Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

administrateur théâtres

75646963e673284057aab947a7e90856.jpg?width=136"Parce qu'un homme sans mémoire est un homme sans vie, un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir." a dit un certain Ferdinand Foch.

Voici de la mémoire vive. Ils arrivent en se fendant la pêche, mine de rien en souhaitant la bienvenue au public. Mine de rien, ils vont  exhumer de négligeables fantômes, des dégâts collatéraux anonymes qui ne sont pas inscrits au tableau d’honneur de la commémoration du centenaire de la guerre 1914. Mine de rien, ils ont tous trois commis une écriture plurielle percutante, à propos de l’exode de près d’un million et demi de Belges,  de la déportation de 120.000 travailleurs forcés belges dans les camps de travail allemands qui devront rendre des comptes au retour, de l’enrôlement volontaire de 32 Congolais dans l’armée belge, de la violence faite aux civils. De quoi interroger les phénomènes contemporains de l’exil. Mine de rien.

12273120262?profile=original

Philippe Beheydt, Stéphanie Mangez et Emmanuel De Candido  sont donc auteurs, comédiens, et metteurs en scène d’une pièce forte et  poignante créée en novembre dernier aux Riches-Claires, Thibault Wathelet remplaçant temporairement Stéphanie  dans le programme donné à la Comédie Claude Volter.  Ce sont les mêmes Philippe Beheydt et Stéphanie Mangez qui ont co-écrit  la saison dernière un autre spectacle bouleversant : « Mémoire de Papillon » à propos de l’exécution de Patrice Lumumba et joué à la Comédie Claude Volter.

 

12273120477?profile=originalIci, trois récits se croisent. Le racisme est omniprésent.  Les trois comédiens s’emparent tour à tour des personnages, en changeant d’identité  - le propre  des migrants - dans un rythme haletant, dans une mise en scène fouillée, avec très peu d’accessoires (une mer de formulaires jetés au sol, une casquette, un chapeau haut-de-forme, une cape, et un boa rouge, des chemises blanches qui reçoivent en plein cœur le défilement de tragiques images d’époque, et une valise (ou deux?), symbole de l’abandon, de la transhumance forcée, de l’humilité et du désespoir du migrant. Ah oui ! Aussi un service à thé, un drapeau belge et  un bureau rescapé d’une cave. La théâtralisation  est économe et intense, digne des très  beaux jours de l’ancien  théâtre du Méridien. La frontière entre la narration est imperceptible et l’action démarre toujours à votre insu. A quoi servent donc les frontières ? Fleurissent aussi dans l’espace scénique de nouveaux  personnages liés au paysage de chaque histoire, ils naissent et s’évanouissent  laissant place à notre  propre métamorphose.

« Dedans se mumure l’histoire du monde… » Il y a Victor Vay, déporté de force pour travailler dans une usine de métallurgie près de Hambourg alors qu’il était cuistot.  Il y a August et Fien partis en exode en Angleterre, laissant leur magasin aux mains peu scrupuleuses  de leur frère Henri de 120 kilos, d’abord accueillis comme des « poor little Belgians » puis comme des « parasite little Belgians » dans cette « bloody war »!  Il y a Angolo,  jeune pièce rapportée des colonies par ses maîtres et  largué à l’arrivée. Mais il sait lire et écrire et se sent presque belge, il accumule les petits  boulots. Alors, bien qu’amoureux de Marianne la bruxelloise, il s’engagera pour le pire à venir! Les textes nous renseignent : « Contrairement aux Anglais et Français qui feront largement appels au renfort des troupes coloniales sur le théâtre européen, le racisme particulièrement exacerbé des autorités belges leur fait craindre le sentiment d’égalité qui n’aurait pas manqué de naître entre soldats blancs et noirs combattant dans les mêmes tranchées, versant le même sang. Seuls les 32 Congolais présents en métropole, s’étant portés volontaires, s’engageront avec bravoure sur le sol belge. »

Pour lui c’est l’espoir insensé d’être enfin considéré comme un citoyen à part entière.

12273120499?profile=original

Ils ont hissé la grand-voile sur la musique d’Emmanuel De Candido, Pierre Solot & Glü. Du sépia au noir et blanc, aux couleurs actuelles, les naufrages se ressemblent étrangement.  1914 - Lampedusa 2014, quel sinistre recommencement!

Une production de la Compagnie MAPS

  https://compagniemaps.wordpress.com/

du 23 septembre au 4 octobre

Du mardi au samedi à 20h15 et le dimanche à 16h

http://www.comedievolter.be/

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Commentaires

  • administrateur théâtres

    Lisez le compte-rendu de notre ami Roger Simons:

    http://lesfeuxdelaramperogersimons.skynetblogs.be/archive/2014/11/1...

  • administrateur théâtres

    Choix du journal Le Soir avec 3 étoiles ! Exils 1914 : on joue encore jusque dimanche à la Comédie Claude Volter !

    Critique du Soir
    star_scenes.gifstar_scenes.gifstar_scenes.gif  (Avis de la rédaction)

    L’histoire ne se répète pas, elle bégaie. Elle bredouille et nous, pressés, n’avons pas la patience de nous arrêter sur son défaut d’élocution, trop occupés à la conjuguer au futur. Pourtant, dans Exils 1914, la concordance des temps entre 14-18 et 2014 corrige certains préjugés sur les réalités d’hier et d’aujourd’hui.

