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état de la poésie en Francophonie

Etat de la poésie en Francophonie

Aujourd’hui en France plus de 100 000 personnes écrivent des poèmes , en rajoutant les pays  Francophones et les autres pays lisant le Français , nous sommes  500 000 individus à griffonner de la poésie  , 50 000 ayant publié au moins un recueil . Dans ce lot de poèmes, combien sont-ils poètes ? Il ne suffit pas d’aligner des mots les uns après les autres, il faut leur donner un sens, une âme  vibratoire, un schéma technique pour poser sur le grand miroir de la vie, des mots d’espoir ou de souffrance.

Qui n’a pas écrit au moins un poème dans sa vie ?

L’adolescent qui couche sur le papier ses angoisses, ses premiers pas vers l’amour. La personne plus âgée qui écrit pour ses enfants, petits enfants …

Mal aimée du public

La lecture de la poésie demande une attention, une réflexion, une recherche qui sont absentes dans un roman à l’eau de rose, qui se boit d’une seule traite.

La poésie structurelle ou de laboratoire

Les trois quart des poètes qui publient en recueil sont incapables de donner une définition de leurs textes  ou alors ils balbutient une réponse comme : émerveillement, la lumière, narrateur …

Conseils à un débutant

Proposer  des textes aux revues de poésie, en choisissant, ne pas expédier à l’aveuglette, consulter celles qui prennent les nouveaux auteurs. La publication régulière permet de lire les poètes d’aujourd’hui, les courants d’affinités. En lisant les revues vous obtiendrez des adresses utiles, des conseils. Au bout de quelques années, vous pourrez peut être publier un recueil (en évitant de tomber dans le compte d’auteur abusif)

L’édition en poésie

Il existe deux types d’éditeurs :

  • éditeur à compte d’éditeur, un vrai éditeur qui prend des risques, l’auteur n’a rien à payer et il touche des droits d’auteur

  • éditeur à compte d’auteur, l’auteur,  doit débourser (parfois une somme d’argent incroyable) il y a de nombreux éditeurs dans ce domaine, certains honnêtes, et de véritables voyous. Bien faire attention, demander conseils …

L’édition à compte d’auteur

L’édition à compte d’auteur est florissante, chaque semaine, un nouvel éditeur arrive sur le marché ? Quand vous voyez une annonce «  nous sommes à la recherche de nouveaux auteurs «  méfiez-vous ? Il ne faut pas tomber dans le piège, qui en général est bien préparé. Pour plus de renseignements sur le sujet contactez : l’oie plate BP 17 94404 Vitry cedex, qui vous donnera de nombreux renseignements : sur les revues de poésie, les éditeurs de poésie, une sélection de revues et d’éditeurs.

L’éditeur de poésie

L’éditeur  bien installé comme : Gallimard, Grasset, Seuil, édite des auteurs confirmés, qui sont parfois aussi des romanciers de la maison. Quasiment pas de place chez eux pour un poète débutant.

Le petit éditeur ou la micro-édition publient des débutants, font un travail sérieux, vous donne des conseils en cas de refus.

Le problème de la poésie

La diffusion en librairie

La poésie n’est pas morte

Vu le nombre de personnes qui écrivent , plus la société avance dans la richesse ( pour un petit nombre ) l’injustice , atteinte à la démocratie , la misère dans le monde , nombreux sont les poèmes écrits .

En conclusion

Il suffirait  que chaque poète achète (en plus du public) un recueil  par an et tout pourrait changer le comportement des éditeurs, ils publieraient de nombreux recueils  et les diffuseurs  feraient leur travail.

Ne pas oublier de publier sur internet ,qui offre de nombreux sites  de poésies.

© Alain LE ROUX 2011

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Réponses



  • Sandra Dulier a dit :

    Je ne peux offrir ici qu'un témoignage.

        

    Poète de formation littéraire âgée de 39 ans, non issue d'un milieu artistique, connectée à Internet depuis un peu moins de deux ans, autoéditrice d'un premier recueil grâce à une plateforme numérique d'impression à la demande. j'ai découvert via Internet un univers poétique d'une grande vivance. J'ai lié, via les réseaux et les blogs, des amitiés de plumes débutantes, émergentes voire plus confirmées; des artistes de talent qui embelissent de leurs mots mon quotidien, m'offrant de belles vibrations émotionnelles et de jolis moments littéraires. J'ai lu et je lis beaucoup les écrits publics et blogs.

         

    Parallèlement, j'écris sur tous supports, depuis le coin de table, sur le petit bout de papier providentiel, en passant par le carnet d'écriture, ce réseau, mon blog ou mes pages, créant aussi de petites vidéos.. J'aime que la poésie puisse aussi ainsi voyager et se partager sur plusieurs supports numériques ou papier (même si je ne suis pas ebook).

        

    Où en est la poésie francophone ? Je dirais qu'elle est bien présente et sera là demain, enracinée dans celle d'hier. La poésie classique et d'auteurs reconnus se partage aussi beaucoup. Internet, je pense, donne un élan à la poésie.

     

    Que serais-je sans cet outil ? Je n'aurais pas créé mon blog, lié des amitiés de plume, connu ce réseau. Bien entendu, il y aura toujours les mégalomanes, les usurpateurs, les copistes, les dysorthographiques (mais certains offrent de bien jolis mots et il m'est déjà arrivé de corriger gratuitement l'orthographe de certaines publications).

           

    Profondément humaniste, j'aime la poésie contemporaine sous toutes ses formes (poésie formelle, libre et slam compris). Je me réjouis de cette démocratisation de l'expression artistique, de cette ouverture culturelle, de cette mixité et de ces autres horizons. 

            

    Personnellement, je n'analyse pas ma poésie. Je la considère comme des morceaux d'un vitrail d'âme et de vie que je partage en toute simplicité. J'ai publié un livre parce que deux lecteurs m'ont demandé le même jour (le destin quand même) s'ils pouvaient acheter un recueil de ma plume et aussi dans un souci de transmission. Il est vrai que je me suis autoproclamée poète, ne donnant à ce mot aucun sens sacré, mais au fil du temps, des partages non mercantiles avec des lecteurs fidélisés ont évolué et le cercle s'agrandit chaque jour. Je suis lue au-delà de ce que j'aurais pu imaginer. De même, ce réseau m'a accueillie comme une artiste parmi d'autres artistes. Ce qui me touche encore beaucoup aujourd'hui.

        

    Je pense être de cet élan numérique d'artistes contemporains indépendants avec un profil particulier, celui de n'avoir jamais proposé aucun texte à une maison d'édition. Le profil de l'autoéditeur peut être différent. Certains s'autopublient pour faire leurs "armes", car en attente d'une réponse d'un comité de lecture, d'autres ont été refusés et les derniers ont été floués (par quelque maison malhonnête) ou remerciés (et donc sans contrat). 

            

    Je pense enfin qu'il est important que la poésie garde cette fonction première d'expression en liberté quels que soient son support, sa diffusion et ses visées, en toute sincérité artistique. Je souhaite que la poésie ne soit pas calibrée ou formatée pour être commerciale.  Un artiste ne vend pas son âme. Chaque poète a sa place même si pratiquement aucun  n'a pignon sur rue, son nom écrit dans tous les journaux ou une interview à la télévision. Je pense que tant qu'il y a lieux et supports d'échanges, il y a vie artistique.

              

    Une dernière réflexion : Enseignante, en début de carrière, j'ai eu l'occasion de créer des ateliers poétiques et une expo au sein d'un établissement spécialisé pour caractériels. La poésie, c'est aussi en écoles qu'elle peut ouvrir des ailes; une poésie sensitive, créative, expressive (les ados ont tant à dire), non conformiste et proposant l'ouverture.

           

    Merci pour cette discussion.

    J'anime aussi des ateliers d'écriture (  sur la poésie ) à partir de la 6 éme  , les  jeunes adorent  , 1 heure par classe ...

            

  • Si j'avais réagi, j'aurais exprimé la même façon de penser. Il y a, certes de nos jours, des poètes qui nous émeuvent ou nous charment mais faute du choix d"éditeurs, il faudra du temps pour faire l'unanimité sur ce qui vaut la peine d'être lu.

