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journal de bord, dimanche 27 février 2011

 

 

J'ignorais que le pays de Tournai, par endroits, était un peu moins plat que je ne l'imaginais. J'avais probablement oublié le légendaire "pays des collines", célèbre dans le coin. J'ai même eu connaissance d'un "Pays Blanc" ("Pays Noir", du côté de Charleroi, te serais-tu trouvé un double, un effet-miroir ?), du côté d'Antoing, ville de la région de Tournai, où il y a un château où, y a près d'un siècle, un certain futur Charles de Gaulle aurait entamé une partie de ses études.

 

Dans ces coins, tout à l'ouest de notre pays, y a des champs à perte de vue, des ballades à faire, par temps de pluie aussi.

 

Quand on s'accorde le luxe d'arriver à l'avance à une soirée-cabaret où on est programmé (ce qui n'était pas évident au départ), eh bien, on prend des dispositions : plutôt que de rester statique dans une espèce de tente raccordée à un mur  où les premiers arrivés (un duo de musiciens, un éventuel organisateur ...) s'occupent en vue de la soirée qui va v'nir et ne sont pas (trop) disponibles à votre présence, à ce moment-là (quoi de plus normal !), on se dégourdit les jambes, on s'accorde une heureuse chasse aux images (photographiques ou mentales), on parcourt un ou deux p'tits ch'mins en ligne droite, on repère un clocher dans le lointain, on va jusqu'au bout de la route, on consulte sa montre afin de rester dans les temps (quand même), on se ressource, on respire, on construit déjà en tête ce qu'on va présenter au public ...

 

Celles. Je retiens le nom du village à côté d'Anseroeul. En temps normal, on peut y parvenir en bus, en partant de la gare de Tournai. A savoir. Il suffit donc, ensuite, de marcher même pas deux kilomètres pour arriver à la Ferme du Harby. Hélas, le sam'di, c'est un peu différent : pas de bus qui roule.

 

Donc, j'avais révisé mes plans.

 

A seize heures, je me trouvais à Tournai. Après deux heures passées dans un train. Disposé à faire du stop pour me rendre à Anseroeul (c'était à même pas dix kilomètres). Par bonheur, y avait un plan de la ville, juste devant mon nez. Merci, Providence ! Le problème (faut en rire), avec les plans, c'est que la ville est représentée, dans sa configuration, avec le Nord au dessus et le Sud en dessous. Et ça ne correspond pas forcément à la disposition dans laquelle on se trouve, à ce moment-là. Sur le plan, après avoir repéré la gare, sur le plan, deux rues principales à gauche et à droite de la gare (une des Nerviens, une autre ... je sais plus), et la chaussée de Renaix (qu'en fait, je devais prendre) qui démarrait à partir d'une ces deux rues voisines (à gauche ? à droite ?) de la gare, je me suis (re)mis en route.

 

Après m'être trompé de rue (forcément, quand on doit lire à l'envers !), après être rev'nu sur mes pas, j'ai trouvé la bonne direction.

 

J'avais déjà ... faim.

 

Et je repère un resto. Avec une enseigne, qui n'est pas des moindres : "Le Grand Jacques". Avec des notes de musique pour l'accompagner. Evidemment, j'ai ralenti mon pas. Je suis entré. Avec scepticisme, soyons francs. Le grand Jacques Brel est devenu une image indétrônable maint'nant, les patrons de bistro et de resto le savent. Loi du commerce oblige. Evidemment, je suis en décalage par rapport à c'là. Moi qui suis (aussi) un chanteur, moi qui poursuit mes rêves (accessibles et un peu moins) à longueur de journée, moi qui attend souvent "Madeleine" ou "Mathilde" plus souvent qu'à mon tour, moi qui suis du signe du Bélier (comme le grand Jacques), je n'étais évidemment pas sûr (faut pas se leurrer), en pénétrant dans ce resto, d'y rencontrer l'âme du Brel ... qui m'appartient.

