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La littérature autrichienne

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Les structures politiques et sociales qui ont marqué d'une façon indélébile la littérature autrichienne se sont cristallisées à l'époque de la guerre de Trente Ans. Ces structures (absolutisme monarchique, prédominance d'une aristocratie cosmopolite, recatholicisation systématique) rendent compte de certaines constantes de la civilisation autrichienne, entre autres de la primauté des arts ostentatoires, c'est-à-dire, pour ce qui est des lettres, des genres parlés et en particulier du théâtre. L'importance, en Autriche, du drame musical, de l'oratorio et du lied s'explique ainsi. La permanence de schémas catholiques est également frappante: ordre providentiel reconnaissable dans l'univers, et jusque dans la hiérarchie politique et sociale, d'où dérive une morale foncièrement antisubjectiviste. Ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle qu'une nouvelle conjoncture rend possible la naissance d'une littérature d'un type nouveau.

 

La littérature de l'âge baroque

 

Rares sont les «Autrichiens» qui, au XVIIe siècle, s'illustrent dans les lettres «allemandes», et pourtant cette époque voit l'apogée de l'école silésienne - en un pays sous suzeraineté habsbourgeoise, mais resté en grande partie protestant. Deux noms sont à citer: celui de Johann Beer (1655-1700), le plus grand des romanciers «baroques» allemands après Grimmelshausen (originaire de Haute-Autriche, il fit carrière dans le Nord protestant), et celui du moine augustin Abraham a Sancta Clara (de son nom véritable Ulrich Megerle, 1646-1709), originaire de l'Autriche «antérieure» alémanique, prédicateur de la cour mais qui sut également toucher le public populaire par sa verve extraordinaire.

Sous l'empereur Léopold Ier, l'opéra italien prend racine à Vienne, et pour longtemps. Mozart mettra encore en musique des textes italiens; des poeti cesarei italiens, dont Métastase, fourniront à la cour, jusqu'au début du XIXe siècle, des libretti et des poèmes de circonstance. De leur côté, les Jésuites organisent leurs ludi caesarei, à l'occasion desquels on représente devant l'empereur de somptueuses tragédies en latin.

À la fin du siècle, Joseph Anton Stranitzky (1676 env.-1725) commence à démarquer en allemand des livrets d'opéra et des drames héroïques; il y insère des scènes grotesques, où il paraît lui-même sous le masque de Hanswurst pour ironiser sur les grands sentiments et les discours des personnages de haut rang. Grâce à Stranitzky et à la tradition du théâtre populaire dont il est le fondateur, certains schémas dramatiques baroques sont transmis aux générations futures.

 

La littérature du siècle joséphiste

 

Le renouveau de la littérature de langue allemande, vers le milieu du XVIIIe siècle, est intimement lié aux réformes destinées à moderniser l'État des Habsbourg. La politique de centralisation augmente le rôle et le prestige des fonctionnaires germanophones, c'est-à-dire de la classe qui, dans ce pays, tient lieu de bourgeoisie. Pendant plus d'un siècle encore, c'est cette classe qui fournit à la littérature son public, ses auteurs et son idéologie, dont l'aboutissement est une idolâtrie de l'État et du prince. Proches du pouvoir, ces fonctionnaires héritent des goûts de la haute noblesse, en particulier de sa prédilection pour le théâtre et la musique. En même temps, ils se mettent à l'école des auteurs du nord de l'Allemagne et harmonisent leurs enseignements avec les traditions locales.

En dehors du théâtre, cette littérature n'a le plus souvent qu'un intérêt anecdotique et documentaire. Restent cependant lisibles la Travestie de l'Énéide de l'ex-jésuite, franc-maçon et «jacobin» Alois Blumauer (1755-1798), le Melchior Striegel de Joseph Franz Ratschky (1756-1810), une épopée burlesque qui transfère, pour s'en moquer sans méchanceté, les événements révolutionnaires parisiens dans une petite bourgade de la province autrichienne, les épopées romanesques de Johann Baptist von Alxinger (1755-1797), qui s'inspire de l'Oberon de Wieland, mais remplace l'ironie et la fantaisie poétique de celui-ci par la gravité d'un philanthrope militant.

