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administrateur théâtres

...La réponse à l'énigme? c’est l’Homme! 

La tragédie du savoir et de la fatalité commence lorsqu’Œdipe apprend que la peste qui sévit dans la ville de Thèbes cessera dès que la mort de Laïos sera vengée. Œdipe a été recueilli par un berger et confié à Polybe roi de Corinthe et sa femme Mérope. Mais à l'âge adulte, ignorant de sa véritable naissance, lors d'une rixe, il apprend qu'il est un enfant trouvé. L'oracle de Delphes lui révèle alors qu'il tuera son père et couchera avec sa mère. Craignant pour les siens, il ne rentre pas à Corinthe et c'est sur le chemin de Thèbes qu'il rencontre Laïos, qu'il tue suite à une violente querelle. Œdipe sauve alors la ville de Thèbes de la voracité du Sphinx en répondant à sa fameuse énigme. Les Thébains reconnaissants donnent en mariage à Œdipe la veuve de Laïos et Œdipe devient roi, Turannos en grec ancien. Mais  voilà que la peste ravage la cité. Œdipe, à la fois juge et coupable,  décide de tout faire pour sauver son peuple et punir  le meurtrier. Cela passera par son sacrifice car le destin est inexorable. Ainsi que le chante le chœur, « le Temps qui voit tout, malgré toi t'a découvert!». Tout est joué d’avance. Merveilleusement, par le Théâtre en Liberté.  

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Œdipe est le lieu de recoupement entre grandeur et misère, image de notre condition humaine, une condition tragique. C’est  dès la première scène déchirante, un homme de compassion, mais le héros n’a aucune prise sur le Destin scellé par les Dieux. Il souffre avec majesté, stoïquement courageux et désespéré devant les malheurs et les révélations qui s’accumulent. Thèbes est l’image pour Sophocle (411 av. JC) de sa ville d’Athènes profondément divisée contre elle-même, en proie aux guerres, victime de scandales et procès avant-coureurs de catastrophes, en butte à a crise morale et politique d’une démocratie décadente. Qu’ajouter de plus ? Ceci ne vous fait-il pas penser à notre Europe ?

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Et la force théâtrale extraordinaire de la juste mais inutile colère d’Œdipe est là pour nous émouvoir au plus profond de nous- même, en tant qu’individus et en tant que citoyens. Daniel Scahaise, dont c’est la dernière mise en scène pour le Théâtre des Martyrs, à l’issue d’une formidable carrière,  est passé maître dans l’adaptation du théâtre antique à la scène contemporaine. Fluidité, fidélité au texte, humour, humanité, respiration tragique, tout y est. « Œdipe, C’est l’homme par excellence, celui qui se heurte au chaos de la vie et qui tombe le plus bas. Comme Antigone, il représente le parcours du combattant humain. Ils font tout pour trouver un chemin lumineux, et ils se ramassent tous les embruns, tous les écueils, mais ils se relèvent, ils font front. » On est devant une fête spirituelle de l’humanisme.

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Le contexte rituel et la présence du chœur, regard et parole  publique démultipliée,  renouent avec les sources du théâtre antique et celles de notre civilisation. Le jeu des lumières, les chants, les percussions, les voix, la flûtiste,  donnent  un  frisson lyrique au drame.  Un rideau transparent balayé par de belles projections poétiques  évoquant le voyage initiatique d’Œdipe, sépare l’espace de l’action et celui de la réflexion. La scène est un espace incandescent, brûlé par une lumière aveuglante parsemée de roches qui évoquent des cités en ruines. Quelques chaises éparses. Au centre un somptueux olivier vivant, lieu de pouvoir, de justice et de sagesse devant lequel s’affrontent les passions et la raison humaines. 

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D’une puissance dramatique extraordinaire,  Créon (Stéphane Ledune), le frère de Jocaste, Œdipe (Christophe Destexhe), Jocaste (Hélène Theunissen), Tirésias (Bernard Marbaix) fonctionnent comme les engrenages d’une machine infernale - selon les mots de Cocteau - dont les tensions et la vérité psychologique ne cessent de monter en crescendo. Brûlante fresque qui marque durablement et profondément. Le couronnement d’une carrière théâtrale de quelqu’un à qui  Jacques De Decker, Secrétaire perpétuel à l’Académie Royale de Langue et de Littérature Française,  voue non seulement de l’amitié mais une  « gigantesque admiration. » ...qui est la nôtre aussi: hommage et Respect.    

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Crédit photos Isabelle De Beir

Du 18 septembre au 31 octobre 2015

Mardi à 19h - du mercredi. au samedi à 20h15 - Samedi 17.10 à 19h - Di 11 & 25.10 à 16h

Avec Maxime Anselin, Barbara Borguet, Isabelle De Beir, Jaoued Deggouj, Daniel Dejean,  

Dolorès Delahaut, Angelo Dello Spedale Catalano, Christophe Destexhe (Œdipe),

Laurine Dombret, Nadège du Bled, Bernard Gahide, Stéphane Ledune, Bernard Marbaix,

Denise Meyskens, Hélène Theunissen, Laurent Tisseyre, Emma Van Wetter, Gérard Vivane

et Antoine Dandoy (Percussions), Christophe Delrée, Jérémy Grynberg, Renata Kambarova (Flûte),

Denis Marcelle, Anthony Molina-Diaz (Elèves du Conservatoire Royal de Bruxelles)

Traduction Bernard Chartreux   Mise en scène et scénographie Daniel Scahaise

Assistanat à la mise en scène Julie Lenain   Musique Originale Daniel Dejean   Création vidéo Vincent Pinckaers

Costumes Anne Compère   Coiffures Laetitia Doffagne   Régie/Lumières Bruno Smit

Un spectacle en collaboration avec la FPGL (Fédération des Professeurs de Grec et de Latin)

Soirée de Gala Œdipe Tyran – Mercredi 30 septembre à 20h15

Participons ensemble au rayonnement de la culture grecque

  

Nous vous proposons une soirée dédiée à la Grèce : Introduction au spectacle par le metteur en scène, représentation d’Œdipe Tyran, dégustation de spécialités grecques, concert de PassaTempo Rebetiko et rencontre avec les comédiens.

25 Eur par personne - Les bénéfices de la soirée serviront à la création d'une bourse d'aide à l'écriture pour un jeune auteur grec. En collaboration avec l'Hellenic Circle de Bruxelles et Free Thinking zone à Athènes.

 Avec le soutien du bureau de l’éducation de l’Ambassade de Grèce en Belgique,

de l’Association des Epirotes de Belgique du Restaurant Strofilia et de Canette Brussels - Greek quality wines.

Réservations sur theatredesmartyrs.be... et au 02 223 32 08

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Commentaires

  • administrateur théâtres

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  • administrateur théâtres

    Un impressionnant Bernard Gahide qui interprète le récit de la mort de Jocaste dans une nausée magnifique!

  • administrateur théâtres

    http://www.lalibre.be/culture/scenes/dipe-eternel-et-superbe-560176...

    C’est la tragédie des tragédies. Depuis 2500 ans, elle met un homme face à un destin qui le détruit, sous le regard impuissant des dieux, et sous les yeux de spectateurs tour à tour terrifiés ou apitoyés. Une véritable "machine infernale", comme disait Cocteau, broie Œdipe, qui a fui un père qu’il ne savait pas adoptif pour se soustraire à l’oracle qui prédisait qu’il le tuerait, tue un homme croisé sur sa route, qu’il ne savait pas être son vrai père, épouse sa veuve qu’il ne savait pas être sa mère. Criminel donc, mais criminel sans le vouloir.

    Cette fatalité énigmatique et cruelle n’a pas seulement fait s’interroger le public de la Grèce et de Rome, mais aussi celui du monde chrétien, où pourtant, comme l’a observé George Steiner, son inexorabilité a été abolie par le Pardon et la Rédemption apportés par le Supplicié du Golgotha.

    Tradition enrichie de modernité

    Telle est la tragédie que Daniel Scahaise a choisie pour faire ses adieux au théâtre. "Œdipe tyran" sera joué aux Martyrs jusqu’au 31 octobre. Une occasion rare et merveilleuse pour découvrir ou revoir la pièce de Sophocle dans des conditions optimales, car montée dans le respect des traditions, mais enrichie par la modernité théâtrale. L’antique tragédie est par là rendue accessible à tous les publics, et en particulier aux jeunes qu’on souhaite nombreux à la découvrir et à en mesurer la grandeur.

    Le spectacle réunit une si importante distribution que nous ne pourrons citer tout le monde, autour de Christophe Destexhe, un Œdipe de belle classe, dont l’assurance et la prestance vacillent progressivement sous l’effet des révélations qui l’accablent. A ses côtés, Hélène Theunissen est une Jocaste royale, tandis que Bernard Marbaix (le devin aveugle Tiresias) et Gérard Vivane (le Coryphée) apportent avec modestie un talent scénique éprouvé.

    L’ensemble de la distribution (bergers, serviteurs, enfants), comme sortie d’une île perdue de la mer Egée, évolue dans une scénographie d’une simplicité raffinée à la Peter Brook. Enfin, derrière un transparent sur lequel sont projetées des images d’arbres, de nuages ou de routes, le chœur commente l’action sur une musique originale de Daniel Dejean, interprétée par la flûtiste Renata Kamborava et le percussionniste Antoine Dandoy.

    Savoir-faire et ferveur

    Bref, ce spectacle porte avec éclat la marque de l’exceptionnel savoir-faire et de la ferveur théâtrale que Daniel Scahaise a manifestés tout au long de sa carrière. Ayant débuté comme régisseur au Théâtre des Galeries, il largua bientôt les amarres pour monter les œuvres qu’il aimait. Passant de "Richard III" de Shakespeare au "Don Juan" de Michel de Ghelderode, de "La Mouette" de Tchekhov à "Cyrano de Bergerac", premier en Belgique à monter une pièce de Bernard-Marie Koltès, il investit un temps les lieux les plus divers, du métro de la Porte Louise à la cathédrale Saint-Michel ("Meurtre dans la cathédrale" d’Eliot), avant d’installer son Théâtre en Liberté dans le Théâtre de la place des Martyrs.

    Audace et passion

    Pour son audace créatrice, sa passion dévorante, sa connaissance et son respect des chefs-d’œuvre de l’art dramatique, ceux qui comme moi l’ont suivi depuis les années 1970 ne peuvent qu’éprouver pour Daniel Scahaise ce que Jacques De Decker n’a pas hésité, dans un message d’adieu, à qualifier de "gigantesque admiration".

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