 

Eh bien, j'ai été accueilli comme un roi. A seize heures, je pouvais encore manger. Le gars était (et est) d'une chaleur incomparable. Il a été journaliste, a habité Paris, a croisé le grand Jacques (notamment), m'a raconté des anecdotes avec des gens connus (certains, mais ça je m'en rends souvent compte dans ce type de discussion, sont, paraît-il, des gens très sympas hors de la scène ... d'autres, un peu moins). J'ai voyagé avec lui. Il m'a même offert du vin après le repas. Ma difficulté n'était pas de rester dans cet endroit (charmant, où j'espère repasser un jour), mais dans la réalité qui me disait qu'il était déjà ... dix-sept heures, que je ne devais plus traîner si je souhaitais me trouver à Anseroeul, avant 19 heures.

 

Un pont de franchi. Une route.

 

Et le stop a final'ment, très bien fonctionné, avec un gars du coin, qui m'a pris en voiture (qui m'a dit ... suivre des cours d'économie pour adultes), qui s'est douté, rien qu'en voyant ma guitare, que je me rendais ... à la Ferme du Harby.

 

Oui, je souhaitais me trouver sur place, dès le début, vers 19 heures. Je savais que je ne passais pas avant vingt-deux heures, dans la s'conde partie. Raison de plus, en spectateur, pour découvrir (ou redécouvrir) ceux (et celles) qui passaient.

 

En arrivant à proximité de la Ferme du Harby, un chien (qui avait l'air de boîter) m'avait déjà souhaité la bienv'nue.

 

Le coup d'envoi était assuré par Freddy et Monique Sosson (mes amis de Bruxelles). Accompagnés, cette fois, par Camille, leur petite fille de huit ans, qui manifeste clairm'ent le désir de chanter. Avec leur gentillesse habituelle, ils ont mis le public en condition. Pour la première fois, Freddy interprétait ... Jacques Brel, avec son "PLAT PAYS". A sa façon, bien sûr (tout comme, dans d'autres contextes, il reprend le légendaire "JE L'AIME A MOURIR" de Francis Cabrel, avec ses marques). Monique a chanté deux morceaux en anglais. La p'tite Camille, sans faute, a chanté "SI, MAMAN, SI" de France Gall. Avec ... détermination. Coup d'envoi. Que dire de plus ? J'étais ravi.

 

Suivait un groupe du nom de ... Cocktail. Deux hommes et une femme. Des morceaux de Simon et Garfunkel (ravissants, bien sûr). L'éternelle "COMPLAINTE DU PHOQUE EN ALASKA" du groupe Beau Dommage (que le grand Félix Leclerc avait aussi, en son temps, repris), qui s'est greffée, une fois de plus, dans mes rêves, dans mes envolées, que je chantais, sur ma chaise, en même temps qu'eux. Je reconnaissais, dans le groupe Cocktail, le groupe qui avait chanté, la veille, sous le nom d'Astaffort. Je renouvelle mes propos à leur égard : présence scénique parfaite, harmonie des voix parfaite, choix des instruments adéquat ... mais aucune chaleur, aucune âme (d'eux à moi, bien entendu !). J'avais, hélas, quand je les observais sur scène, plus le sentiment de rencontrer trois bulldozers que ... trois artistes qui donnaient leur âme.

 

Oui, je suis avant tout sensible, lorsque je vois des gens sur scène (comme dans la vie), à l'amour, à la tendresse, à la générosité, à la vulnérabilité (aussi) que ces gens me communiquent. Le reste m'importe peu.

 

Justement, je me faisais la réflexion lorsque j'écoutais, avant le groupe Cocktail, mes amis Freddy et Monique Sosson, que je suis quand même depuis pas mal d'années. De spectacle en spectacle, ils amènent de nouvelles choses, de nouvelles chansons. Je sais, je m'aperçois, à chaque fois, que Monique, à partir du moment où, en chantant, monte sa voix vers le haut, a une tendance (nette, quand même) à chevrotter et ... fausser. Je ne suis pas dupe. Mais, avec le temps, ce détail ne me heurte plus. La gentillesse emboîte le pas et j'ose supposer qu'un certain nombre de gens, dans le public, dont l'esprit analytique ou "professionnel" ne l'emporte pas sur toute la ligne, pensent un peu comme moi.

 

Et pendant ce temps-là ...

 

Un chat et un chien se balladaient dans la salle. Mignon. Serdu, le dessinateur, reproduisait, comme la veille, des caricatures heureuses des artistes qui se produisaient. Blaise, le jeune pianiste de la maison, avec son chapeau, assurait, comme la veille, les intermèdes entre chaque passage d'artiste, comme un chef.