    N'oublions pas que les romantiques avaient beaucoup parlé d'eux-mêmes, avec art.

  • Un livre honnête dressait une sorte d'état des lieux "Poésies aujourd'hui" (de Bruno Grégoire, chez Seghers, 1990). Avec, outre des conseils souvent avisés aux auteurs (éditeurs, revues et collections, critiques et médias, traduction, libraires et bibliothèques...), un petit florilège de la poésie contemporaine.

    Pour ma part je n'ai jamais cherché à faire éditer mes poèmes, jugeant que la poésie est un acte trop personnel. Pour autant j'ai plaisir maintenant à la partager sur Arts et Lettres (de temps en temps, j'aime alterner avec des billets "coups de coeur")

  • Cinquième bout de réflexion … QUE LA POESIE SE LIBERE !

     

    Qu’est-ce qui peut améliorer la situation de la poésie ?

    Comme je l’ai évoqué avant, le  principal reproche qu’une majorité de gens fait à la poésie, c’est son aspect ringard, monde en marge, monde à part, dépassé et dont on n’attend rien. Qu’on le veuille ou non, la poésie aujourd’hui ça ne parle pas aux gens. Il me paraît donc évident que la chose primordiale à faire, c’est de leur prouver le contraire, et que pour ça, il est nécessaire de leur présenter du bon produit, il faut leur donner matière à leur faire changer d’avis. La question fondamentale est donc : Est-ce que les poètes d’aujourd’hui ont de bons produits qui puissent parler aux gens ? Pour ma part, je ne le pense pas, que c’est en tout cas de peu, de trop peu de poésie signifiante, vivifiante pour les gens de ce temps dont il faut parler, et j’englobe ma propre production dans ce jugement là quand bien même j’essaie de faire du bon artisanat de poésie. La majeure partie des poèmes que je peux lire présentement c’est du constat de mal être personnel de leurs auteurs, et du constat calamiteux, principalement résigné, fataliste, de tout ce qui ne va pas, de tout ce qui est moche et dégueulasse dans ce monde, qui s’ajoute à tout ce que nous proposent les médias chaque jour, qui nous braquent, et nous empêchent de voir autre chose que des catastrophes, de la mort en série, en masse, et des gens de partout en grand malheur, en grande peine d’exister. Bien des poèmes que je peux lire me sapent, me détruisent le moral, combien de fois j’ai envie de dire stop, envie de fuir, d’aller me promener et ne plus rien vouloir ingurgiter de poésie supposée médicament, thérapie pour me soigner, me guérir l’esprit, mais qui me refuse toute idée de sortir de la prison, de la camisole de force du mal être, et d’avoir quelque moyen de protection, de défense, de résilience, de libération par rapport à tout ça. Vous avez parfaitement raison de dire au début de votre propos qu’il faut que la poésie ait du sens pour qu’elle puisse servir à quelque chose, et intéresser les gens. Bien sûr, mais quel contenu à donner pour pouvoir parler de sens ? Pour ma part, l’art en général, et la poésie en particulier, prennent tout leur sens quand c’est libérateur, susceptible d’engendrer des métamorphoses, et même des soleils au sortir des souffrances et des anciens mensonges comme le suggère Aragon. Pour l’heure, je vois peu de poésie, peu de poètes aller dans ce sens là. Je ne condamne pas, je dis que c’est normal, et qu’il y a besoin de prendre en compte la nouveauté de notre situation en tant qu’êtres humains avant de pouvoir envisager de penser un minimum pertinemment, de parler et d’écrire utilement. Je dis sans précédent, ce temps où il nous faut affronter à la fois une société agressive qui ne nous laisse le temps de rien même pas de bien fonctionner comme elle le prétend, et un monde qui n’a jamais été aussi grand, que je dis désormais bien trop grand, bien trop complexe pour chacun de nous, poète ou pas. Je ne suis pas le seul à penser que ce temps est plus que jamais un grand traquenard, que c’est une immense toile, un immense filet dans lequel nous sommes. Comment s’en libérer ? Voilà pour moi la question qui devrait être centrale dans la poésie et susceptible d’intéresser vraiment les gens qui ont un besoin vital de ça, étant donné toutes les conversations que je peux avoir dans ma vie quotidienne. Fondamentalement, je pense que la poésie ne doit pas braquer, ressasser ce qui se dit dans les journaux, à la télé, ou asséner que ça ira mieux demain si tout le monde s’y met, et va dans le même sens à supposer qu’il en est un qu’on puisse définir, et qui soit un versant radieux à la mondialisation, chose dont je ne suis pas du tout convaincu. Je suis d’avis qu’il faut à la poésie donner l’envie aux gens de parler, d’exprimer ce qu’ils vivent de triste, de nostalgique, de mélancolique, de gai, de souriant aussi, et puis ce qu’ils ont envie de faire, leurs projets, leurs  ambitions et qu’il faut arrêter, contre carrer ce courant du martel en tête de toujours le mal, le laid, le sordide à l’actualité, où il est question de se flageller du peu que nous faisons ou pouvons faire, de notre impuissance vis-à-vis de bien des choses ou de fustiger l’indifférence ou l’égoïsme comme je le lis bien trop souvent, et qui seraient causes de tout. Que la poésie se libère de beaucoup de choses, pour les contenus, pour les formes, les moyens d’expression, elle en a grand besoin, c’est par ça qu’elle aura du sens, et aura un public. C’est dans cette direction en tout cas que je pense qu’il faut travailler, et depuis quelque temps déjà, je pense qu’il n’est d’avenir pour la poésie que dans l’art oral et notamment dans un lien fort avec le théâtre.        

  • Merci pour vos commentaires , la discussion avance ... Les poètes ouvrent les portes de la vie ( nous sommes en pleine crise ) l'argent est roi avant les idées ...

    En écriture poètique depuis plus de 40 ans ( 2008 ) , plus de 20 recueils publiés , 19 à compte d'éditeur . Les poètes s'organisent en association , mais restent souvent en vase clos .

    Je me souviens d'une discussion avec un poète belge habitant PARIS ( si l'on découvre un poète tous les dix ans " c'est bien " ) Il existe de petites maisons d'édition de poésie qui effectuent  bien leur travail  ?

    Le gros problème de la poésie c'est la diffusion ,les petits éditeurs ne peuvent pas se permettre de payer un diffuseur ...  j'ai été critique au mensuel littéraire et poétique ( B) pendant 15 ans , j'ai toujours cité le nom de l'auteur et celui de l'éditeur ( et parfois l'adresse )

    . Ma correspondance " avec SENGHOR, CHOUDHURI( CALCUTTA ) COUSTOUCHERAS ( GRECE ) en résidence surveillée sous le régime des colonels ... La recherche  , un combat pour la paix et la liberté .

  •  En réponse à M.Paul 

     

    En lisant votre article je m'aperçois que je ne savais pas que le nom d'un éditeur n'est pas cité à l'occasion de la présentation d'un livre.

    Je pense qu'il y aurait une façon de changer les choses. ( Mon réflexe de juriste)

    La couverture d'un livre pourrait être rédigée ainsi

    Le titre..............

    Éditions X

    La catégorie littéraire (Roman poésie etc..)

    de: nom de l'auteur.

    Le contrat de publication devrait stipuler: quand ce livre sera présenté, par son auteur, celui-ci devra identifier l'éditeur. (avec bien sûr une pénalité convenue au cas de non respect de cette clause.)

    Et les chanteurs eux aussi devraient avoir l'obligation de citer le nom de l'auteur d'une chanson qu'ils interprètent.

    Cordialement

    SuzanneW-S

  • petite remarque d'une expérience de plus de 30 ans de fréquentation de cercles littéraires. Je n'ai quasiment jamais vu soit venant d'auteurs, soit venant de présentateurs d'ouvrages d'auteurs, citer, à la fin de la présentation, la maison d'édition qui prend tout autant de risques que l'auteur.

    Tout au plus, ils disent tous à la fin de la présentation que l'auteur se fera un plaisir de signer (après achat) son livre.

    Je sais qu'il y a souvent une relation amour-haine entre les auteurs et les éditeurs, mais si les auteurs ne disent quasiment jamais un mot sur leur maison d'édition, il ne faut pas s'étonner que des tonnes de petits éditeurs qui se lancent dans la bataille, finissent par faire faillite, toutes les louanges des présentations allant aux auteurs.

  •     Ma lettre à Lettre à Flammarion

    Dans un ouvrage remarquable, L'art poétique, Jacques Charpier et Pierre Seghers ont exposé leurs recherches sur les poétiques lointaines, du Moyen âge, de la Renaissance et des siècles qui se sont succédés jusqu'au milieu du XX ième.

    Leur histoire, de cette forme littéraire, est illustrée par des écrits de très nombreux poètes de tous les temps.

    Les grandes maisons d'édition avaient pour mission de faire connaître et de préserver tous les ouvrages poétiques qui leur étaient proposés. Elles renoncèrent à leur rôle quand cet art, en changeant de nature, perdit tout attrait.

    Même à compte d'auteur, les poètes actuels, qui ne sont pas déjà connus comme écrivains talentueux, n'ont aucune chance de voir éditer leurs recueils. Comment seront-ils distingués?

    Nous vivons à l'ère d'une technologie miraculeuse. Grâce à l'internet, on découvre que la poésie intéresse un nombre immense de personnes, des deux sexes, vivant dans divers pays.

    Quand un comité de lecture a fait le choix d'approuver un ouvrage, il réalise assez rapidement s'il a eu raison ou s'il a commis un erreur. Les lecteurs le lui font savoir.

    Quand un poète offre ses écrits virtuels, ils se perdent dans une manne abondante mais d'une qualité douteuse. Or, en dépit de commentaires élogieux, il n'a aucune certitude.

    Dans le monde capitaliste actuel, où nombreux sont les gens instuits, se sentant spirituellement isolés, la poésie ouvre un espace de paix et de plaisir.

    L'écriture permet de dire ses émois, de se sentir exister, de faire partie d'un groupe accueillant.

    On évoque le glorieux héritage commun, inaltérable. À la prose, on préfère les rimes.

    Or que sont-elles sans l'élégance, sans le charme qu'une muse musicienne a su leur apporter?

    Tout art est difficile, le talent une grâce. Que deviendra la poésie?

    Il est à souhaiter que les éditeurs de renom prennent conscience de l'importance accrue de la poésie, en ces temps modernes, et qu'ils assument leur indispensable mission de mettre en valeur celle qui le mérite.

    23 avril 2013

  • Quatrième bout de réflexion … NE PAS SE BERCER D’ILLUSIONS

    Y a-t-il quelques chances et moyens de changer la situation actuelle de la poésie ?

    Vous donnez dans votre intervention quelques conseils pratiques aux personnes qui pratiquent la poésie pour qu’elles puissent user au mieux des possibilités d’édition du moment. Je suis d’avis que les personnes qui font de la poésie de manière durable et passionnée font vite le tour des possibilités d’édition que ce soit par des moyens classiques ou plus modernes. Ces personnes comprennent rapidement et souvent à leurs dépens qu’il est effectivement des éditeurs qui peuvent s’intéresser à des auteurs, non pas pour leur talent, leur belle voix, mais que c’est pour leur faire jouer le rôle du corbeau, et eux le renard, bien malins de leur escroquerie. J’ai quelques amis qui ont été si bien déplumés qu’ils n’ont aujourd’hui plus rien d’une envie d’écrire, qui n’ont plus que le lointain souvenir d’avoir écrit un jour avec enthousiasme, qui ne savent même plus où ils ont mis les quelques exemplaires qui leur restent de ça. Vous avez effectivement raison de conseiller de n’avoir aucune précipitation pour ce qui est d’éditer et de se renseigner le plus possible des possibilités réelles de ça. Un temps j’ai pensé que dans le groupement de plusieurs poètes, on pouvait quelques réussites. J’ai vite déchanté de ça, j’ai compris que la mutualisation, la coopération ne font pas partie de la culture des gens en général, mais peut être bien que ça viendra. Pour ma part, si j’avais un conseil à donner, ce serait de dire qu’il vaut mieux penser à éditer par ses propres moyens comme le font quelques poètes que je connais. Bien sûr, il ne faut pas se leurrer ça suppose d’investir quelques sous et de faire beaucoup d’efforts pour un nombre limité à quelques dizaines d’exemplaires. Pour ce qui est de proposer des textes à des journaux ou à des revues, j’ai testé et je crois bien qu’on ne m’y reprendra plus vraiment, vu la gloire qu’on m’a fait de moult fois la fin de non recevoir, le saccage de quelques textes parus. Mais j’aime raconter par contre le plaisir que m’a fait la chaîne sportive Eurosport qui au beau milieu d’une étape du Tour de France très regardée a lu entièrement un de mes textes et qui ne parlait pourtant pas de sport. Peut être bien que je devrais revoir totalement la liste des gens à qui j’envoie de la poésie, parce que même des personnes impliquées dans des luttes que je soutiens ouvertement, même des poètes, des artistes connus ou moins connus à qui j’en envoie avec dédicace, même des journalistes que je connais bien, qui m’en ont demandé pour parution, même une responsable nationale du Printemps des poètes que j’ai rencontrée et à qui j’en ai donnée, n’ont pas daigné ou m’adresser un mot ou tenir leurs promesses. Je n’oublie par contre que quelques personnes m’envoient de la poésie pour que je donne mon avis, et que quelques amis me font cadeaux de livres que je n’ai encore tous lus par manque de temps.

    Pour ce qui est du domaine du net et des réseaux de sociaux consacrés à la poésie, comme je l’ai évoqué précédemment, la vague enthousiaste d’il y a une dizaine d’années n’est plus. J’ai perdu tout contact ou presque avec les quelques dizaines de personnes qui écrivaient comme moi, qui étaient très actives sur les réseaux, avec qui j’échangeais en dehors de ça, tout simplement parce que ces personnes ne sont plus sur les réseaux, et pas mal d’entre elles m’ont dit soit qu’elles n’écrivaient plus soit qu’elles étaient écoeurées de ce qui se passe sur les réseaux où il faut sans cesse défendre  sa personne, sa vie privée, se méfier de ce qu’on dit, se protéger de la connerie, et du plagiat aussi. Je ne participe désormais qu’à deux réseaux, qui ne sont pas que poésie, qui sont ouverts aux arts et à la culture, et qui pour l’heure, me satisfont même si quelques comportements terriblement égocentriques parfois m’exaspèrent. J’ai aussi un blogue qui a près de 500 000 visites à ce jour mais on ne peut pas dire que ça se bouscule au niveau des commentaires, mais ce blogue m’est cher pour ce qu’il peut représenter de travail, de partage avec des personnes fidèles en amitié qui m’encouragent de poursuivre surtout quand ma motivation flanche. Je pense qu’il est nécessaire de dire aux personnes qui débutent en écriture et qui découvrent le plaisir libérateur, le bonheur que ça peut être d’écrire, qu’on ne peut dire aimer la poésie avant d’avoir chuté plusieurs fois, et de s’être fait mal. Aime le cheval, celui qui une fois désarçonné veut remonter au plus vite sur la selle. Aucune personne, aucune chose ne peut s’aimer de loin et juste pour de belles apparences, pour un dialogue plaisant. Vous avez tout à fait raison d’insister sur le fait qu’on n’entre pas facilement en poésie, qu’il faut au minimum savoir ce que c’est, avoir lu et relu les poètes d’avant, et envisager la spécificité et la pluralité de la poésie et surtout ne pas se faire à l’idée que c’est facile d’écrire un poème parce que c’est court et parce qu’on pourrait tout se permettre avec du vers dit libre, sans règles et même de la prose.

    Pour ce quatrième bout de réflexion à propos des moyens d’édition de la poésie, je dis qu’il ne faut pas se bercer d’illusions. La poésie, c’est improbable d’en faire quelque chose qui vous apporte quelques sous, quelques morceaux de notoriété, et c’est plutôt du contraire qu’il faut parler. Après tout ce que j’ai pu dire de négatif sur le monde de l’édition, sur l’ambiance souvent déplorable des réseaux sociaux, et j’en pourrai en dire plus que j’en ai dit, on peut penser que j’en suis d’une part, à me plaindre de mon sort en tant qu’auteur et d’autre part, à me dire que tout est foutu pour la poésie. Mais, non, comme le dit le langage populaire : quand on aime on ne compte pas… D’où mon propos bavard et qui ne compte pas s’arrêter à ce quatrième bout de réflexion …   

  • Troisième bout de réflexion … LA POESIE CONTEMPORAINE EN ILOTAGE

     

    La poésie contemporaine, c’est de l’ilotage, mais c’est à mon sens un ilotage qui a plutôt tendance à perdre des îles qu’à faire de beaux archipels avec des îles hospitalières et de mieux en mieux équipées.

    Vous faites bien d’évoquer la grande quantité de gens qui écrivent aujourd’hui en Francophonie et pas seulement parce que c’est le cas aussi en pays d’expression castillane par exemple. Quand j’ai découvert cela il y a bonne dizaine d’années, j’ai trouvé cela formidable que tant de gens aient trouvé dans l’internet, les réseaux sociaux, les blogues, des espaces, des moyens de libérer leur parole, d’user de leur liberté d’expression quand j’avais constaté pendant des années tant et tant de gens en difficulté, en peur, en renoncement de s’exprimer à cause d’une société pyramidale à parole verticale toujours dans un seul sens et qui dénie le droit de parole à la grande majorité des gens. J’ai retrouvé pas mal de joie et d’enthousiasme à tel point de m’inscrire dans cette mouvance là, de la rejoindre puisque j’écrivais, m’exprimait déjà bien avant ça, et pas seulement dans le domaine poétique. Pendant quelques années, j’ai donc participé activement à des réseaux consacrés à la poésie, en tant que participant, modérateur ou administrateur avec beaucoup de plaisir, et j’ai été aussi beaucoup sollicité pour ça. Cela m’a permis d’avancer, d’écrire bien au-delà de ce que je pensais pouvoir écrire, et de faire de belles rencontres dont l’une qui a heureusement changé ma vie. Je me dis que j’aurais grand tort d’attendre autre chose de mieux de la poésie. Mon recueil, il est superbe, splendide, vivant, à nul autre pareil, il s’écrit tout seul, et il n’est absolument pas ni sur mon blogue, ni dans ma clé USB, ni dans les textes sur papier que je donne ici et là, ni dans un éventuel manuscrit que je pourrais envoyer à un éditeur.

    Dans ce moment, je dis que cette belle vague là de tas de gens connectés à la poésie n’est plus, s’est vite échouée, que mon enthousiasme et sa part de naïveté sans doute se sont fracassés à maintes reprises sur des réalités bien peu réjouissantes quant au traitement qu’on fait de la poésie, de la liberté d’expression, quant aux comportements d’un bon nombre de personnes qui ne font que desservir ce qu’ils disent aimer, et massacrer la moindre envie à beaucoup de se dire poète, d’écrire et d’échanger aussi. Je ne compte plus le nombre de fois que je me suis fait virer sans rien d’explication comme bien des amis aussi, tout autant par le clan des vieux intégristes puristes que par le clan opposé des jeunes intégristes modernistes. Les personnes qui durent en écriture, en poésie sont rares et les réseaux aussi. Dernièrement, j’ai fini par vider ma liste de favoris rubrique poésie, tellement c’était la liste de grands cimetières, tellement ça me faisait peine d’avoir des liens avec plus rien au bout, même pas un souci d’archives du beau succès de quelques textes, de ce que j’avais donné gracieusement et avec plaisir, de ce que d’autres m’avaient donné aussi. Le pire, c’est que les réseaux qui persistent, qui prétendent être les meilleurs, qui rassemblent le plus de monde sont souvent les plus détestables qui soient, qui font fuir ou excluent ceux qui écrivent le plus sérieusement à force de pratiquer l’entre soi,  cette mode si répandue dans les réseaux sociaux qui vous font aussi vite amis formidables qu’ennemis détestables d’un seul petit clic de souris.

     

    Y a-t-il quelques chances, quelques espoirs, quelques réalités positives sur lesquelles s’appuyer pour faire changer cette situation actuelle de la poésie, loin d’être satisfaisante ?  Comme je ne suis pas quelqu’un à me résigner facilement dans ce que je fais, je ne manquerai pas de poursuivre d’autres bouts de réflexion …  

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