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administrateur théâtres

 La porte à côté, une pièce qui rend heureux

Le décor ? Dans la nouvelle carte du tendre qui attend sur le plateau, les yeux se posent sur du dépouillement japonais intemporel et un contexte résolument contemporain habillé de superbes lumières changeantes. Un homme et une femme,  deux voisins conflictuels que tout  oppose jouent à cache-cache avec les  impressionnants éléments mobiles blanc neige, au pied évasé en corolle qui figurent différents espaces : chez lui, chez elle, sur le palier, devant un superbe ascenseur …pour  le septième ciel?

 Les deux personnages présentent, furtivement et à l’insu de l’autre,  leur alter ego  à travers extraits de vidéos  filmés aux abords du théâtre dans la merveilleuse Galerie. Entre les tableaux effervescents, les deux personnages se retrouvent  assis face au public,  rêvant tout haut devant leurs écrans d’ordinateurs, grandeur murale, où  progresse  leur pénible recherche du compagnon de vie idéal sur un site d’affinités.  Difficile de ne pas être immédiatement  subjugué par la multiplicité des approches, la cohésion des sensations visuelles, auditives, spatiales et le contraste explosif et provocateur des deux personnages en présence. Une mise-en scène fulgurante d’Alain Lempoel  sur la musique de  la septième symphonie de Bruckner. 

Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps 

A travers le texte pétillant de  Fabrice Roger-Lacan, petit-fils du psychanalyste, C’est Marivaux qui débarque, Woody Allen qui joue à la Saint-Valentin, et le coup de foudre malgré un déluge d’oppositions et d’humeurs féroces. C’est un jeu comme on les joue aux fêtes de mariage pour voir comment un couple s’accorde.  Et ce sont des personnages magnifiquement à l’unisson qui font palpiter les coeurs, malgré leur profonde disparité.  La chamaillerie en continu cache une  fatale attraction … Elle a la voix pressée, autoritaire, sérieuse d’une emmerdeuse de compétition et d’une intello misanthrope, Psy de surcroît!  Lui est affable, nonchalant, bohème, tolérant et moqueur quoique marketing manager inquiet pour une marque de yaourts. Ils ne seront jamais d’accord sur rien sauf être d’accord qu’ils ne sont pas d’accord. Les raisons de disputes sont des plus futiles : trop de bruit, des clefs perdues, une fuite d’eau, un four en panne…et la peur panique de se livrer! Pourtant la tentation est si grande! Le jeu de la dispute va les révéler. 

Le public jubile, recueille une moisson de rires, se prend au jeu de chien et chat, de chat et souris, de souris  qui prend le fromage, de qui s’éprend de qui, en premier ou en même temps?  Les échanges verbaux de la comédie sentimentale sont intenses, les jeux corporels démentent les apparences, c’est sophistiqué et grisant. Les actes manqués pleuvent.   Cela porte à la fois  le rêve et l’érotisme  des voix du cinéma, et tout le plaisir des planches.  Les nouveaux héros se nomment Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps. Fuite enchanteresse de la réalité meets Hard Core Reality.  Comme dans Lalaland, ils sont le parfait contrepoint l’un de l’autre, et c’est pour cela qu’ils marchent si bien ensemble, pour notre plus grand bonheur!

Avec Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux.

Mise en scène : Alain Leempoel

Scénographie : Lionel Lesire

Costumes : Jackye Fauconnier

crédit photo : Michaël Henin

http://www.trg.be/saison-2016-2017/la-porte-a-cote/en-quelques-lignes__7037

Théâtre des Galeries

6, Galerie des Princes

1000 Bruxelles

A propos de : Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux.

http://www.theatrelepublic.be/event_details.php?event_id=39&cat_id=1

Bio ludique: http://www.mariepaulekumps.be/biographie/

ET LA VIE CONTINUE

Elle partage toujours sa vie avec le comédien Bernard Cogniaux qu’elle vient d’épouser (à moins que ce soit le contraire ?) et elle est toujours aussi curieuse de tout, de la photographie, à la cuisine, en passant par la poésie ou les voyages… 

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Commentaires

  • administrateur théâtres

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  • administrateur théâtres

    Quand ouvriront-ils les yeux ?