 

Un autre groupe (un duo) m'a séduit. Je nomm'rai ... Epicerie Fine. Tiens, quel nom ... original, qui sonne bien ! Deux filles qui chantent (l'une compose, l'autre écrit). Des chansons qui roulent, toutes bien écrites. Tiens, rien que cette chanson intitulée "CES GENS", chanson très brève, qui résume tell'ment bien. Des gens qui savent parler, réciter, se montrer, dire les mots qu'il faut, se faire valoir en société ... dans des moments où on ne trouve pas les mots pour parler et où tout le reste est cont'nu derrière un sourire, où personne, parfois, ne nous accorde un sourire quand on a le coeur qui chante. Evelyne au piano, Valérie au chant. Tiens, d'où vient, final'ment, leur appellation "Epic'rie Fine" ? La robe sombre et les ch'veux très courts de Valérie, c'est aussi ... de très bon goût (pour le répertoire qu'elles proposent et ... le plaisir des yeux, bien entendu).

 

Les styles se suivent, mais ne se ressemblent pas.

 

De la région de Tournai, on revient à Bruxelles. Avec un groupe de ... six. Tous avec un chapeau melon, un gilet ouvert noir mettant en évidence une chemise en couleur. Leur nom : Barberpeis. J'essaierai de ret'nir (leur nom de scène). Leur particularité : chanter a capella. Des morceaux qui, vocal'ment, étaient des bijoux. Des morceaux qui plaquaient, sur des airs "a capella", des appellations populaires typiquement bruxelloises : "kaberdouche", "snull", "il est complèt'ment clash" (et un des membres du groupe, devant cette expression, retire son chapeau melon et expose son crâne ... dégarni). Fallait le faire.

 

Et le temps passait. Je commençais, en tant que spectateur, à fatiguer, à saturer.

 

Je n'allais quand même pas me débiner quand mon amie EDith Barbieux, accompagné par Pierre à la guitare, était prévue, juste après. Je n'ai pas regretté, une fois de plus, d'assister à sa prestation. Edith a l'intelligence de choisir, dans son répertoire, des chansons "pas connues" de chanteuses "pas connues" (ou "plus connues). Béa Tristan, Christiane Stefanski, Anne Sylvestre (que nos radios boudent, évidemment !) sont régulièr'ment défendues, sur scène, par EDith, par son punch, son travail d'interprétation. Faut le faire. Et ... même s'il ne faut pas mélanger la vie publique et la vie privée, je sais, connaissant Edith en coulisses, à quel point les chansons qu'elle choisit ... lui ressemblent.

 

J'ai été subjugué par la deuxième chanson présentée par Edith. L'histoire d'une femme qui se regarde dans une glace (ou une vitrine) et qui aperçoit ses rides, son âge (avancé ?) qui lui saute aux yeux et une image d'elle, dans laquelle elle ne se reconnaît pas (ou plus). Et qui décide qu'à l'intérieur d'elle, elle n'a toujours pas de rides. Moment d'émotion. Je salue, le plus sincèr'ment du monde, Pierre, le guitariste d'Edith, tout en discrétion, d'avoir écrit ce texte en faveur de son interprète.

 

J'aurais pu encore puiser, là-bas. Edith a chanté en duo avec un gars qui s'appelle Sylvain. Une chanson mettant en scène deux qui personnes qui, a priori, se détestent, s'envoient des vannes à la figure ("râclure", par exemple), dans un langage "châtié", et finissent par se demander en mariage. Très très crédible. Très très ... réaliste.

 

Je fatiguais, je saturais de plus en plus.

 

Je n'avais plus, momentanément, d'énergie pour suivre l'artiste suivant. Je m'excuse auprès de lui.

 

J'ai filé dans la pièce à côté ... où y avait du monde qui causait, buvait, fumait et où les places assises étaient rares. Comme de bien entendu. Mon esprit était brusquement saoûlé. J'avais quand même du établir un constat : en regardant les artistes qui défilaient, la plupart débordaient largement du temps qui leur était imparti. Trois morceaux, telle était, à mon souv'nir, la consigne tacite ... pour chacun. En pratique, je n'en ai, pour ainsi dire, vu presqu'aucun présenter moins de cinq morceaux.

 

Que dire ?

