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administrateur théâtres

KLARAFESTIVAL à FLAGEY  et autres lieux– DU 1/9 AU 13/9

 « Go Crystal Tears » (une allusion non dissimulée à l’exquise composition mélancolique de John Dowland, compositeur du 17e siècle) désigne le dernier volet du KlaraFestival 2013 pour couronner son triptyque consacré à la condition humaine. Après l’Utopie (2011) et la Spiritualité (2012), c’est la Mélancolie (2013) qui constitue cette année le fil conducteur de l’ensemble des spectacles internationaux et multidisciplinaires proposés : concerts,  théâtre musical,  danse ou  cinéma. Comme le dit Saint-Ex dans Citadelle, à propos de la mélancolie : « Que regretterais-je ? J’ai le souvenir d’un bras valide et d’une jambe valide.  Mais toute la vie est naissance.  Et l’on s’adopte tel que l’on est.  As-tu jamais regretté ton âge mûr, tes quinze ans ou ta première enfance ? Ce sont là regrets de mauvais poète. Il n’est point-là, regret, mais douceur de la mélancolie, laquelle n’est point souffrance, mais parfum dans le vase d’une liqueur évaporée. »  La mélancolie peut donc être considérée comme une sorte de supplément d’âme.

L’un des axes principaux du festival est la résidence du prestigieux Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Teodor Currentzis, consacrée à la musique de Dmitri Chostakovitch et Benjamin Britten. Ces deux compositeurs étaient non seulement collègues, mais nourrissaient une sincère admiration l’un pour l’autre. La visite du compositeur russe à Londres en 1960 pour assister à la première britannique de son Premier Concerto pour violoncelle donnée par Rostropovitch allait marquer le début d’une belle amitié entre les deux hommes.

12272938467?profile=original Hier soir au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles s’ouvrait le premier concert de la trilogie Chostakovitch –Britten interprétée par le  Mahler Chamber Orchestra. Tout d’abord avec la Sérénade pour ténor, cor et cordes,  de Benjamin Britten, une composition qui met en musique 7 poèmes sélectionnés par le compositeur dans quatre siècles  d’histoire de la littérature anglaise. Autant de variations sur le thème de la nature, du soir qui descend, de la fragilité du bonheur humain et de la loi du temps.  L’hymne à Artémis, déesse de la Lune, de Ben Jonson redonne quelque espoir  et le dernier poème de John Keats, chante le sommeil comme réconfort.

Teodor Currentzis dit rechercher la beauté de la pierre brute. Il semble en tous cas la transformer en or ou en essences divines. Sa connivence avec l’étonnant ténor Ian 12272938661?profile=originalBostridge  en témoigne. Tous deux fabriquent ici dans une alchimie commune un voyage dans les émotions graves. C’est lugubre à souhait: « if meat or drink thou never gave’st nane, every night and alle, the fire will burn thee to the bare bane…»  un texte édifiant du 15e siècle promettant l’enfer à ceux qui manquent de compassion. L’humeur est sombre. « Answer, echoe , answer, dying, dying ,dying…. »  d'Alfred Tennyson, connu pour ses  messages subtils sur les horreurs de la guerre, résonne longuement dans la bouche du ténor comme un dernier filet de vie…  La vue du  chef d’orchestre est hélas cachée par l’immense  couvercle du piano  et on ne  peut  saisir leur véritable et étroite connivence, qu’à la fin de l’envoi. Jose Vicente Castello Vicedo, le corniste  nous a  livré une introduction poignante avec un mystérieux cor aux harmoniques naturelles. Une mise en condition saisissante  de la  grande désolation  diffusée par  cette œuvre écrite par  Britten en pleine deuxième guerre mondiale. ( En hommage d’ailleurs au jeu de Dennis Brain, corniste soliste de l’orchestre de la RAF). A peine perceptible, l’épilogue vibre en  un long  solo  douloureux   joué par l’instrumentiste  dans le lointain… et les musiciens écoutent, les yeux fermés.

