. Nous le savons mais nous continuons à danser dans nos salons de première classe.

On avait foi jusqu'en 1912, année du naufrage, dans le progrès. Progrès qui allait forcément nous apporter le bonheur. Mais on a vu les dangers que la vitesse, que le progrès et la science pouvaient représenter. L'homme joue à l'apprenti sorcier. À l'heure actuelle, c'est la même chose; il faut aller de plus en plus vite. C'est une métaphore du monde dans lequel nous vivons. On est complètement vampirisé par la vitesse par exemple. Ce qui peut devenir extrêmement néfaste. Pour notre santé et dans nos rapports avec les autres.

«La poupée Titanic» de Thierry Debroux au Théâtre royal du Parc à Bruxelles du 28 avril au 28 mai. Une coproduction avec le Théâtre des Capucins (Luxembourg). Mise en scène : Thierry Debroux. Réservations au 02 505 30 30 de 11 h à 18 h ou www.theatreduparc.be