 

C'est pas facile d'être artiste, je le sais. C'est tentant, quand le public accroche et en redemande, de pousser un (ou deux) morceaux de plus. C'est même tentant, pour certain(e)s, d'arriver sur scène, avec six morceaux préétablis à l'avance, en sachant que le public en redemandera. Faut-il parler d'ego surdimensionné, d'inconscience ... ou d'esprit pratique ?

 

Tout ce que je sais, c'est que ... la longueur inévitable du passage des artistes, qui dépassent le temps prévu, a des répecussions sur le public qui sature, à un moment donné. Je me suis, un jour, laissé entendre dire que ... quarante-cinq minutes était la limite d'écoute du cerveau humain. Bon. La longueur inévitable du passage des artistes, qui dépassent le temps prévu, qui ne s'arrêtent pas dans les temps, est nuisible aussi pour les autres artistes, qui ont quelque chose à présenter, qui ont effectué aussi le déplac'ment pour ça, et risquent de perdre (contexte oblige) un public qui pourrait, en d'autres temps, les adopter et ... leur sauter au cou.

 

Inutile de dire que je râlais sec. Dans une atmosphère où je n'arrivais plus à trouver une chaise pour m'asseoir, une personne avec laquelle je pouvais parler. Et il y avaient encore au moins trois numéros avant l'entracte. Des artistes qui allaient inévitablement déborder sur le temps, aussi. J'ai passé au moins vingt minutes, en bougonnant, en f'sant les cent pas, à me dire : quand ce s'ra mon tour, ce ne s'ra pas trois morceaux que je présent'rai, mais aussi un de plus (rien que pour le principe !), après tout à quoi ça sert d'être respectueux du timing, si c'est pour se faire baiser par les autres ?

 

Du côté de l'organisation, quand j'ai un p'tit peu signalé mon mécontent'ment, ils n'ont fait que me confirmer ce que je pensais : la veille, ils avaient été confrontés au même problème.

 

"On veut être gentils. On va pas leur dire casse-toi !", m'a dit, avec la plus grande des gentillesses, l'un d'eux.

 

En f'sant les cent pas, entre la salle où on buvait et celle où les artistes passaient, j'ai quand même vu des choses intéressantes.

 

Le duo Dusoulier-Hottekiet. DEs chansons picardes. Des chansons françaises traditionnelles. Une reprise heureuse de "L'AUVERGNAT" de Brassens. Un gars à l'accordéon, l'autre qui chante ... avec un chapeau d'paille. J'ai accroché. Je regrette juste de vous avoir découvert dans un moment où, circonstance oblige, je n'étais plus de première fraîcheur, dans ma disponibilité d'esprit. Ca durait, ça durait, ça durait. Je commençais à m'impatienter, à l'égard de ma prestation, prévue dans la s'conde partie. Et le chanteur qui dit, dès le début, un truc du genre : "Nous allons vous présenter ce que nous faisons durant une vingtaine de minutes". Là, ça m'est quand même resté un peu ... en travers de la gorge. Dès le départ, le groupe imposait son temps. Dès le départ, forcément, le groupe imposait, avec ce temps imposé, un nombre de chansons ... qui n'allaient pas se résumer à trois. Voyons, voyons ! Les autres, ils se démerderont toujours ! Voyons, voyons ! Je râlais d'autant plus en réalisant que le duo Hottekiet-Dusoulier aurait largement pu se limiter à trois morceaux, dans un esprit de respect, sans que les trois morceaux ne nuisent à leur prestation, ne nuisent à la crédibilité de leur talent et du spectacle qu'ils présentaient.

 

J'espère revoir Proserpine et Catherine dans d'autres circonstances. Au moment où elles passaient, j'étais dans les loges. Il était question de femmes ignorées, battues. Catherine intervenait notamment, vêtue d'un voile (comme dans ces pays où la burka est de rigueur).

 

Et je tournais de l'oeil. Dans les loges. Dans la salle. Partout.

 

"On veut être gentils, on va pas leur dire casse-toi !"

 

Cette phrase continuait à résonner dans mon cerveau.

 

Des souvenirs de chanson me sont revenus.

 

J'en ai déjà franchi, des lieux, des festivals, où des artistes sont programmés pour deux ou trois morceaux, où les techniciens sont déjà sur scène avant que vous ne terminiez le dernier morceau (certains, pour être sûrs que la machin'rie avance, vous coupent le son carrément).