 

Le théâtre populaire jusqu'à Nestroy

 

Le théâtre populaire baroque continue à prospérer; jusqu'au début du XIXe siècle, la technique de l'improvisation est toujours pratiquée. Le dernier Kasperle, Johann La Roche, ne meurt qu'en 1806. Une évolution est à noter cependant: Philipp Haffner (1731-1764) combine l'ancienne farce et la féerie avec la comédie littéraire, française ou italienne. Karl Friedrich Hensler (1759-1825) amalgame le drame bourgeois sentimental et le drame de chevalerie. Emanuel Schikaneder (1751-1812), auteur du livret de La Flûte enchantée, Joachim Perinet (1763-1816), Ferdinand Kringsteiner surtout (1775-1810) inventent le tableau de moeurs «local», vériste et grotesque à la fois. Dans cette Lokalposse, cette «farce viennoise» enrichie d'éléments fantastiques et parodiques, s'illustrent les trois grands devanciers de Raimund: Joseph Alois Gleich (1778-1841), Karl Meisl (1773-1852) et Adolf Bäuerle (1786-1859).

L'acteur Ferdinand Raimund (1790-1836) commence sa carrière d'écrivain en imitant Gleich et Meisl. Mais ses pièces sont mieux écrites et mieux composées et elles sont empreintes d'une poésie très personnelle. C'est grâce à la vertu et à la bonté naturelles des personnages, et non plus par l'intervention d'une fée ou d'un «esprit», que l'ordre est rétabli dans ce monde comme dans celui d'en haut.

Johann Nepomuk Nestroy (1801-1862) ne croit plus aux miracles de la bonté. Ses féeries sont en fait des antiféeries; elles réfutent l'idée d'harmonie universelle à laquelle Raimund s'accrochait encore. Pour les gredins endurcis de Nestroy, il n'y a plus d'amendement ni de rédemption: au mieux, ils se muent en philosophes sceptiques et plus souvent cyniques. Nestroy reste sans illusions, même quand la férocité de la satire le cède à l'ironie du sage. Ses innombrables pièces (féeries, farces, vaudevilles, mélodrames) abondent en maximes, en apophtegmes, d'une vigueur et parfois d'une poésie inimitables.

 

Le théâtre noble

 

Sur la scène du Burgtheater, que JosephII fonda en 1776 pour promouvoir la littérature dramatique «nationale», c'est-à-dire de langue allemande, ne furent donnés d'abord, à côté des opéras, que de médiocres comédies, des drames bourgeois ou des drames de chevalerie.

Les drames de Heinrich Joseph von Collin (1771-1811), de facture classique, marqués à la fois par l'influence de Métastase et par celle des Weimariens, illustrent l'idéologie joséphiste du strict dévouement à l'État, comme il se doit chez un haut fonctionnaire. Matthäus von Collin (1772-1823), son frère, fonctionnaire lui aussi, invente une théorie du drame historique: l'histoire, c'est l'ordre en train de naître. Il illustre cette théorie par un cycle de drames sur l'époque des Babenberg, d'où ont disparu les héros individuels traditionnels.

La comédie, de son côté, devient plus raffinée. August von Steigentesch (1774-1826), colonel et diplomate, se spécialise dans la comédie de salon ou de «conversation», genre où s'illustrera après lui Eduard von Bauernfeld (1802-1890), le «Scribe» viennois.

Un seul écrivain de génie s'affirme sur le Burgtheater, Franz Grillparzer (1791-1872). Parmi ses nombreux émules, il n'en est que deux dignes d'être nommés: Joseph Christian von Zedlitz (1790-1862), officier, diplomate et dilettante lettré, et Friedrich Halm, de son nom véritable Eligius von Münch-Bellinghausen (1806-1871), un grand seigneur dont l'aisance, le goût pour le sentimental et parfois même le scabreux flattèrent un moment le public.

 

La poésie lyrique et épique

 

Dans la première moitié du siècle, tranchent seules sur la médiocrité d'une laborieuse poésie d'almanach et même de la poésie politique du comte Auersperg (1806-1876) -alias Anastasius Grün - les oeuvres de Nicolaus Lenau (1802-1850), que son origine hongroise, ses longues absences en Souabe ou en Amérique ne permettent pas de considérer comme un pur représentant de la littérature autrichienne.

