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administrateur théâtres

12272995485?profile=originalLa fée Musique avait  sûrement touché le calendrier jeudi soir lors des “Flagey Piano Days” qui accueillaient  jeudi soir dans son magnifique Studio 4 un programme rutilant, triste et beau à mourir, interprété par  la crème de la crème des artistes.  

Paul Dukas, L' Apprenti sorcier
Edward Elgar, Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85
Maurice Ravel, Concerto pour piano en sol majeur 
Maurice Ravel, Daphnis et Chloé

Par le Brussels Philharmonic, Michel Tabachnik, Steven Isserlis, Boris Giltburg

http://www.flagey.be/fr/program/14113/brussels-philharmonic-symfomania-workshop-kids-10-/michel-tabachnik-steven-isserlis-boris-giltburg

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 Quelques propos de Boris, le superbe et l’infiniment humble artiste devant la fée Musique :

 Avant le concert : «  Me voilà de retour dans la grande salle de Flagey (où les éliminatoires et les  demi-finales du Concours Reine Elisabeth ont eu lieu en mai dernier). Que de souvenirs!  Tout de suite deux choses  - la salle paraît toute petite à côté du souvenir que j’en garde et  il me  semble mille fois plus agréable  d’y jouer aujourd’hui! Conclusion : ne  jamais  baser ses impressions d'une salle sur les souvenirs d'une activité qui a nécessité une très, très haute tension psychologique!


Je vais y jouer dans le cadre des Journées Piano Flagey le Concerto en sol de Ravel avec le Philarmonic de Bruxelles et Michel Tabachnik. Nous avons eu notre première répétition aujourd'hui et je suis très impatient en attendant la répétition générale avant le concert de demain soir.   Le programme est superbe : L'Apprenti Sorcier de Dukas, et le concerto pour violoncelle  d'Elgar ( joué par Steven Isserlis, que j'ai eu le plaisir de rencontrer aujourd'hui et que je vais enfin entendre en direct demain), et Daphnis et Chloé pour terminer en beauté.»

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Après le concert : « Quelle bonne surprise hier soir à Flagey ! L’accompagnement  et le jeu superbe du Brussels Philharmonic, une salle qui joue à guichets fermés, la musique de Ravel, un piano de rêve - tout s'est bien passé et ce fut une sacrée expérience. Je ne me suis plus senti aussi vivant depuis  longtemps ! Le Ravel était pour moi l'équivalent musical d'une boisson énergétique (ou  de dix, si vous voulez !) C'était bouillonnant et pétillant, effervescent même, tellement vivifiant ! Et puis, bien sûr, le deuxième mouvement, avec son interminablement triste, douce et  belle mélodie ! ...  Comme mon Ravel était dans la seconde moitié du concert,  je n’ai malheureusement pas pu  suivre la performance de Steven Isserlis du concerto d'Elgar, mais je l'ai écouté à la répétition générale - un récit très personnel, profondément touchant. Steven a une sorte de simplicité affectée dans son phrasé qui m'a touché très fortement, sans parler de ses sonorités ! Qu’est-ce que cela devait être le soir du concert! Inouï!  Nous avons fait une interview conjointe sur FM Brussel ( http://bit.ly/1f2dgaY ). Et aussi   une très belle interview sur TV Brussel ( http://bit.ly/1f2e0gt ). C’est  juste dommage qu’ils m’ont interviewé avant ma première répétition à Flagey, j’aurais montré beaucoup plus d’enthousiasme pour cette magnifique salle!  C’est ma deuxième merveilleuse rencontre avec Bruxelles. Demain, je pars au Japon, allant d'abord à Nagoya, pour interpréter le 2e concerto de Brahms que j’adore. Sous la direction de Martyn Brabbins avec le Nagoya Philarmonic.»

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Tout commence  donc avec la  musique inoubliable  de l’Apprenti-sorcier de Paul Dukas construite en crescendo fantastique avec le côté répétitif et obsessionnel du Boléro de Ravel. Un morceau d’orfèvrerie musicale sous la baguette inspirée de  qui brille de tous ses feux. C’est la fête des flûtes enchanteresses qui soulèvent les voiles du mystère, celle des cuivres et des percussions qui déchaînent le paroxysme organisé. Tabachnik confère une puissance inégalée au morceau d’à peine 11 minutes, fait fuser des sonorités de haute définition dans tous les registres, belles à couper le souffle malgré l’atmosphère apocalyptique. Les accents épiques de l’orchestre sont impressionnants et la finale suscite des applaudissements de fin de soirée alors que l’on n’en est seulement qu’aux débuts.  

