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administrateur théâtres

Le metteur en scène Georges Lini, créateur du « Zut »  ne pensait pas un jour mettre en scène au Théâtre du Parc. Je le cite :  « Est-ce qu’on va continuer à galérer, est-ce qu’on va jeter l’éponge, ou est-ce qu’on frappe un grand coup et on crée le ZUT ? Et justement, pour que de jeunes compagnies puissent avoir un lieu d’ancrage, nous avons créé le ZUT ! »

 Voilà que Georges Lini  - vous vous souvenez de « Trainspotting » au Poche ? -  fait partie du vent nouveau que Thierry Debroux (auteur de la pièce) et  le nouveau directeur du théâtre du Parc  après Yves Larec, tente d’insuffler à la deuxième décade de l’an 2000 du plus beau théâtre de Bruxelles.

La pièce « Les cabots magnifiques »  a été écrite en hommage à Yves Larec, l’élégant et légendaire directeur du théâtre Royal du Parc qui, des bureaux administratifs  se retrouve projeté (une ultime fois ?) sur les planches de son propre théâtre. L’émotion doit être grande quand il s’agit de mettre en scène l’art jubilatoire de jouer la comédie, la passion du métier d’artiste et d’oser poser la question de ce que comédiens deviennent  quand ils quittent la scène. Mais la scène ne les quitte jamais. Yves Larec comme les autres. Jean-Claude Frison (Le diable rouge)  ou Michel De Warzée. Rien de plus magnifique qu’un trio de  cabots.  Avec  Petits Sabots de Noël ou non, les cabots n’en finissent pas de jouer, car « Le monde entier est un théâtre, – Et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. – Chacun y joue successivement les différents rôles – D’un drame en sept âges.».

Touché qu’un jeune directeur pour sa première saison, sans doute la plus délicate, prenne le risque de lui confier l’un de ses spectacles Georges Lini nous confie : « Le temps qui passe est un thème qui nous concerne tous. Le côté éphémère de tout, aussi. » La question se pose comme pour François Villon dans la ballade du temps jadis : «  Mais  où sont les souffleuses d’antan ? »

 Georges Lini : « Notre regard sur nous-mêmes aussi évolue. Il est, quand il est honnête, la plupart du temps sans pitié. Et puis il y a les non dits. Et les faux semblants. Où ce que l’on est n’est pas ce que l’on dit. Ce qui fait pour moi qu’une pièce est une bonne pièce parce qu’elle fait place à l’humain tel que nous sommes. »

 Georges Lini avoue avoir eu un plaisir énorme à mettre en forme la rencontre de plusieurs grands noms du théâtre. Le ton de la pièce reste léger.  La pièce est donc  touchante, élégante, surréaliste et nostalgique. Mais combien humaine. Intelligemment construite, pleine d’inattendus, de mises en abîme. Don Juan à jamais  passionnera l’acteur masculin (infidèle, séducteur, libertin, blasphémateur, être de l'inconstance et du mouvement) et Elvire se posera à jamais des questions sur l’amour et les amants inhumains et hypocrites.  Mais rien de plus désolant aussi,  pour un ancien acteur ou une ancienne actrice, que de perdre la parole… ou la mémoire et de ne plus pouvoir réinventer la fête. Ceci n'est pas une souffleuse.

Extrait :              Françoise : Cette nuit, j’ai vingt ans. Je suis légère ! Je n’ai pas encore croisé le regard de l’homme qui me fera souffrir. Cette nuit, j’arpente les couloirs du conservatoire et j’attends mon tour. Cette nuit je suis une mouette… Je suis Marianne, je suis Juliette… je suis toutes les jeunes premières… Cette nuit j’ai le trac de ma vie… Dans quelques minutes, un huissier va prononcer mon nom et mon cœur partira au galop… Une porte s’ouvre… quelques professeurs sont assis derrière une table et me regardent ! Je voudrais n’avoir jamais eu cette idée folle de devenir actrice… Fais demi-tour pauvre gourde ou tu es perdue ! Je suis perdue ! (Soudain elle aperçoit la souffleuse)  Qui êtes-vous ?                                                                                                                                                

La Lasouffleuse : La souffleuse !