 

La prose

 

Tout comme la quasi-totalité de la poésie lyrique, la nouvelle et le roman autrichiens relèvent essentiellement, à cette époque, de la littérature d'agrément et de consommation. C'est dans des périodiques et dans des almanachs que Joseph Schreyvogel (1762-1832) -réformateur du Burgtheater entre 1814 et 1832- publie ses nouvelles «morales». Pareillement, c'est dans des périodiques et autres recueils de textes édifiants que paraissent les premières Studien d'Adalbert Stifter (1805-1868), bientôt suivies des romans de la maturité.

On peut enfin se demander s'il faut compter parmi les écrivains autrichiens ce Karl Postl (1783-1864) qui, après avoir, en 1823, fui son couvent pragois, écrivit au loin, en Amérique, et sous un pseudonyme bientôt célèbre -Charles Sealsfield-, ses romans exotiques, évocateurs de la plantureuse nature et de l'énergique humanité de sa nouvelle patrie.

 

Décadence politique et grandeur littéraire

 

La fin d'un monde

 

Une formule de Hermann Broch: «La joyeuse apocalypse viennoise», rend bien compte de l'atmosphère de fin du monde qui s'installe en Autriche après Solferino, Sadowa et le krach de 1873. C'est le règne, dans tous les domaines, de la belle apparence et du décor. C'est l'époque d'une architecture sans style, l'époque des grands cortèges historiques imaginés par Hans Makart, le peintre à la mode, l'époque des opérettes de Johann Strauss. C'est l'époque aussi où quelques romanciers de talent commencent à transfigurer nostalgiquement le passé: Ferdinand von Saar (1833-1906), Marie von Ebner-Eschenbach (1830-1916), tandis qu'un humble villageois styrien, Peter Rosegger (1843-1918), glorifie la vie simple et intacte, loin de la ville.

Le théâtre perd son ancien rang. La comédie des faubourgs ne survit pas à Nestroy. Ludwig Anzengruber (1839-1889) essaye en vain de sauver le mélodrame populaire - le Volksstück - en choisissant ses héros dans le monde paysan. Ses pièces, bientôt oubliées, ont du moins le mérite de la conviction. Datent encore davantage les drames paysans, appuyés et prétentieux, de Karl Schönherr (1867-1943).

Le Burgtheater s'installe en 1885 dans sa somptueuse maison du Ring où l'on représente avec piété et dans un style pathétique des chefs-d'oeuvre du passé et les rares nouveautés qu'autorise la censure. Quelques écrivains, dont Siegfried Lipiner (1856-1911) et Richard Kralik (1852-1934), rêvent de faire revivre le drame poétique et mythique qu'ils imaginent à l'origine de l'histoire du théâtre. Cette tentative a du moins l'avantage d'éveiller l'intérêt pour le drame religieux où s'illustrent par la suite Hugo von Hofmannsthal (1874-1929) et Max Mell (1882-1971), auteur de quelques mystères devenus populaires. Ce mouvement favorise en outre la redécouverte du baroque. On y voit le style proprement autrichien. Bientôt Hofmannsthal, Richard Beer-Hofmann (1866-1945), Hermann Bahr (1863-1934), la romancière Enrica von Handel-Mazzetti (1871-1955) et bien d'autres s'en sentiront les héritiers légitimes.

 

L'apogée littéraire de la fin du siècle

 

Le néo-baroque littéraire ne représente cependant que l'un des aspects du renouvellement de la littérature autrichienne. Ce renouvellement est l'oeuvre d'une génération de solitaires: des bourgeois, presque tous, qui ont perdu la confiance en eux-mêmes, souvent des juifs, tenus assez à l'écart de la société où ils vivent pour pouvoir la juger du dehors (c'est le moment où se développe l'antisémitisme agressif de Schönerer et de Lueger).

À Prague, la situation est plus complexe et plus tendue encore: les Allemands se sentent étrangers parmi les Tchèques, et les juifs - germanophones - doublement étrangers. Rainer Maria Rilke (1875-1926), puis Franz Werfel (1890-1945) fuient cette ville qui leur est une prison. Franz Kafka (1883-1924) tente une autre fuite, dans les labyrinthes de l'âme.