 

Faut-il, dans un esprit de respect, en arriver à de telles extrémités ?

 

Bien sûr que non.

 

 

 L'idéal serait que tout un chacun, en étant conscient de sa valeur (et de celles des autres),  en étant conscient de la gentillesse qu'on leur accorde (et jamais je ne remettrai cette valeur en question chez Bernard, Maud, Laure, Pauline, Blaise ... et tous les autres qui se cassent le cul, chaque année, dans leur "Ferme du Harby", pour organiser une soirée-cabaret où tout le monde peut s'exprimer), se fasse sa propre discipline : on m'a demandé trois morceaux, rien de plus, et je prends la liberté d'accepter le challenge.

 

J'ai quand même eu mal au coeur pour le groupe Casanoé, venu tout droit de la région de Charleroi, qui entamé la s'conde partie. Juste avant moi. Chaque année, on les retrouve à la Ferme du Harby. Avec des morceaux bien balancés, musical'ment. Avec des textes qui tiennent la route. Tiens, le chanteur principal ne faisait plus partie du groupe ! J'ai quand même eu mal au coeur pour Casanoé, quand, après leur troisième morceau, on leur a demandé s'ils avaient l'intention d'en présenter d'autres. Comme quoi ... Voilà encore une répercussion, logique, des artistes qui prennent tout leur temps auparavant et qui en font pâtir les autres. Je ne conteste pas, fondamental'ment, la question qu'on leur a posée. Eux aussi pouvaient (ou ... auraient du, si on reste pragmatique) se limiter à trois morceaux. Mais pourquoi les limiter, eux, alors qu'on n'a pas pris ce soin avec d'autres ?

 

Malgré tout ça, j'étais heureux. L'ambiance restait. Enfin : mon tour allait arriver.

 

Avant d'arriver sur scène, j'avais déjà jeté au bac ce principe complèt'ment débile, complèt'ment puéril, de me dire : ils en font cinq, alors j'en fais cinq aussi. Plutôt que d'exiger le respect des autres, efforçons-nous d'abord de l'appliquer, c'est plus simple. J'avais décidé : je présente mes trois morceaux.

 

Et je les avais bien cogité(s), mes morceaux, toute la journée. L'un au piano, l'autre au ukulélé, le dernier à la guitare (et l'harmonica). Sans trop m'égarer sur ... autre chose que j'aurais pu présenter. Non, basta.

 

Et puis ...

 

En toute modestie, ai-je besoin d'en remettre sur cinq ou six morceaux, quand je suis déjà convaincu, sans me vanter, d'être crédible sur scène, rien qu'en respectant la règle ?

 

Non, facilitons-nous la vie. Centrons-nous sur ce qui nous est offert et voyageons pleinement dans cette galaxie-là.

 

Un piano pour commencer mon p'tit passage. Une aubaine, quand même ! Dieu sait si les pianos ne se trouvent pas dans tous les lieux de spectacle où on atterrit. Dieu sait si les pianos (même électroniques) ne sont pas évidents à transporter quand on se rend quelque part pour chanter. Autant sauter sur l'opportunité. Dieu sait à quel point ma chanson "LA GRAND MESSE", que j'ai écrite il y a plus de vingt ans (1988), que j'ai régulièr'ment retouchée, retransformée, j'ai déjà eu envie de la présenter sur scène, lorsqu'à la maison, sur mon piano électronique, je lui donne son amplitude avec une musique d'orgue. Carrément. Sur le piano de Blaise, au Harby, j'avais cette possibilité. J'ai foncé. Avec Laure, une des filles du lieu, qui me tenait le micro pendant que je chantais et qui se marrait devant certaines allusions, dans ma chanson. Le seul bémol : pendant que je chantais, mon nez coulait et je devais user de mille et mille stratégies pour que ça ne se remarque pas trop.

 

"Après l'office, le grand Benoît

Grande gueule avertie loin d'son père,

Le p'tit Pierre, petit blond narquois ..."

  

Le public d'Anseroeul (ou des environs), en m'applaudissant, a-t-il reconnu, au fil de ma chanson, des prénoms que j'y invoquais, des gens de leur cru qu'ils y r'connaissaient ?

 

Après le piano, le ukulélé. Ca va, j'avais pas fait trop de floches au piano. Mais tout n'était pas gagné. J'avais envie de risquer mes "TROMBES D'EAU" avec cette petite guitare à quatre cordes. Ca fait quand même un mois que je la joue ... presque non-stop, chez moi. Je l'avais jouée, dans une radio locale, avec le ukulélé, mais en me trompant, les deux derniers couplets, pratiqu'ment à chaque mot que j'abordais. Le souv'nir était encore cuisant. Une part de moi disait : "Hugues, tu n'attendrais pas d'être un peu au point". Une autre de part me disait : "fonce, risque, jamais tu ne seras à l'abri des trous !".

 

"Les trombes d'eau ne sont pas mes ennemies ..."

 

Je l'aime bien, celle-là. Cinq couplets (pas moins). Je me suis lancé à l'eau. Ca va, ça suivait. Parfois encore : une difficulté de placer convenablement les doigts au bon accord, pour que la note résonne clair'ment. Et le passage du troisième au quatrième couplet, en montant d'un ton, en repérant à temps les cases des accords où je devais poser mes doigts, ça, ça restait le détail qui me flanquait encore ... le trac. OK, on n'allait pas me tuer. Et quand j'ai du changer de ton, eh bien, j'ai pu assurer.

 

Je réservais ... ce que j'estime de meilleur, dans le troisième morceau.

 

Ma chanson "DOUCE".

 

A la guitare et à l'harmonica.

 

 

 

 Ce portrait d'une fille à l'âme tendre, dont l'enfance et l'adolescence sont plus que troublées (et loin d'être ... douces), qui tente de se débrouiller et de survivre comme elle le peut, que tout un chacun a déjà rencontré quelque part. Qui ressuscite peut-être la part de rêve, d'enfance qui vivent en nous et qu'on flanque au bac, la plupart du temps. Je l'aurai déjà fait voyager, mon héroïne, dans plus d'une salle.

 

"Douce, douce, elle est si douce ..."

   

Et je n'ai jamais trop de mal à demander au public de reprendre le refrain avec moi. Hier, j'ai encore été servi.

 

"Douce, douce, elle est si douce ..."

 

Si seul'ment ...

 

La princesse (gitane ou autre) qui m'a réell'ment inspiré cette chanson pouvait se trouver, un jour, dans une salle, quand je la reprends.

 

Si seul'ment ...

 

Elle ne s'offusquait pas devant mes allusions (délibérées) à l'inceste, dans le s'cond couplet. Evoquer les réalités telles qu'elles se passent, ça me paraît parfois un devoir. Surtout quand on s'est attaché à une personne et qu'on comprend très bien le pourquoi du comment de certaines réactions.

 

Si seul'ment ...

 

Elle se réjouissait, en s'apercevant qu'en spectacle, ma tenue de scène est ... une chemise rouge orange, qu'elle m'a un jour ach'té.

 

Si seul'ment ...

 

 

D'accord, avec des "si", on ne va nulle part. Mais ... on peut toujours rêver. La "DOUCE", à l'époque où je la fréquentais, me tenait pratiqu'ment les mêmes propos.

 

Je lève les yeux au ciel, je m'en remets à la vie, qui m'a toujours comblée et me comblera encore.

 

IL était temps, après la prestation, de repartir, hélas. Une voiture m'attendait. Fallait encore ranger les instruments, reprendre ses habits, sortir d'une loge ... étroite (où d'autres futurs artistes qui devaient passer arrivaient), passer entre le mur et le rideau (plus qu'étroit), éviter de déranger les gens, dans la salle, qui écoutaient.

 

Mille excuses à PIcardéon, couple attachant qui m'avait ravi, l'an dernier, avec des textes écrits en patois du coin. Mille excuses à Joachim et Joannes, guitaristes folks, sympas, talentueux, qui m'avaient emm'né en voyage, l'an dernier, sur leurs musiques. Cette année, vous passiez après moi, j'étais (hélas) tributaire d'un moyen de locomotion, les conducteurs (qui avaient aussi une route à faire et une petite fille à reconduire avec eux) estimaient que c'était l'moment, et ils avaient raison, aussi. Ce n'est que partie remise.

 

Mille excuses à ceux (et celles) que j'oublie et qui s'en rendront compte, s'ils lisent mon ... journal de bord.

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