Françoise : La souffleuse ? C’est impossible ! La souffleuse : Pourquoi ?

Françoise : Une souffleuse, ça n’existe qu’au théâtre. Pas dans la vie!…  

Pas sûr, selon les cabots magnifiques !  

 

Distribution

- Michel De Warzée

- Jean-Claude Frison

- Marie-Paule Kumps

- Yves Larec

- Françoise Oriane

http://www.theatreduparc.be/

du 19 avril au 19 mai

http://selv6.lesoir.be/culture/scenes/2011-04-22/la-revolution-de-velours-de-thierry-debroux-836013.php

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Commentaires

  • administrateur théâtres

    La Libre.be          http://www.lalibre.be/culture/divers/article/734476/vieillir-jouer-...

     

    Vieillir, jouer, défier l’oubli

    Marie Baudet

    Mis en ligne le 26/04/2012

    Attachants “Cabots magnifiques” de Thierry Debroux, par Georges Lini.

    Hauts murs tendus de tissu, lustre luxuriant : la maison de retraite où vivent Yves (Yves Larec) et Michel (Michel de Warzée) semble pour le moins confortable. Ces deux-là, acteurs pendant toute leur vie, forment un duo de "meilleurs ennemis" se balançant des vannes à qui mieux mieux. De temps en temps passe une autre pensionnaire, Françoise (Françoise Oriane), qui les gratifie systématiquement d’un "Messieurs " à l’exclusion de toute autre parole. L’animatrice habituelle étant à l’arrêt pour dépression, une autre la remplace : Odile Flon (Marie-Paule Kumps) est excitée de travailler avec des comédiens. Elle-même a fait trois ans d’académie, jadis, et entend bien user du théâtre pour - avec le concours des compères, que rejoint bientôt un de leurs légendaires rivaux, Jean-Claude (Jean-Claude Frison) - faire sortir Françoise de son silence.

    Ce scénario suffirait à faire une histoire sympathique. Or, Thierry Debroux ne s’arrête pas là, brouillant les pistes entre le réel et le rêve, le théâtre et la vie. Ainsi une souffleuse (Mélanie Lamon) intervient-elle régulièrement, présence insolite voire interrogative de l’instant. La mise en abyme est à l’œuvre dans "Les Cabots magnifiques". Le trouble jeté ici à dessein fait écho au sujet : le vieillissement, la mémoire - question primordiale pour les acteurs face à leur texte - qui revient, vacille ou se délite, la transmission, les rôles qu’on joue sur scène et dans la vie, ce que le temps emporte avec lui et ce qui reste, ce qui survit à l’oubli.

    C’est une sorte d’hommage, délicat et cocasse, que rend Thierry Debroux, nouveau directeur du Parc, à son prédécesseur et à toute une génération d’interprètes, qu’il confie au savoir-faire de Georges Lini. Pour sa première mise en scène au Parc, celui-ci réussit une comédie qui, si elle ne fait pas mentir son titre (le cabotinage en est un ingrédient essentiel), ose la nuance, la sensibilité, sans sombrer dans une nostalgie univoque. Et qui parlera à un public de tous les âges, interpellé avec justesse pendant la représentation.

    Renata Gorka a conçu pour cet objet attachant une scénographie qui fait appel à la tradition du lieu avant de le mettre à nu. Sur un plateau littéralement habité par des personnages truculents et fragiles. Touchants.

    Bruxelles, Théâtre royal du Parc, jusqu’au 19 mai à 20h15 (dimanche à 15h). Durée : 2h15 env., entracte compris. De 5 à 25 €. Infos & rés. : 02/505.30.30, www.theatreduparc.be

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