12272996259?profile=originalLe Concerto pour violoncelle en mi mineur, op. 85  d’Edward Elgar clôture la première partie du concert. En T shirt noir - il  dit avoir oublié sa veste - Steven Isserlis s’excuse. Mais c’est une star d’envergure mondiale. Si la célèbre Jacqueline Du Pré  fut l’interprète privilégiée et la plus sensible de cette œuvre nostalgique et poignante, Steven Isserlis n’a rien à lui envier. Sa musicalité est intense, empreinte de ferveur et de dévotion  brûlante. On le suit avec émotion dans toutes ses fluctuations de tempo et de couleur de ton. Il transforme son violoncelle en harpe, lui inflige de violents pizzicati, produit des accélérations fulgurantes, débordantes de chagrin et tantôt des sonorités délicates de chants d’oiseaux.  Dans l’Adagio, il exprime toute la langueur du compositeur Edward Elgar et  son désir d’infini et de paix. L’orchestre joue à la façon d’un chœur antique, répétant les phrases du discours héroïque et le ponctuant de notes syncopées  et de son acquiescement symbolique, signe d’une profonde et mutuelle compréhension. On acclame Tabachnik et son imposant orchestre débordant presque sur les escaliers latéraux, et surtout, l’illustre artiste qu’est Steven Isserlis dont on adore la profondeur et la simplicité.

Puis voici notre autre orfèvre et alchimiste musical dont la passion ferait presque exploser le clavier. Boris Giltburg dans le Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel.  Il  manie les trilles affolants, les frémissements de harpe, passe de la présence ludique à la concentration méditative. Particulièrement dans sa cadence qui met les larmes aux yeux lorsqu’il diffuse l’élixir mystérieux de sa profonde communion avec la musique. Il sculpte le noyau profond de son être sur son Steinway et fait jaillir de généreuses  galaxies de notes à clarté  stellaire. Le public s’abandonne devant une telle magie et fixe avec passion un clavier effervescent  qu’il sculpte comme un corps vivant. Il incarne aussi le feu de Prométhée, la griffe du diable et de l’esprit malicieux. Il écoute et transfigure sur son clavier le génie accompagnateur d’un orchestre que l’on ne regarde plus, tant le pianiste fascine... C’est lui, le grand cœur  palpitant de l’être vivant que constitue cette musique fabuleuse de Ravel. De prodigieuses acclamations le saluent et il nous offre en bis, l’une des 2 valses pour Piano en Do majeur de Gershwin. Nous avons reçu ce soir de ce jeune artiste,  une rivière de diamants.  

Non moins étincelante, la dernière œuvre jouée sur le mode fantastique : Daphnis et Chloé de Maurice Ravel. Du ravissement sonore chuchoté des flûtes au tapis de scintillements à la surface de la mer - Egée sans doute - Tabachnik soulève les respirations marines. Et parfois une vague qui semble atteindre le ciel. Les flûtes et cors ont trouvé leur point d’union charnelle. L’orchestre célèbre la fête romantique avec un  premier violon très lyrique et deux harpes vibrant à l’identique. Mais l’orchestre entre dans un rythme infernal, joue  l’évanouissement des illusions, du bonheur ? C’est la mise à mort implacable et brutale par des percussions qui ont pris le pouvoir. Voici les grondements de tonnerre et une nouvelle fin du monde.  Des citations de Shéhérazade de Rimsky Korsakov semblent flotter dans les archets, c’est l’apparition d’êtres fantastiques ahurissants, tapis dans l’ombre ou fracassants ? Une œuvre peu bucolique et forte d’émotion qui renoue presque avec l’effroi  suscité par l’œuvre de Dukas du début du programme !  Qui, d’un bout à l’autre, a été un vrai feu d’artifice.

Samedi, toujours au Studio 4 rendez-vous avec:

Flagey Piano Days

Anna Vinnitskaya étonne par sa poésie et joue la carte d'une sensualité virtuose et puissante. Le feu qui l'anime s'associe à merveille avec le romantisme à fleur de peau des ballades de Chopin, contrebalancées par l'équilibre construit, plus sophistiqué des rapsodies brahmsiennes.

» En savoir plus  

Flagey Piano Days
En voilà deux qui aiment se retrouver ensemble sur scène, et une association qui marche, pour le plus grand plaisir du public. Entre Frank Braley et Gautier Capuçon, deux musiciens incontournables, c’est la rencontre de l’intériorité presque débordante du premier et de la fougue du second, dans un dialogue toujours souverain.
» En savoir plus

 

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Commentaires

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  • administrateur théâtres

    Piano Days à Flagey
    Frank Braley répond aux questions de Nicole Debarre. Interview diffusée lors du journal parlé de 13 h le mardi 18 février 2014 sur La Première.

    http://www.orcw.be/piano-days-frank-braley-au-jp-de-la-premiere/

  • administrateur théâtres

    Les « Piano Days » à Flagey : une belle réussite !