    Le cinéma et le théâtre ont souvent exploité le thème de l’amour, entre un homme et une femme que tout oppose. Le solitaire, incarné par Yves Montand dans "Le Sauvage", résiste longtemps aux assauts d’une aventurière impétueuse (Catherine Deneuve). Dans "La Surprise de l’amour", les héros de Marivaux, trop occupés à se chamailler, mettent un temps fou à reconnaître leur amour. "La Porte à côté" met aux prises des voisins de palier, frappés du même aveuglement. Pas de suspense : le happy end ne fait aucun doute. Le plaisir du spectateur tient à la malice et à la subtilité, avec lesquelles Fabrice Roger-Lacan amène ses personnages à baisser la garde, pour former un couple conflictuel.

    Dans un petit film, les protagonistes se présentent mutuellement. Des portraits au vitriol. Pas de doute, leurs rapports seront tumultueux. Excédée par les accents martiaux d’une symphonie d’Anton Bruckner, la psy reproche à son voisin de perturber ses consultations, en diffusant de la "musique de nazis". Chef de produit chez Yoplait, celui-ci comptait l’utiliser dans un clip, pour lancer un nouveau dessert. Ignorant que Bruckner était le musicien préféré d’Hitler, il s’exposait à de graves ennuis. "Petite fleur" et croix gammée ne font pas bon ménage. Il est rassuré, elle est écoeurée. Comment peut-on abîmer une musique sublime, en la trempant dans le yaourt ? En alternance avec différentes prises de bec, des séquences illustrées montrent ces quinquas à la recherche de l’âme soeur. Afin d’échapper à une solitude pesante, "Docteur toc-toc" et "Edredon douillet" se branchent sur des sites de rencontres. En respectant les clichés sociaux. Pour lui, le sexe est important. Pas question d’être soupçonné d’impuissance. Pour elle, secondaire. On ne la prendra pas pour une nymphomane.

    La psychologue, au caractère bien trempé, ne favorise pas la discussion. Repérant le tic de langage de son adversaire timide, conciliant, elle le tourne en dérision : "Vous ne croyez pas qu’il vaut mieux "dire" que "vouloir dire" ?". Elle se montre autoritaire, arrogante, parfois blessante. Et le vendeur de yaourts méprisé se rebiffe. Il appuie là où ça fait mal, en la questionnant sur sa dernière sortie en boîte. Exaspéré, il accuse cette "dangereuse réac déguisée en psychanalyste bobo" d’être payée par Danone, pour lui pourrir la vie. Ils se disputent comme chien et chat, mais leurs coups de griffe fissurent leur carapace. Le voisin offensé tend un miroir à l’agresseur et l’oblige à se remettre en question. Prisonniers de leurs habitudes, de leurs préjugés, de leur mauvaise foi et de leur orgueil, ils laissent enfin fondre leur pudeur et dévoilent la fragilité de leurs coeurs solitaires.

    On se laisse emporter par ce texte bondissant. Cependant sous les échanges acérés et les répliques mordantes, qui font beaucoup rire, percent frustrations et désirs. Fabrice Roger-Lacan n’a pas écrit une succession de sketchs brillants, mais une comédie psychologique. Les dialogues intelligents laissent parfois la place à des adresses au public, à des didascalies ou à des commentaires, qui montrent qu’"Elle" et "Lui" sont des "personnages", vivant le temps d’une représentation. L’auteur s’amuse aussi à glisser dans sa pièce des expériences personnelles. Ainsi, son ironie le pousse à casser les clichés : la psy est de droite et le commercial de gauche. Il règle ses comptes avec Marguerite Duras. Adolescent, il l’adorait. Puis, sous l’emprise d’un prof influent, il l’a trouvée chiante. Petit-fils de l’éminent Jacques Lacan, il prend plaisir à brosser un portrait peu flatteur d’une psychanalyste.

    Le décor blanc, dépersonnalisé souligne la similitude des appartements, qui contraste avec l’antagonisme de leurs occupants. Mouvant, il permet d’enchaîner les séquences sur un rythme soutenu. En couple (à la ville comme à la scène), Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux s’offrent une cure d’engueulades jouissive. Alain Leempoel, le metteur en scène, qui les connaît depuis longtemps, les a aidés à s’appuyer sur leur complicité, pour afficher une mésentente cordiale. Par leur jeu maîtrisé, tous deux nous incitent à ne pas être dupes des apparences et à rejoindre l’avis de Bernard Cogniaux : "Cette dispute est en fait une longue scène de séduction."

    Jean Campion

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