La suite du concert fait place à l’exubérance. Il arrivait à  Chostakovitch de composer des oeuvres d’une grande fraîcheur, très peu conformes au caractère monumental et torturé de tant de ses compositions. Ainsi, Teodor Currentzis nous a présenté le Deuxième Concerto pour piano, écrit en 1967 pour les dix-neuf ans de son fils Maxime. « L’œuvre, gaie et enjouée dans ses mouvements extérieurs, n’aurait pas laissé de grandes traces dans l’histoire de la musique n’était l’exquis et touchant Andante central. » Après une mêlée faite d’attaques crépitantes, de roucoulements ouatés, de sonorités sèches et rugueuses, voici les violons grisés de mélancolie et la voix abyssale des violoncelles. Alexander Melnikov, le 12272938867?profile=originalpianiste  fait naître la mélodie en une lente éclosion. Pianiste et chef d’orchestre font danser leurs mains de concert. Les sonorités romantiques sont belles comme le sommeil d’un enfant. Des arpèges fondus et enchaînés évoquent des oiseaux fuyant le froid… Puis c’est le retour de la vivacité ludique, le plaisir de la répétition du thème, façon variations de boléro. Les altos se prennent au jeu, cela évolue en salves puissantes et foisonnantes. Les deux artistes  passionnés s’embrassent chaleureusement, un sourire aux lèvres, c’est gagné !  Entendez les  hurlements de bonheur dans une salle surchauffée !

Pour finir, la Symphonie n° 9 en mi bémol majeur opus 70. Elle fait partie de la trilogie des symphonies de guerre. Une œuvre étonnamment légère et ironique, qui fut même frappée d’interdiction par la censure soviétique entre 1948 et 1955. On a rangé le piano et  on verra enfin le chef d’orchestre. C’est bien ce que l’on pensait: voici un danseur échappé du ballet du 20e siècle. Il est fascinant dans la conduite de sa musique d’une expressivité fulgurante. La gestuelle saute de l’humour à l’irritation feinte, à l’impatience, aux trépignements, à l’apaisement. Il bat le sol des deux pieds et termine comme un joueur de golf. Voilà le premier mouvement envolé. Le deuxième mouvement est un délice pour les bois et les cuivres. Quelle souplesse de jeu, le chef d’orchestre égrène les notes  du bout de ses doigts effilés. Des poignets aux épaules, il répand dans l’orchestre de profonds souffles mugissants. Les violons se joignent mollement aux crescendos. Le chef d’orchestre extrait des renouveaux d' enthousiasme à l'orchestre qui simule l’engourdissement. Cuivres et basson ses répondent majestueusement dans le mouvement suivant, le spleen est à nouveau très  présent tandis que l’histoire se modifie déjà, retrouvant gaieté, esprit farceur, liberté ? Le corps de Teodor Currentzis joue mille instruments à la fois et prend des airs d’hidalgo. Le don Quichotte de la musique décoiffe tous les moulins à vent en quelques coups de rapière. Voici les chuchotements d’une attaque nocturne sans lune et la finale pétrie par l’esprit de victoire n’a duré que quelques mesures! Consécration: les musiciens s’embrassent tous ! Nostalgie étincelante de beauté.

 

Retrouvez tout le programme du Klara festival  sur www.flagey.be

T : +32 (0)2 641 10 20  ou http://www.klarafestival.be/fr

 

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    Lundi 18.11.2013 - 20:00

    Palais des Beaux-Arts - Salle Henry Le Bœuf

     

    MAHLER CHAMBER ORCHESTRA & LEIF OVE ANDSNES

    BEETHOVEN JOURNEY 2

     

    En totale complicité avec le Mahler Chamber Orchestra, Leif Ove Andsnes poursuit son intégrale des Concertos pour piano de Beethoven. Après un concert très applaudi chez nous en novembre 2012 avec les Concertos n° 1 et 3, il nous revient pour votre plus grand plaisir avec le 2e Concerto - pétillant de jeunesse - et le sublime 4e. Un rendez-vous avec les sommets de l’émotion et de la beauté.

     

    Leif Ove Andsnes piano

    Mahler Chamber Orchestra

     

    Igor Stravinsky Concerto "Dumbarton Oaks", Septuor
    Ludwig van Beethoven Concerto pour piano et orchestre n° 2, op. 19, Concerto pour piano et orchestre n° 4, op. 58

     

  • administrateur théâtres

    2965974216?profile=RESIZE_1024x1024

  • administrateur théâtres

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