Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

administrateur théâtres

Démocratie de Michael Frayn Aula Magna Louvain-la-Neuve

                                                                                                 mocratie

        De : Michael Frayn

      du 13 au 18 Mars

Mise en scène, scénographie et lumières : Jean-Claude Idée

Dramaturgie : Armand Delcampe

Avec Jean-Pierre Bouvier, Xavier Campion, Emmanuel Dechartre, Alain Eloy, Jean-François Guilliet, Frédéric Lepers, Frédéric Nyssen, François Sikivie, Jacques Viala, Alexandre von Sivers

 

21 octobre 1969 : « La guerre contre les peuples et contre son peuple est enfin perdue. Créons une Allemagne d’Amour et de Justice!» C’est le vœu de Willy Brandt, personnage charismatique fascinant. Les visages  émaciés des gens de l’Est sont tournés vers lui. Il a le geste pacificateur, l’heure viendra! De l’autre côté du mur, les Libéraux ne veulent pas de traité avec L’Allemagne de l’Est et préfèrent les accords avec les Démocrates Chrétiens. Dans la solitude du pouvoir,  Willy Brandt tient bon : «ça va ça vient les coalitions, ça n’a pas de racines ». Willy Brandt est soutenu par le compagnonnage qui s’est établi avec son assistant personnel Günter Guillaume,   un espion de l’Est qui a su gagner sa confiance.  Dixit Günter Guillaume : Willy Brandt représente le rêve d’une démocratie parlementaire, « une fête qui ne finit pas ». Günter ou Guillaume selon l’interlocuteur,  celui de l’Est ou de l’Ouest. 

 

 Arno K., le commanditaire à qui Günter confie les avancées de sa mission  est partout. Il joue un personnage machiavélique  qui  symbolise à merveille la RDA et la surveillance constante du régime communiste. Big Brother invisible pour les comédiens, il se glisse au milieu de toutes les conversations. Jacques Viala l’incarne diaboliquement bien.

 

Huis clos sur l’immense plateau de l’Aula Magna. Les personnages sortent régulièrement de l’ombre pour jouer leur partition sous un spot de lumière. Cela  nous donne à voir toutes  les coulisses du pouvoir… qui tue. On revivra l’histoire éternelle de la roche tarpéienne. Les services secrets de la République Démocratique ont décidé, en accord avec l’Ouest, de saborder (Günter) Guillaume pour faire sauter le chancelier et son Ostpolitik… Dans l’ombre, veille le Mazarin : « oncle Herbert », Herbert Wehner,  chef du SPD qui attend jalousement de présenter son favori, Helmut Schmidt aux élections. « La démocratie, c’est comme la spontanéité, elle a besoin d’être contrôlée. »

 

 Et au détour de la guerre du Kippur, de la crise pétrolière, le 7 mai 1974, le chancelier qui ne chancelle pas,  Prix Nobel de la Paix, démissionnera, toute honte bue. Guillaume, son assistant personnel a été démasqué  quinze jours plus tôt comme  espion de la Stasi, les services secrets de la RDA.

 

 Tout le monde s’observe, épie, conspire  et s’approprie des lambeaux de la démocratie, cet  humble animal qui s’offre en pâture aux plus gourmands. A travers les personnages, ce sont les rouages de la politique, les contradictions, les enjeux, les désespoirs qui exposent leur vérité crue. ‎La phrase de Walt Whitman « Me contredis-je ? Très bien alors, je me contredis. Je suis vaste, je contiens des multitudes. » est un sésame dans la bouche de Willy Brandt. Et Guillaume d’éprouver paradoxalement  une admiration sans bornes pour son maître et ami. L’heure sera grave quand les silences de Willy « ne diront plus rien ». Il aura été abandonné.   Dans  l’aurore norvégienne, pendant ses  dernières vacances  familiales avec Willy, Guillaume se demande « Est-ce lui que je vois dans la lumière norvégienne ou moi-même ? » Une question intime qu’aucun  vrai espion ne se pose. La fête est finie.

 

Cette représentation théâtrale  est soigneusement orchestrée. Le mur du  décor est  un  personnage muet qui nous fixe  du haut de son mirador. Les  comédiens triés parmi les meilleurs  (Alexandre Von Sivers,  Xavier Campion… ) s’emparent du  texte dense  et  rendent les scènes historiques très évocatrices comme la tombée à genoux de Willy Brandt à Varsovie. Le spectateur ressort de la salle heureux d’avoir parcouru une page complexe de l’histoire rendue palpable par la dynamique théâtrale. Heureux que les murs finissent toujours par tomber.

 

Les prestations de Jean-Pierre Bouvier (Willy Brandt) et d’Alain Éloy, l’espion au cœur qui balance,  sont brillantes et passionnées.  L’AULA MAGNA à Louvain-la-Neuve se souviendra  longtemps de la chute de ce  mur tant décrié par Willy Brandt!

http://www.atjv.be/fr/saison/detail/index.php?spectacleID=475

Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles