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"Aldébaran" cité dans "Le voyage des mots" "De l'Orient arabe et persan vers la langue française" "calligraphies de Lassaâd Metoui", par Alain Rey, éditions Guy Trédaniel

"Aldébaran.

 

Dans le catalogue d’étoiles dressé par Johann Bayer au début du XVIIème siècle, la première, Bételgeuse, est appelée alpha, alpha d’Orion, et Aldébaran, alpha du Taureau, Rigel, autre étoile au nom « arabesque », devenant Beta de la même constellation.

Cependant, malgré son prestige, l’alphabet grec ne parvint pas à éliminer le pouvoir de ces noms arabes.

Ainsi, Aldébaran, célébrée par Victor Hugo dans Les Quatre Vents de l’esprit et dans Les Contemplations, n’est autre que « la suivante », du verbe dabara, « venir après », d’où ad dabir, ad dabira, « l’extrêmité arrière », nom qui fut affecté par Abd el Rahman Sufi, astronome persan du Xème siècle, à cette étoile, la plus brillante de la constellation du Taureau, qui semble suivre et regarder ( on l’appela aussi « l’œil du Taureau ») le groupe des Pléiades. Cette dénomination assez banale, soulignant pourtant l’unité des apparences célestes, n’empêcha pas les poètes de voir en ce nom des mondes de lumières. Ainsi, Hugo, inépuisable, fait de l’astre un « turban de feu » (turban est un mot turc) et se déchaîne, le qualifiant de « clarté de l’insondable grève », « un de ces inconnus que nous nommons soleils », « une face splendide et sombre sur l’abîme », « un éblouissement », pour conclure : « Ta merveille, c’est d’être une roue inouïe / De lumière, à jamais l’ombre épanouie. »

 

Bételgeuse ne fut pas moins propice à l’imaginaire poétique, mais son origine – incontestablement arabe – est discutée. Soit le nom vient de beital-janzaa, « la maison des Gémeaux » (autre nom de la constellation d’Orion), soit de ibt al-jauzaa, l’ »épaule » de ces mêmes Gémeaux. La « maison » vient des Tables d’Ulug Beg, de Samarcande, au XV ème siècle, l’ « épaule (droite) » provient d’Abul Hassan, environ un siècle auparavant.

 

Aldébaran.

 

La science moderne, après la connaissance ancienne de l’image céleste, après la symbolique et la poésie, donne à Aldébaran ses caractères d’étoile « rouge », ayant consumé son hydrogène et brûlant son hélium. Extrêmement lumineuse étant vue de la Terre, Aldébaran possède un satellite, et la découverte en 1997 de ce qui pourrait être une très grande planète a stimulé les imaginations. Déjà les variations de couleur de cet astre avaient fait écrire à Gérard de Nerval, dans Sylvie : « tour à tour bleue et rose comme l’astre trompeur d’Aldébaran ».

Le nom calligraphié de l’étoile est entraîné vers le zénith par une puissante trajectoire qui abrite  un « satellite » décoratif circulaire et, ramassée, la reprise du nom. »

 

Alain Rey, cité dans« Le voyage des mots », «De l’Orient arabe et persan vers la langue française », calligraphies de Lassaäd Metoui, éditions Guy Trédaniel.

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Commentaires

  • Merci pour ce voyage en Galaxie. Nous n'avons pas assez d'une vie pour découvrir, découvrir et découvrir encore.

    Merci à vous.

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