    Le 24 février 2014 par François Mardirossian

    Geniet

    Rémi Geniet
    Sergeï Rachmaninov : Liebesleid (d’après F. Kreisler) – Liebesfreud (d’après F. Kreisler) – Berceuse (d’après Tchaïkovsky)
    Franz Liszt : Sonate en si mineur
    Ce dimanche était le dernier jour des Piano Days à Flagey. Beau festival où l’on a u pu entendre du 19 au 23 février un panel des grands pianistes d’aujourd’hui toutes générations confondues. Les plus grands noms du piano étaient au rendez-vous ainsi que les deux premiers prix de la dernière session piano du Concours Reine Elisabeth : Boris Giltburg et Rémi Geniet. Le programme choisi par Rémi Geniet pour son retour à Flagey n’était autre que le récital non choisi par le jury lors de sa demi-finale au Concours en mai dernier. Autant dire que sa Sonate de Liszt était rodée ainsi que Liebesleid de Kreisler-Rachmaninov. Rémi Geniet a toujours cette magnifique concentration avant de débuter une pièce, il donne l’impression d’une grande maîtrise de soi et d’un calme olympien. Le début de la Sonate de Liszt fut parfaitement réussi ; clair, net dans les attaques, pas trop alangui dans les énoncés des différents thèmes et d’une énergie qui laissait présager de la suite. Dès la deuxième page on comprit que l’on avait affaire à un autre pianiste que celui qu’on avait connu au concours. Si l’on se souvient bien, le candidat Geniet était tout ce qu’un jury pouvait espérer ; sobre, précautionneux, constant et plus que prêt… Le résultat est là pour le prouver. Ce dimanche après-midi, le public de Flagey a eu la chance d’entendre toutes ces qualités mais avec en plus la fougue et les prises de risques que l’on n’avait peut-être pas lors du concours. Chose bien compréhensible pour un enjeu de ce niveau-là, mieux vaut ne pas prendre de risques inutiles. Rémi Geniet nous a offert une Sonate de Liszt à couper le souffle, rapide, véloce, sauvage et d’une poigne admirable. Le fameux passage fugué au milieu de l’oeuvre fut pris à une allure folle mais constamment clair, construit, conduit et phrasé. Ce tout jeune pianiste a la capacité de rester toujours limpide même s’il prend des tempos ultra rapides. Techniquement, ce fut époustouflant et très risqué. Geniet ne fait pas partie des pianistes qui posent leurs notes afin de ne pas glisser, qui ralentissent les fins de phrases afin de ne pas les écorcher ou élargissent le tempo quand cela devient trop complexe, etc… Non. Geniet ne rechigne pas à y aller quand il faut y aller, sa tête est si claire qu’il n’en sourcille même pas. L’oeuvre est sue et comprise jusque dans les moindres détails. Jouer cette oeuvre-ci comme il l’a fait aujourd’hui laisse donneur quant à la suite de sa carrière. Une telle maîtrise étonne toujours quand on se souvient de son âge. Vingt ans. La suite du concert était d’une ambiance plus légère. Le jeu aisé de Geniet est parfait pour les trois transcriptions volatiles de Rachmaninov. A l’écoute ces pièces sonnent faciles et voire kitsch mais en réalité elles sont diaboliquement difficiles à jouer correctement et pour qu’elles sonnent faciles, il en faut des heures de travail ! Mais quand on sait que ce jeune homme passe à peu près 13 heures par jour devant son piano on se dit qu’il n’y a pas de secret. Le travail et encore le travail. Ces pièces ont été parfaitement comprises par Rémi Geniet ; légères, subtiles et d’un rien mièvres. Le piège étant d’en faire des oeuvres trop parfumées frôlant l’indécence. Là encore, Geniet n’est pas tombé dans le piège et n’a jamais été excessif dans ses rubatos. Ce qui aurait pu n’être qu’un démonstration de virtuosité fut en vérité un vrai moment de délice musical. Les phrasés sont ciselés au centimètre près et les agogiques parfaitement contrôlées. Décidément, même dans des oeuvres non sérieuses, Geniet parvient à être impressionnant. Tant de jeunes pianistes se jetteraient dans ce genre d’oeuvres pour montrer qu’ils peuvent aller vite et fort. Geniet, à vingt ans a déjà dépassé le stade d’épater la galerie. Un vrai plaisir de le retrouver, détendu et fougueux.
    François Mardirossian
    Bruxelles, Flagey, Studio 1, le 23 février 2014

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