À Vienne, cependant, on se contente d'abord d'une fuite simulée. Au café Griensteidl, où Hermann Bahr donne le ton, on découvre le jeune Barrès, on se délecte des vers de Rossetti, de Swinburne, de Verlaine. Sous l'influence de la psychologie impressionniste de Ernst Mach, Arthur Schnitzler (1862-1931) et le jeune Hofmannsthal se laissent tenter par les grâces de l'esthétisme, au moment où Sigmund Freud (1856-1938) entreprend le déchiffrement des profondeurs de la psyché. Dans ses esquisses ou poèmes en prose, Peter Altenberg, de son véritable nom Richard Engländer (1859-1919), donne forme à ses impressions évanescentes devant un univers beau et menacé.

Bientôt, cependant, reconnaissant les dangers de la «belle» solitude, Schnitzler et surtout Hofmannsthal se mettent en quête de liens nouveaux. La solution qu'ils proposent dans des drames de moins en moins lyriques, c'est celle de la sympathie humaine, du don de soi libérateur. Ce sera également, malgré la différence de tonalité, la réponse des expressionnistes qui, comme Franz Werfel, projettent d'étendre leur «amitié à toute la terre». Mais d'autres, comme Georg Trakl (1887-1914), meurent prisonniers de leur désespoir.

Les lettres en Autriche sous la première et la deuxième République

Le naufrage de l'Empire des Habsbourg n'entraîne point de rupture sur le plan littéraire. Chez certains, l'événement suscite un renouveau de ferveur patriotique: chez Hofmannsthal, l'un des inspirateurs du festival de Salzbourg; chez Anton Wildgans: ex-impressionniste et ex-expressionniste, promu, dans les années vingt et trente, au rang de poète officiel (1881-1932). Parfois, la quête de l'ordre aboutit à sa mythisation, avec tous les dangers que cela comporte: ainsi, chez Erwin Guido Kolbenheyer (1878-1962), auteur de grandiloquents romans historico-philosophiques, chez Karl Heinrich Waggerl (1897-1973), spécialiste de l'idylle rurale et sentimentale, chez Joseph Weinheber (1892-1945), ex-expressionniste que son grand talent lyrique n'abandonna jamais et qui essaya de réparer par le suicide ses compromissions avec les puissants du jour, et même chez Josef Leitgeb (1897-1952), poète dont le lyrisme fin et discret peut nous réconcilier avec le genre.

C'est l'ordre encore, mais un ordre fondamental, essentiel, que veulent retrouver, en remontant aux sources du langage et de la conscience et en stigmatisant tous les désordres et tous les mensonges, Karl Kraus (1874-1936) et Robert Musil (1880-1942). La satire d'une «Cacanie» mourante comporte, chez l'un et chez l'autre, une part de tendresse nostalgique.

Plus graves pour certains, forcés à l'exil, furent les suites de la guerre civile des années vingt et trente et surtout de l'Anschluss de 1938. Stefan Zweig -né en 1881, romancier et surtout essayiste de réputation internationale- se suicide de désespoir dans son exil brésilien (1942). Réfugié en France puis aux États-Unis, où il mourut, Franz Werfel y écrivit ses derniers romans, bientôt traduits dans toutes les langues.

Parmi les auteurs qui n'ont commencé à produire -pour le grand public -qu'entre les deux guerres, émergent nettement Hermann Broch (1886-1951), romancier et essayiste parvenu tardivement à une renommée universelle (lui aussi mourut en exil), Joseph Roth (1894-1939), journaliste puis romancier, chez qui la nostalgie de l'Empire aboli prend, dans l'exil parisien, une forme particulièrement poignante, et Ödön von Horváth (1901-1939), qui réinventa le Volksstück satirique et s'en servit pour démasquer la veulerie d'une petite-bourgeoisie devenue la classe dominante.

Des différentes littératures de langue allemande, la littérature autrichienne fut certainement la moins gravement affectée par la défaite de 1944-1945. Dans l'Autriche occupée, mais reconnue comme État indépendant, il ne fut point question de «point zéro» de l'histoire ni d'un passé à exorciser, comme dans les futures B.R.D. et D.D.R. Ici, l'on croit pouvoir renouer comme si de rien n'était avec la tradition nationale, du coup réhabilitée et glorifiée, ainsi qu'avec l'avant-garde littéraire internationale. Vienne et Gratz conjointement comptent alors parmi les hauts-lieux des lettres allemandes.

