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Emile Verhaeren: Les Moines

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"Les moines" est une oeuvre d'Emile Verhaeren (1855-1916), publiée en 1886. Ce recueil de poèmes qui fait pendant aux "Flamandes", achève la première partie de l'oeuvre de Verhaeren. Après avoir exalté la Flandre sensuelle, gaillarde et un peu grossière, des kermesses et des tavernes, le poète évoque ici la Flandre des mystiques et des primitifs. C'est une suite de tableaux de la vie monastique que propose Verhaeren. "Les moines" ne sont cependant pas une oeuvre de foi: lorsqu'il compose ces poèmes, Verhaeren est en pleine indifférence religieuse et s'il va faire retraite au monastère de Forges, près de Chimay, c'est uniquement pour y chercher des émotions esthétiques, et les sortilèges du passé. Si "Les flamandes" évoquent la Renaissance, "Les moines" disent la grandeur conquérante de l'époque gothique. Les religieux sont cependant pour le poète moins des chevaliers de la foi, que les derniers gardiens de la beauté dans un monde qui sombre dans la mesquinerie, la tranquillité et le plaisir, de grands rêveurs qui maintiennent l'aspiration vers l' idéal. Si Verhaeren ne manque pas d'évoquer la paix du cloître et des soirs religieux, c'est la puissance monastique qui l'attire surtout. Il s'enchante de tout ce que la vie monastique propose de dureté, de contrainte et de maîtrise de soi. Avec enthousiasme, il évoque les moines du moyen âge, "chandeliers d'or, flambeaux de foi, porteurs de feu -Astres versant le jour aux siècles catholiques, -Constructeurs éblouis de la maison de Dieu". Mais on ne doit point se tromper: s'il arrive à Verhaeren d'envier ce genre d'existence, c'est une rêverie toute esthétique, qui ne produit que de belles images: "Je rêve une existence en un cloître de fer -Brûlée au jeune et sèche et rapée aux cilices". La diversité des caractères monastiques l'émerveille et il y salue la diversité de sa patrie: voici le moine féodal qui veut emporter son salut comme ses ancêtres faisaient avec les châteaux forts; voici le moine inquiet, qui vit dans la crainte de Dieu, le moine doux proche des voix divines de la  nature, le moine fanatique qui embrase les hommes par la seul ardeur de son coeur. Le mysticisme religieux de ces poèmes semble s'opposer au réalisme sensuel des "Flamandes": cette double aspiration n'appartient pas seulement à la Flandre, mais à Verhaeren lui-même. De ces deux âmes, le poète s'efforcera de s'en créer une seule, et c'est ce qui nous vaudra ses poèmes à la gloire du monde industriel moderne, glorification de cette force éternelle qui pousse l'homme toujours plus loin.

 

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Commentaires

  • " Pour imprimer quand même à l'univers dompté

    La marque de l'étreinte et de la force humaines."

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