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La création artistique est un corps à corps

Le processus de création artistique peut être considéré comme un combat avec ce qu’il y a d’archaïque en nous.

En abordant l’expérience de la création artistique, nous sommes face à un matériau nourri par le penser autant que par le corporel. Le processus créatif est intimement lié au corps. L’avènement d’une œuvre s’engendre et se fonde sur ce qu’il en est de plus archaïque, de plus sensoriel, sensuel, corporel: le désir de fusion, de sensation, de satisfaction et de toute-puissance. Pour que la création devienne Création… pour que le désir devienne Désir… ce premier temps à fleur de peau devra inévitablement se doubler d’une mise en sens de la sensation.

La capacité à malaxer, à mettre du sens sur l’archaïsme mis en branle par les processus de création, questionne la relance inlassable du travail psychique: travail de penser, de mentaliser, de lier, de représenter et de symboliser. Par l’intermédiaire de l’œuvre, il s’agit de représenter le monde des sensations, l’expérience primaire, le noyau maternel à représenter la relation au corps, mais grâce à une coupure avec elle. La création artistique en mettant en jeu le sensoriel et le signifiant, le corps et le penser, l’archaïsme et sa représentation, se situe aux interfaces du psychisme.

Ces deux versants, leur liaison ou déliaison, impliquent la notion de limite.La création artistique met en route la fonction de limite à travers ce retour à/et sur soi et ce qu’il en est du travail de l’image spéculaire, le narcissisme. À travers également la position dépressive et le travail de deuil qu’elle implique. Il s’agit pour le créateur de créer un monde qui lui soit propre, de rechercher une réalité nouvelle et différente. Or, la constitution de cette réalité nouvelle, différente, et propre nécessite la reconnaissance du manque, de la perte, de l’absence, l’expérience du deuil et in fine, la restauration en soi de l’objet aimé et détruit.L’expérience de satisfaction, de fusion, doit donc pouvoir devenir traces –mnésiques- afin de faire traces.Ainsi cette expérience de coupure d’avec l’archaïsme pour le représenter, nécessaire à l’émergence de l’objet artistique, s’apparente à ce qui se joue aux sources mêmes du désir.

En effet, désirer c’est accepter cette coupure fondamentale afin de revivre les expériences de satisfaction, alors vidées de leur substance primaire et archaïque.C’est réactiver sans cesse la satisfaction, la jouissance tout en y renonçant. L’artiste relance, travaille et malaxe le désir. Il est st un psychisme au travail, autant qu’un corps au travail avec toutes les images et sensations, tous les affects passés et présents, conscients, préconscients et inconscients qui y sont rattachés.

Pour conclure je dirai avec D. Anzieu que «créer, ce n’est pas se mettre au travail. C’est se laisser travailler dans sa pensée consciente, préconsciente et inconsciente et aussi dans son corps ou du moins dans son Moi corporel, ainsi qu’à leur jonction, à leur dissociation, à leur réunification toujours problématique. Le corps de l’artiste, son corps réel, son corps imaginaire, son corps fantasmatique sont présents tout au long du travail, il en tisse des traces, des lieux, des figures dans la trame de son œuvre.» https://youtu.be/XGCCWn7huDA

https://www.youtube.com/watch?v=JjVK2qVFRNk

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Commentaires

  • Vous rejoignez je crois la conception de l'art de Daniel Molines sur ce site. Votre billet me fait aussi penser au philosophe paul Audi. Son intervention vendredi matin sur france culture était trés innovante sur ce sujet.

  • Ca me semble très bien exprimé.

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