    Au départ, il y a l’envie de trois auteurs – Philippe Beheydt, Stéphanie Mangez et Emmanuel De Candido – de dépasser la sempiternelle carte postale sépia du poilu dans sa tranchée, d’oublier le héros au premier plan de la photo pour regarder par-dessus son épaule, dans le coin de l’image, là où se devinent des destins moins connus.

    Les auteurs, également metteurs en scène et acteurs de la pièce, ont appréhendé 14-18 par le biais de trois réalités dont on parle peu malgré l’avalanche actuelle de commémorations: l’exode de près de 1.500.000 Belges, l’enrôlement de 32 Congolais volontaires dans l’armée belge et la déportation de 60.000 travailleurs belges dans les camps de travail allemands. Autrement dit, la Grande Guerre sur le fil de l’exil.

    Trois récits se croisent. Celui d’August, qui paye un jeune gars pour partir faire la guerre à sa place et fuit la Belgique, avec sa femme, ses valises et la Sainte Vierge. Celui de Victor, travailleur déporté dans une usine allemande. Celui d’Angolo, soldat congolais qui pensait se faire accepter par la Belgique en servant dans son armée.

    Prolifiques en détours et détails, au risque de sombrer dans le didactique et de perdre en clarté, les histoires nous emmènent sur les talons d’August, exilé en Angleterre, où la commisération laisse place à la rancœur, les «pauvres petits Belges réfugiés» devenant de lâches fuyards laissant les Anglais se sacrifier au front. Victor essuie, lui, les doutes voire les accusations de son propre pays sur sa présence, volontaire ou non, dans les usines allemandes. Quand à l’Africain Angolo, il découvrira que même si la couleur de son sang sur son uniforme est la même que celle des Blancs, elle n’en fait pas un des leurs.

    Impeccables, les comédiens habillent leur personnage d’une brûlante humanité, mais c’est le parallèle historique final qui nous a le plus bouleversée. En musique (formidable bande-son de Glü), les terribles images de naufragés au milieu de la Méditerranée, morts en 2014 pour avoir fui la guerre dans leur pays, se superposent aux images de la Grande Guerre, avec ses Européens fuyant la «der des ders». Y a-t-il des exodes plus légitimes que d’autres?

    CATHERINE MAKEREEL


     
    (édition du 16/09/2015)
  • administrateur théâtres

    Permalien de l'image intégréeGRAND FORMAT. À bord d'un navire qui sauve les migrants en mer

  • administrateur théâtres

    "Je donnerais ma vie pour être un migrant, ça a l'air tellement génial à vivre comme nouvelle télé-réalité. Je t'explique, attends.

    T'es là tranquille dans ton pays, tu entends le bruit des balles, tu te demandes qui entre toi et ton voisin sera éliminé en premier sans prime time, tu vis dans les décombres en attendant que D&Co ou l'armée viennent maroufler les murs, tu n'as rien dans le ventre à part la peur de ne pas te réveiller le lendemain, alors tu cherches de quoi manger en grattant la terre, c'est un peu Koh-Lanta, sans l'accent marseillais du candidat relou, le totem et le collier d'immunité. Alors, t'es là tranquille, prêt à tenter un Pékin-Express direction l'Europe, et c'est parti mon kiki, tu laisses derrière toi toute ta vie, ta mémoire, ta famille, ton héritage, ton identité mais ce n'est rien comparé à l'aventure, tu as bien raison de casser la routine, le quotidien c'est vraiment mortel. Alors, t'es là tranquille, entassé avec les autres participants dans la soute d'un camion, dans les cales d'un bateau, c'est un peu la Croisière s'amuse ou les Déménageurs de l'extrême mais qu'importe, au bout t'attends la gloire, la richesse européenne, les droits de l'Homme, la Liberté.

    Et puis, finalement, le rideau tombe et les corps aussi. Ce n'est pas Danse avec les Stars, mais Valse avec la Mort, ce n'est pas Rendez-vous en Terre inconnue mais

    J'irai mourir chez vous.

    Et le monde entier regarde sa télévision, tout en râlant sur le coût de la vie qui augmente, la courbe du chômage, la crise c'est la crise vivement Marine 2017, et que franchement on n'a pas que ça à faire que de voir des gens morts au moment du repas qui de toute manière allaient nous piquer notre boulot et puis merde quoi on n'a pas de sous c'est la crise qu'elle a dit la Marine allez mets moi TF1 j'ai des secrets à deviner, mdr.

    Et pendant ce temps, des enfants font la planche dans les vagues, en silence."

    Vincent Lahouze

     

  • administrateur théâtres

  • administrateur théâtres

    Un document que je m'empresserais d'utiliser si j'étais encore professeur d'anglais! oh Happy Days!

  • administrateur théâtres

  • administrateur théâtres

    2966016648?profile=RESIZE_1024x1024Ils sont passés par le Wolubilis et partent en tournée après la Comédie Volter. On vous tient au courant!  

  • administrateur théâtres

    La critique de Plaisir d'offrir: Extrait  :
    Vision touchante, poétique et pleine d’une caustique ironie, Exils 1914, servi par trois comédie...ns énergiques et investis, nous interpelle sur l’immigration, ses motifs et la perception que nous en avons !

This reply was deleted.

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles