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Début de ma nouvelle:"Dimanches en fête"

Début de ma nouvelle:"Dimanches en fête"Ici, tout est blanc, incroyablement blanc. Quelques taches colorées apparaissent loin tout au bout d’un paysage plat et infini. On dirait une œuvre abstraite, minimaliste, très épurée. Une force attractive m’aspire vers ces taches minuscules, égarées dans ce grand vide blanc. Je voudrais résister à cette force, revenir en arrière. Réintégrer ce corps inerte dans la salle d’opération. Il est encore trop tôt pour me trouver ici. Mon domaine, mes souvenirs sont remplis de collines douces et vertes, de ciel aux couleurs changeantes, d’un soleil couchant, des couleurs de l’arc en ciel, du bleu ou du vert des océans, d’odeurs de la terre fumante lors d’étés chauds, après l’orage, du vent et de la pluie qui caressent ou qui frappent le visage, de bruits, de musiques, de cris d’enfants dans une cour de récréation, des parfums de ma sœur, le nez de la famille, de la langue au senteurs de miel de Natacha, ma première langue, du regard d’amants infidèles. Le corps exulte, dit le poète, l’âme souffre et pardonne parce que c’est ça la vie ! Je ne suis pas bien ici. Si c’est cela le paradis blanc, il est bien fade. Je me rapproche des sujets indéfinissables qui grandissent. Je les distingue de mieux en mieux. Le vide s’est rempli. Il grouille de monde. Il est beau aussi ce monde mais froid. Les taches informes sont devenues des personnages qui se croisent sans se regarder. Que cherchent-ils ? Sont-ils condamnés à errer dans ce vide inodore et insipide. J’ai envie de crier. Aucun son ne sort de ma bouche. Vais-je rester confiné dans ce « je ne sais quoi qui déborde de rien, de presque rien» et me contraint au silence. Mon « voyage » n’est pas terminé. Tout à coup, comme si quelqu’un avait appuyé sur la touche rewind d’un enregistreur, je refais mon trajet, en sens inverse. Le rythme s’accélère. J’aperçois mon corps sur la table d’opération. Je le réintègre. L’accident ! J’ai mal, très mal mais déjà les images défilent, à rebours. L’été succède à l’automne. Le printemps succède à l’été. Le rembobinage du temps se poursuit à une vitesse folle. Je comprends. Lorsque le moteur du Revox se sera arrêté, la bobine effectuera ses dernières rotations et terminera sa course, vide de tout mon passé, de toute mon existence J’attends ma voix d’avant, celle de l’enfant, hurler : « Stop, je suis trop jeune pour mourir ». Le temps s’est suspendu. Ma volonté est-elle plus forte que ce fatal destin ? Je me sens bien, vraiment bien ! La maison résonne du son velouté de la clarinette. Papa répète les morceaux pour son prochain concert avec l’Harmonie locale. Disons plutôt, l’une des harmonies ou fanfares locales. En ce temps-là, chaque clan politique a la sienne. Papa, il est à la libérale, depuis qu’il s’est mis à son compte. Entrepreneur en maçonnerie. Depuis, il est en froid avec Parrain François. Les oncles et grands-pères, on les appelle tous parrain dans la famille. Mais, parrain François, c’est un vrai parrain, celui de papa. Un frère de mon grand-père. C’est pas un marrant, celui-là. Echevin socialiste, athée, le genre à brailler à bas la calotte à la fin de l’internationale, peu conciliant avec ceux qui ne connaissent pas l’hymne mythique. Il porte la moustache à la Staline. Elle sent le café « raboulu » et qui a bien macéré dans la cafetière, sous le ramponneau, sorte de filtre à café à l’ancienne. Beurk ! ...
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