La tradition du grand roman d'analyse culturelle fut maintenue par George Saiko (1892-1962) et surtout, compte tenu de sa fécondité, par Heimito von Doderer (1897-1967) ainsi que par Elias Canetti (né en 1905). Moins ambitieux et plus faciles d'accès sont les romans, drames, récits, essais de Friedrich Theodor Csokor (1885-1969), d'Alexander von Lernet-Holenia (1897-1972), de Friedrich Torberg (1908-1979). Au théâtre triomphèrent les drames historico-philosophiques, et du même coup satiriques, de Fritz Hochwälder (1911-1986). Toutefois, l'immédiat après-guerre fut marqué essentiellement par le prodigieux essor d'un lyrisme méditatif et d'inspiration plus ou moins religieuse. S'illustrèrent entre autres dans le genre: Christine Lavant (1915-1973), Paul Celan (né à Czernowitz, en Bukovine, en 1920, passé à l'«Ouest» par Vienne en 1947 et mort à Paris en 1970), Ingeborg Bachmann (1926-1973), Ernst Schönwiese (1905-1990). Un autre genre caractéristique de l'époque fut la prose poétique où, à côté d'Ingeborg Bachmann, s'illustra Ilse Aichinger (née en 1921).

Un sens profond des possibilités et des limites du langage -héritage peut-être de l'époque précédente, de Hofmannsthal, de Kraus et de Wittgenstein -caractérise ces auteurs ainsi que ceux qui, bientôt, vont prendre leur relève, et qui se rattachent d'une façon ou de l'autre à la Wiener Gruppe et à sa filiale gratzoise, le Forum Stadtpark Graz. Firent partie de ces cénacles de peintres et d'écrivains, où se perpétua l'héritage du «réalisme fantastique» autrichien et d'un surréalisme austrianisé, de Dada et de la poésie «concrète», l'ancêtre et prédécesseur que fut Albert Paris Gütersloh (1887-1973); le «poète» -en vers et en prose, en dialecte, en allemand «baroque» comme en allemand d'aujourd'hui -Hans Carl Artmann (né en 1921); Friederike Mayröcker (née en 1924), Ernst Jandl (né en 1925), Gerhard Rühm, le chroniqueur du groupe (né en 1930), Friedrich Achleitner, architecte et poète en dialecte de Haute-Autriche (né en 1930); Konrad Bayer (1932-1964), Oswald Wiener (né en 1935), Julian Schütting (né en 1937) et Christoph Ransmayr (né en 1954), très vite reconnu comme un maître. D'autres encore seraient à citer...

Peter Handke (né en 1942), l'un des auteurs de langue allemande les plus réputés de notre temps, fit également ses premières armes dans les manuskripte de Gratz (la revue parallèle du groupe viennois s'intitule Protokolle). Suivirent bientôt des études expérimentales mettant en cause les conventions du langage, plus spécialement celles du langage théâtral, et traitant littérairement des dangers contenus dans les mots, c'est-à-dire dans la littérature... Plus tard, Handke retrouve la voie du récit signifiant, où le vrai (la réalité profonde) et sa traduction verbale peuvent à nouveau coïncider.

Thomas Bernhard (1931-1989), dont le prestige ne le cède en rien à celui de Handke, est, lui, un solitaire vivant retiré loin des villes et des cénacles, un angoissé obsédé par l'idée de la mort et du dépérissement de l'univers, mais dont l'expression, sincère et parfaitement maîtrisée, est capable de communiquer de tels sentiments à ses lecteurs. Ses dernières oeuvres, romanesques et dramatiques, sont de féroces diatribes contre la société autrichienne, restée sous l'emprise de ses démons de naguère.

Relève également de la littérature expérimentale le nouveau théâtre autrichien, celui de Handke, de Thomas Bernhard, de H.C. Artmann (auteur de pièces et saynètes fantastico-poétiques, faites davantage pour la lecture que pour la représentation) ainsi que de Wolfgang Bauer (né en 1941), un Gratzois qui débuta avec des «microdrames» de quelques lignes, avant de conquérir les grandes scènes autrichiennes puis allemandes.

 

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Commentaires

  • Merci et bravo pour la diffusion de toutes les littératures, ces lettres à des inconus, c'est ainsi que le monde grandit.

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